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Deux hommes sont au centre de l’attention au cours du sommet de la Ligue arabe à Jeddah: le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman, et le président syrien, Bachar al-Assad. Deux hommes dont les approches politiques sont assez convergentes. L’Arabie saoudite tente de ramener la Syrie dans le giron arabe, en proposant de nombreuses incitations alléchantes à Damas. Cependant, tant que le président Assad ne manifestera pas de la bonne volonté en honorant de nombreux engagements politiques et sécuritaires, rien ne se passera. Force est de noter sur ce plan que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont fait un grand pas vis-à-vis du régime syrien.

L’importance de ce sommet, qui a pour objectif de rassembler les Arabes, est donc renforcée par le fait que la Syrie est de retour à la Ligue arabe. Cependant, bien que tous les pays membres n’aient pas tous approuvé cette réintégration, la question n’a pas causé de tensions entre les pays arabes ou entre les États du Golfe en particulier. Preuve en est, l’émir du Qatar, dont les relations sont toujours tendues avec la Syrie, est également présent au sommet auquel participe le président syrien. La présence de l’émir du Qatar pourrait être basée sur des garanties liées à la manière dont Assad se conduira lors de ce sommet.

Parallèlement à la situation en Syrie, la normalisation avec les Iraniens ne sera pas aisée malgré l’accord conclu entre Riyad et Téhéran. Les questions complexes allant du Yémen jusqu’en Syrie et leurs répercussions seront difficiles à résoudre et à surmonter. En réalité, la phase actuelle est un test pour les Iraniens. Les déclarations qui seront faites lors du sommet de Jeddah tiendront compte de ce test, afin que les Iraniens ne s’imaginent pas avoir réglé leurs différends avec les Arabes et que l’opposition à l’ingérence iranienne, exprimée lors des sommets précédents, est désormais surmontée.

Dans ce contexte, le regard du Liban reste rivé sur le sommet et ce qui en découlera. En effet, tout développement au niveau des dossiers syrien et iranien se répercutera forcément sur lui, surtout s’agissant de la relation avec le régime syrien. Le Liban espère que les Arabes parviendront à trouver une solution politique à la crise syrienne qui instaurerait d’abord une stabilité politique et sécuritaire et qui comprendrait deux volets dont le Liban bénéficierait. Le premier concerne le retour des réfugiés syriens dans leur pays d’origine et le second, le contrôle et la démarcation des frontières, pour que l’État libanais exerce sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Cela aura pour effet un recul de l’influence iranienne au profit des Arabes.

Les attentes du Liban par rapport au sommet arabe sont légitimes et justifiées. En revanche, les Arabes sont conscients du fait que l’État libanais est en déliquescence totale, que la présidence de la République est vacante et que le gouvernement ne fait qu’expédier les affaires courantes. De plus, ils reprochent aux dirigeants libanais une gestion irresponsable de cette réalité. Néanmoins, il est évident que si les Arabes, les Iraniens et les Syriens parvenaient à s’entendre, cela pourrait inciter le Hezbollah à renoncer à imposer un président aux Libanais.