Le Front de l’opposition libanaise, qui regroupe une variété de partis et de forces politiques hostiles à l’establishment politique en place, a promis jeudi dans un communiqué que “l’heure de la reddition de comptes approche” pour ce dernier, à travers les échéances constitutionnelles à venir.

“Les forces de l’establishment en reviennent à leur hypocrisie habituelle dans une tentative manifeste de se refaire une santé auprès de leur base avant les prochaines échéances législatives et municipales, en se répartissant les rôles, de manière à revitaliser mutuellement leur esprit de corps sectaire”, a indiqué le front dans un communiqué dont Ici Beyrouth a obtenu une copie.

“Le dernier épisode de ce jeu est le spectacle auquel les Libanais assistent sur les écrans de télévision entre le Courant patriotique libre et le mouvement Amal, où chacun se renvoie la responsabilité du désastre et où les accusations de corruption fusent de part et d’autre, entre des protagonistes qui en sont eux-mêmes devenus des symboles, comme le prouvent irréfutablement les sanctions américaines”, note le communiqué, en allusion aux allocutions en début de semaine des anciens ministres Ali Hassan Khalil (Amal) et Gebran Bassil (CPL) et de la polémique subséquente entre les deux partis.

“Ces protagonistes ont échoué dans la gestion et d’administration du pouvoir et n’ont pu trouver des solutions aux problèmes économiques, sociaux et de souveraineté auxquels les Libanais sont confrontés”, ajoute le communiqué.

“Dans le même ordre d’idées, le front exprime son étonnement face à la persistance de certains, appelés à comparaître devant la justice dans l’affaire de l’explosion du port de Beyrouth, à organiser des conférences de presse. Aussi appelle-t-il les services de sécurité à appliquer les mandats d’arrêt émanant du juge d’instruction à leur encontre”, poursuit le texte.

Ali Hassan Khalil figure parmi les responsables politiques qui refusent de comparaître devant la justice par le juge d’instruction Tarek Bitar dans l’affaire sur le port de Beyrouth.

Évoquant le discours à la nation du président Michel Aoun, fin décembre 2021, le front a indiqué qu’il “voit dans l’appel du président de la République à un dialogue “crucial” à la fin de son mandat un acte tardif et tronqué, après la perte du mandat et des pôles du compromis présidentiel de 2016 de toute légitimité populaire et international au terme de la révolution du 17 Octobre et des effondrements successifs à tous les niveaux qui l’ont suivie”.

“Il ne leur reste plus qu’une seule chose à faire: partir et garantir une alternance pacifique au pouvoir, ainsi que le respect de la Constitution et la continuité de l’action institutionnelle”, souligne le communiqué.

Commentant également la dernière allocution du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le front a estimé qu’elle “implique le Liban et les Libanais dans des conflits qui ne les concernent pas et porte atteinte aux relations de l’État libanais avec ses amis dans une escalade qui n’est justifiée que par l’intention hypocrite de crisper tous les fronts extérieurs, en faisant du Liban l’otage du processus de négociations en cours à Vienne sur le nucléaire iranien, et intérieurs pour torpiller les échéances électorales”.

“Le front met en garde contre de telles tentatives absurdes, qui ne profitent qu’aux ennemis du Liban qui veulent porter atteinte à son unité national et à son développement démocratique”, indique le texte.

“La pratique de l’establishment des armes, de la corruption et du partage de gâteau sectaire, est la plus dangereuse pour le Liban depuis sa création. Ces jeux sordides ne passent plus et la reddition de comptes est inéluctable”, ajoute le Front de l’opposition libanaise.

Le front souligne enfin que “la confrontation féroce avec cet establishment se poursuit à tous les niveaux pour recouvrer le droit des Libanais à l’autodéterminatioon et l’État de ceux qui l’ont hypothéqué, par le biais d’une régénération du pouvoir et de mesures à l’encontre des corrompus et des serviles qui ont causé cet effondrement politique, économique et social à travers leurs méthodes et leur style d’administration du pays durant des décennies”.