Le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui s’est entretenu vendredi avec le chargé d’affaires koweïtien Abdel Salman Chahine, en présence du directeur général par intérim de la Sûreté générale, Élias Baissari. Cette rencontre survient au lendemain de l’interdiction de voyager dont a fait l’objet la journaliste, écrivaine et productrice koweïtienne Fajr Al-Saeed, qui se rendait à Beyrouth pour filmer une interview.

Selon des sources médiatiques, les discussions ont porté sur les relations bilatérales et la nécessité de renforcer la coopération en matière de sécurité entre les deux pays.

L’incident a été critiqué par plusieurs hommes politiques, dont l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. " C’est un acte irresponsable et dangereux qui se veut intentionnellement méprisant à l’égard des relations arabes et internationales du Liban ", a-t-il déclaré.

Il a ainsi dénoncé la prise de position de la " direction de la Sûreté générale qui s’avère motivée politiquement et dictée par le Hezbollah ". Et, de poursuivre : " Le but de maintenir le Liban sous l’hégémonie de l’Iran et de l’axe de la moumanaa et agir à l’encontre de la volonté et des intérêts des Libanais ".

De son côté, le député Fouad Makhzoumi a écrit, vendredi, sur son compte Twitter que " les raisons pour lesquelles la journaliste koweïtienne Fajr Al-Saeed a été interdite d’entrer au Liban demeurent inconnues et n’ont aucune justification légale ". L’événement est survenu " 15 jours après que Beyrouth a été déclarée capitale des médias arabes pour 2023 ", a-t-il souligné, avant d’ajouter : " Ceci n’est pas compréhensible et une clarification immédiate de la part des autorités concernées se doit ".

Le député des Forces libanaises, Fadi Karam, a, lui aussi, dénoncé l’incident : " L’offense contre la journaliste Fajr Al-Saeed est une humiliation pour les Libanais. Les menaces que nous lisons dans les médias de la moumanaa contre quiconque s’y oppose, nous rendent plus déterminés à défendre nos libertés et nos convictions. La neutralité à ce sujet met en péril notre destin ".

L’ancien directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, avait précédemment émis une interdiction de voyager à l’encontre de Mme Al-Saeed du fait de ses prises de position anti-Hezbollah. Dans un communiqué publié jeudi, il a indiqué avoir pris la décision " conformément à la loi ", ajoutant qu’une telle procédure est applicable dans les aéroports du monde entier ". Il a, par ailleurs, invité l’avocat de la journaliste à consulter l’institution concernée, en cas d’objection. Il a, dans ce contexte, indiqué que le fait d’ " interdire à un citoyen d’entrer dans un pays ou de l’interroger au regard de la loi " ne constitue en aucun une insulte à l’État duquel il relève ".