Le Premier ministre sortant Najib Mikati a tenu lundi après-midi au Grand Sérail une réunion consultative avec les ministres de son cabinet pour évoquer les dossiers brûlants, dont celui du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, contre lequel la justice française a émis un mandat d’arrêt.

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Les ministres réunis lundi après-midi sous la houlette du Premier ministre sortant Najib Mikati au Grand Sérail étaient tous plus ou moins d’accord sur la marche à suivre concernant le dossier du gouverneur de la Banque du Liban (BDL).

Selon des informations obtenues de sources ministérielles, les ministres laissent à la justice libanaise le soin de décider si M. Salamé doit être démis de ses fonctions avant la fin de son mandat, qui prend fin le 31 juillet prochain. Ils ont tous signé une note dans ce sens.

Au vu de la situation économique qui est en légère amélioration depuis trois mois (stabilisation du taux de change du dollar contre la livre libanaise, croissance économique), l’Exécutif a décidé de ne pas prendre de risques avec des décisions qui pourraient bouleverser les données, alors que le mandat du gouverneur s’achève dans deux mois. Un responsable proche du dossier a également précisé " que pour le moment aucune banque correspondante ou institution financière n’a pris de mesures contre le Liban " suite à la publication du mandat d’arrêt lancé à l’encontre du gouverneur.  Les ministres ont donc estimé qu’il valait mieux laisser la justice trancher et suivre son cours. .

Au delà des prérogatives du Cabinet

Par ailleurs, selon le code de la Monnaie et du Crédit, le gouvernement, et encore moins un gouvernement démissionnaire, n’a ni les prérogatives ni le droit de démettre le gouverneur de ses fonctions. Certains ministres encourageraient M. Salamé à présenter sa démission " par esprit patriotique ". Or M. Salamé a indiqué jeudi dernier qu’il serait prêt à démissionner seulement au cas où un jugement est émis à son encontre.

Néanmoins, toujours selon les mêmes sources ministérielles, la loi pourrait être contournée pour démettre le gouverneur de ses fonctions. Si l’Exécutif décidait dans ce cas de prendre une telle mesure illégale, ce serait un nouveau coup porté aux institutions du pays déjà exsangues.

Le dossier des réfugiés relégué au second plan

Au cours de cette " réunion consultative ", la question brûlante de la présence des réfugiés syriens au Liban n’a pas pu être traitée avec toute l’attention nécessaire, en raison de la prédominance de l’affaire du gouverneur de la BDL. Une réunion du Cabinet devrait être consacrée prochainement à ce dossier, toujours selon les mêmes sources précitées. Un Conseil des ministres est prévu vendredi à 15h. Mais n’ayant pas encore reçu l’ordre du jour de la séance, les ministres ne peuvent confirmer si la question des réfugiés syriens sera au menu de cette session.

Au cours du discours qu’il a prononcé vendredi à l’issue du 32e sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu à Djeddah en Arabie saoudite, M.Mikati s’était principalement penché sur l’affaire des réfugiés syriens. Il avait demandé " une feuille de route pour la construction et le redressement des régions sinistrées en Syrie afin de permettre aux Syriens de retourner chez eux ".

Douze ans après le début du conflit et de l’exode de millions de Syriens vers les pays voisins, notamment le Liban, le gouvernement devrait s’atteler à résoudre et à organiser leur présence dans le pays.