Les réactions aux manœuvres militaires organisées dimanche par le Hezbollah au Liban-Sud, pour marquer le retrait israélien de cette région en mai 2000, se sont poursuivies lundi encore, condamnant "un message vide de sens" et un défi à l’État.

Le président du département des relations extérieures des Forces libanaises, l’ancien ministre Richard Kouyoumjian, a ainsi déclaré que le tandem Amal-Hezbollah et l’ancien chef de l’État, Michel Aoun, "sont en désaccord sur le nom (d’un candidat à la présidence), mais s’entendent sur un président qui légalise les armes de la milice iranienne".

"Notre désaccord stratégique est profond, a écrit M. Kouyoumdjian sur son compte Twitter. Il porte sur l’État, le rôle de l’armée, la souveraineté, la Constitution, la corruption, les réformes et l’autorité de la loi." "De quelles élections parlons-nous? s’est-il demandé. Pour quelle République? Il est temps de mettre un terme au mensonge relatif au dialogue et à l’entente."

De son côté, Ibrahim Mneimneh, député dit du Changement, a estimé qu’"après la délimitation de la frontière maritime (en octobre dernier) et l’accord saoudo-iranien (signé en mars dernier sous l’égide de la Chine), ces manœuvres et cette démonstration de force sont inutiles et constituent un message vide de sens". Il a appelé, sur son compte Twitter, à "saisir le moment régional et international pour jeter les bases d’une entente interne – inévitable – sur la politique de défense et la politique extérieure, de manière à garantir l’autorité de l’État". Une entente "qui recouperait avec le projet pour la reconstruction d’un État pillé économiquement", a-t-il conclu.

Quant à Saïd Asmar, député du bloc la République forte (Forces libanaises), il a affirmé que cette démonstration de force "renforce notre conviction et notre attachement à nos choix pour édifier un État efficace, fort et juste, où seules les armes légales seraient autorisées, où aucun intérêt ne primerait sur celui de la nation et du peuple et où la seule équation pour protéger le Liban et les Libanais serait armée-peuple-État (en opposition au slogan du Hezbollah armée-peuple-Résistance)".

Ces réactions se justifient par le fait que le Hezbollah se comporte toujours comme une milice faisant fi de l’autorité de l’État. C’est ce qu’a d’ailleurs condamné l’ancien député Élie Keyrouz, qui a estimé, dans un communiqué, que le "timing" de ces manœuvres "n’est pas anodin, puisqu’elles ont été organisées 48 heures après la Déclaration de Jeddah". Celle-ci a, en effet, été publiée à l’issue du Sommet de la Ligue arabe et les pays membres y ont exprimé leur "opposition totale à tout soutien accordé à des milices et des groupuscules armés en dehors du cadre des institutions de l’État".

Et M. Keyrouz de poursuivre: "Ces exercices militaires montrent que le Hezbollah exploite le Liban-Sud et la population de la partie méridionale du pays à des fins en contradiction avec la logique de la souveraineté de l’État et en violation de toutes les résolutions internationales relatives au Liban". "Il transforme le Liban-Sud en territoire iranien et en boîte à lettres pour relayer les messages de sa République (en référence à l’Iran), à l’ombre d’un mutisme libanais officiel," a-t-il déploré.