Les douches chaudes et froides au sujet de la présidentielle n’ont pas fini de se déverser. Au cours du week-end passé, un certain nombre d’indices ont émergé au sujet d’une entente entre l’opposition et le CPL. Cela a conduit à des réactions irritées du camp adverse.

Une entente de l’opposition

Un accord de principe aurait ainsi été conclu – l’accent est mis sur le conditionnel – entre le Courant patriotique libre de Gebrane Bassil et les différentes parties de l’opposition sur la candidature de Jihad Azour à la présidence de la République.

Le climat positif a été renforcé par l’homélie dominicale du patriarche Béchara Rai exprimant sa vive satisfaction et ses remerciements "au Tout Puissant au sujet d’informations faisant état d’une entente autour d’une personnalité qui ne représente un défi pour personne". La visite du patriarche au Vatican lundi et son rendez-vous avec le président français mardi rendent la question plus complexe.

Le tandem Amal-Hezbollah est-il prêt?

Il revient maintenant à l’autre bord d’assumer ses responsabilités.

" Nous confirmons que les portes de l’Assemblée ne sont jamais fermées devant la réalisation de l’échéance présidentielle sous réserve de la disponibilité de volontés sincères pour que tous les blocs parviennent à un consensus et éliminent les obstacles qui empêchent l’élection d’un président", avait déclaré le 24 mai le président de la Chambre Nabih Berry. Il avait affirmé être prêt à tenir une séance électorale si les autres (l’opposition) arrivaient à se mettre d’accord.

A priori, ils sont d’accord. Reste à savoir si le duo Amal-Hezbollah l’est aussi. Depuis qu’une entente opposition/CPL se fait ressentir, les représentants du duo essaient de discréditer toute entente en clamant qu’un candidat présenté par l’opposition ne peut être qu’un comploteur contre le Hezb. Le ton est aussi monté d’une octave du côté des représentants du tandem Amal Hezbollah ; un ton qui devient menaçant car une entente menace de torpiller l’arrivée de leur candidat.

Les réactions du tandem chiite

Le bureau politique d’Amal s’est exprimé lundi, en parlant de l’opposition, indiquant que " d’autres parties dont les intérêts divergent et dont les projets sont contradictoires se rejoignent [aujourd’hui] dans le seul but de détruire les chances de sauver le pays". Alors que, selon le mouvement de M. Berry, "les personnes soucieuses de l’intérêt supérieur du Liban utilisent leur droit légal en soutenant un candidat qui porte le fardeau d’assumer la responsabilité" de l’opération de redressement.  Et d’ajouter que le tandem allait prendre une nouvelle position pour mettre fin à l’effondrement du pays, sans toutefois préciser la nature de cette position.

Quant à Naim Kassem, secrétaire adjoint du Hezbollah, il est monté au créneau lundi sur son compte Twitter en dénigrant les efforts d’unification de l’opposition. " Ils ont à peine réussi à se mettre d’accord sur une liste de seize candidats ", a-t-il écrit. Il a insisté sur l’élection d’un "président qui s’oppose à la manipulation", en se référant au candidat du Hezbollah, Sleiman Frangié.

La veille, dimanche, Mohamad Raad, député du Hezbollah avait discrédité le candidat de l’opposition en le qualifiant " d’un représentant de la soumission et de la capitulation. Le candidat dont on parle actuellement est un candidat de manœuvre dont la mission est de faire chuter la candidature que nous soutenons (en référence à M. Frangié)." M. Raad a mis en garde les Libanais en expliquant qu’il n’y aura de stabilité au Liban que si "nous élisons un président qui reflète nos aspirations."

Aucune partie ne peut actuellement prétendre rallier 65 voix, selon une source proche du mouvement Amal et du Hezb. Selon cette même source, la candidature de Jihad Azour n’est pas sérieuse, mais elle est utilisée (par l’opposition) pour créer une marge de manœuvre afin d’introduire un autre candidat.