La délégation libanaise au sommet arabe qui se tiendra vendredi à Djeddah a deux objectifs: regagner la confiance des leaders arabes et entamer le règlement de la crise des déplacés syriens.

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Améliorer les relations avec les États arabes en regagnant leur confiance, et commencer à résoudre la crise des déplacés syriens sur son territoire: tels sont les deux principaux dossiers que le Liban espère voir évoluer positivement, à la faveur de sa participation au sommet arabe qui se tiendra vendredi 19 mai à Djeddah.

La délégation libanaise, conduite par le Premier ministre sortant Najib Mikati, comprendra cinq ministres, qui tiendront des réunions avec leurs homologues arabes. Il s’agit des ministres sortants des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, de l’Économie Amin Salam, de l’Industrie Georges Bouchikian, de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan et du Tourisme Walid Nassar. Le choix des participants met en relief le caractère socio-économique que revêtiront certaines de ces rencontres.

Respecter les relations

Le Liban officiel s’efforcera en premier lieu de faire parvenir plusieurs messages importants aux dirigeants arabes. Il va souligner, comme le précisent des sources gouvernementales concernées, "l’engagement du Liban à respecter les résolutions internationales et les relations avec les pays arabes, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les intérêts des pays arabes et garantir que les atteintes à ces pays ne se reproduiront plus".

Cela couvre la préservation de "la sécurité sociale et politique des pays arabes", et l’arrêt de certaines pratiques "illégales", selon les sources précitées. Il s’agirait, entre autres, du trafic de captagon vers les pays du Golfe.

Les réfugiés

Le second dossier que le Liban souhaite discuter et commencer à résoudre est celui des réfugiés syriens, "qui pèse très lourd" sur le pays, comme le soulignent les sources précitées.

La délégation libanaise s’efforcera d’expliquer que la présence des réfugiés exerce une pression qui dépasse toutes les capacités du pays hôte. Le Liban demandera aux pays arabes, et à travers eux à la communauté internationale, "d’assumer leurs responsabilités comme ils le font dans d’autres pays de la région".

Ces deux dossiers seront notamment évoqués par M. Mikati dans le discours qu’il prononcera à Djeddah.

Ce sommet revêt ainsi une importance certaine pour le Liban, parce qu’il constitue une occasion d’expliquer la situation dans le pays et de demander aux Arabes de se tenir à ses côtés.

"Ces rencontres constituent une plateforme essentielle pour se parler et se comprendre", affirment les sources susmentionnées qui soulignent que la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe peut faciliter le règlement de nombreux problèmes qui sont en suspens depuis des années.

Dans ce cadre, il semble qu’aucune visite de M. Mikati à Damas n’a encore été décidée. "Rien ne l’empêche, mais avant qu’elle n’ait lieu, beaucoup de choses devront avoir été discutées", précisent les sources gouvernementales.

Composition de la délégation

Pour ce qui est de l’absence au sein de la délégation des ministres des Affaires sociales et des Déplacés, Hector Hajjar et Issam Charafeddine, qui ont travaillé sur le dossier des réfugiés, "elle ne revêt aucune connotation ", selon les sources précitées.

Aucun ministre n’a intentionnellement été tenu à l’écart, précisent-elles. Le dossier des réfugiés sera surtout évoqué par M. Mikati, et il a été décidé d’accorder la priorité, dans le cadre des réunions bilatérales interministéllies, aux dossiers du tourisme, de l’industrie et de l’agriculture.

D’ailleurs, une réunion consultative devrait se tenir le 22 mai au Grand Sérail, entre M. Mikati et les ministres. Elle serait consacrée, en grande partie, au dossier des réfugiés, pour préparer une éventuelle réunion du Conseil des ministres.

Communiqué final

Lundi matin, le Premier ministre a tenu une réunion avec le chef de la diplomatie, consacrée à la coordination de la position libanaise.

M. Bou Habib, qui s’est rendu en soirée à Riyad, participera mercredi à la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. Il aura également des entretiens bilatéraux avec plusieurs de ses homologues.

Les ministres prépareront la première version du communiqué final du sommet. Selon des sources officielles, la partie relative au Liban ne devrait pas être très différente de celle qui a figuré dans le communiqué du sommet arabe qui s’est tenu à Alger en novembre dernier. Par contre, les paragraphes au sujet de la Syrie et de l’Iran devraient prendre en considération les grands changements qui ont eu lieu depuis.

Ce sommet marquera la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue, onze ans et demi après la suspension de son adhésion suite à la répression sanglante des manifestations contre Bachar el-Assad.

Le ton devrait aussi être plus amical envers l’Iran, après le rétablissement de ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite en avril dernier.