Nous ne sommes pas en présence d’un ethnocide, puisqu’il n’y a pas de phénomène d’acculturation d’une population permanente, mais nous avons affaire à une substitution de population, un remplacement à la fois ethnique et culturel. Pour ces raisons, le terme de génocide blanc* conviendrait mieux à cette situation, même si, à plusieurs reprises, le versement de sang s’était avéré nécessaire afin de pouvoir accomplir les grands bouleversements démographiques.
Si à l’aube du XXᵉ siècle, les génocides se faisaient dans le sang ou par les famines, ceux du début du XXIᵉ siècle se font par le financement sournois, ou du moins irresponsable, des mouvements de population. Nul besoin de faire mourir les 1,5 million d’assyro-chaldéo-syriaques en Irak. Il a suffi d’en enlever ou d’en assassiner quelques centaines pour pousser le reste à l’exode et supprimer une civilisation et une culture plusieurs fois millénaire. Le même processus a eu lieu avec les 2 millions de chrétiens de Syrie.
Guerre militaire et économique
Au Liban, le procédé devait être plus compliqué dans un pays où les chrétiens formaient la majorité et bénéficiaient d’une organisation fort avancée. Il a fallu combiner toutes sortes de méthodes, alliant le sang de Damour et du port de Beyrouth, à l’appauvrissement forcé, en passant par quinze ans de massacres et de bombardements syriens sur les quartiers résidentiels chrétiens, 30 années d’occupation favorable à la milice pro-iranienne, la décomposition puis la disparition des institutions, de l’économie, de la santé, de l’éducation et de la sécurité, pour finir par noyer le pays dans un raz de marée disproportionné de prétendus réfugiés maintenus contre-nature par l’injection de milliards de dollars.
La pyramide des âges montre qu’au Liban les Syriens seront plus nombreux que les Libanais dans moins d’une décennie.
Les Libanais (toutes composantes confondues) meurent aux portes des hôpitaux alors que les Syriens obtiennent de la communauté internationale une couverture médicale complète. Les écoles se vident de leurs élèves tandis que de nouvelles se construisent pour les Syriens en pleine explosion démographique. Les Libanais ne peuvent plus payer leurs besoins les plus élémentaires tels que l’eau et l’électricité assurées gratuitement pour les Syriens avec, de surcroît, des bons de supermarché. Cette aide, pour le moins discriminatoire, se poursuit alors que la milice d’occupation (Hezbollah) continue le dépouillement du pays à tous les niveaux, accélérant l’émigration de la jeunesse.
L’appauvrissement artificiel et l’exode illimité de la jeunesse chrétienne mène inévitablement à la disparition d’un groupe national, de sa culture et de son héritage millénaire. Entretemps, le Hezbollah continue de coloniser les campagnes, les montagnes et les quartiers chrétiens, après avoir anéanti leurs institutions, et s’être approprié les services publics, les ministères et tous les rouages de l’État. Le génocide blanc* se fait sans versement de sang, mais son aboutissement est le même, en ce qu’il supprime une culture et fait disparaître un groupe national.
L’entrave des naissances
Concernant le droit international, on ne peut s’empêcher de considérer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale adopté en 1998.
Dans l’article 2 de la convention et dans l’article 6 du Statut de Rome, le crime de génocide est défini comme un certain nombre d’actes «commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». Mais parmi ces actes, les deux documents préviennent aussi des «mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe».
En 2023, la tranche d’âge située entre 20 et 45 ans est fortement en baisse parmi les chrétiens résidents, et pour les jeunes Libanais de toute appartenance, restés dans leur pays, il est désormais impossible de fonder une famille. Sur sept naissances aujourd’hui au Liban, six sont syriennes. Même si par «mesures visant à entraver les naissances», l’acte «d» de l’article entend des contraintes d’ordre biologique et non économique, le résultat demeure sinistrement le même pour les Libanais. Ce critère devrait être soulevé devant les instances internationales, à défaut de pouvoir revendiquer l’ethnocide ou le génocide culturel mentionné par Raphaël Lemkin, mais non retenu dans la définition juridique de la Convention et du Statut de Rome.
La densité et la répartition de la présence syrienne au Liban.
Le relativisme juridique
À cet égard, nous ne sommes pas en présence d’un ethnocide, puisqu’il n’y a pas de phénomène d’acculturation d’une population permanente, mais nous avons affaire à une substitution de population, un remplacement à la fois ethnique et culturel. Pour ces raisons, le terme de génocide blanc* conviendrait mieux à cette situation, même si à plusieurs reprises, le versement de sang s’était avéré nécessaire afin de pouvoir accomplir les grands bouleversements démographiques, comme pour le littoral maronite qui s’étendait entre Saïda et Beyrouth, ou comme pour l’explosion du 4 août 2020, qui finira par ébranler la démographie du littoral nord.
La conception juridique internationalement reconnue laisse énormément de zones d’ombre. Cette ambiguïté facilite l’accomplissement de nettoyages ethniques non retenus comme génocides, et donc permet de garder bonne conscience. Ainsi, les massacres partiels de certaines populations, poussant le reste à des conversions forcées ou à l’exode généralisé, n’est reconnu comme génocide que dans les cas où la volonté de le faire, et les calculs pour y parvenir sont attestés.
De plus, cette reconnaissance ne concerne pas la partie de la population supprimée par l’émigration et la dissolution, mais uniquement la partie annihilée physiquement et biologiquement. Et cette dernière se doit d’être substantielle, proportionnellement à la taille du groupe. Tout est ainsi laissé à l’appréciation assez subjective des juges, qu’il s’agisse de la volonté du génocidaire, ou de l’importance du nombre des victimes.
Un génocide propre
Toutes ces acrobaties sur la classification et la terminologie, entre génocide, ethnocide, génocide culturel, crime de guerre et crime contre l’humanité constituent un labyrinthe de virtuosités juridico-diplomatiques qui permet à ce qui s’est produit avec les populations autochtones d’Amérique et d’Australie, de se dupliquer aujourd’hui avec la substitution de populations par d’autres.
Les génocides contemporains sont propres. Ils se poursuivent sous des slogans nobles tels que les droits de l’homme et des réfugiés. Ils se font par la manipulation et le contrôle des systèmes bancaires et des visas d’émigration. Et lorsque le versement de sang s’avère incontournable, les équipes de nettoyage accomplissent promptement leur tâche au niveau des médias internationaux, mais aussi sur le terrain, comme pour les bulldozers qui ont sévi à Damour, ou encore le passage éclair du président français au lendemain de l’explosion du 4 août 2020. Entretemps, les familles libanaises continuent d’être dispersées sur les trois continents d’Occident pendant que les milliards de dollars sont déversés pour leur substitution.
L’avenir parlera peut-être un jour de cette injustice meurtrière, et culpabilisera la communauté internationale. Mais à quoi cela servira-t-il alors qu’une entité millénaire aura déjà disparu de la carte du Levant?
*«Génocide blanc» n’est pas employé ici selon sa définition récente de «génocide contre les blancs», mais il signifie «génocide sans versement de sang», soit par émigration, soit par assimilation.
Si à l’aube du XXᵉ siècle, les génocides se faisaient dans le sang ou par les famines, ceux du début du XXIᵉ siècle se font par le financement sournois, ou du moins irresponsable, des mouvements de population. Nul besoin de faire mourir les 1,5 million d’assyro-chaldéo-syriaques en Irak. Il a suffi d’en enlever ou d’en assassiner quelques centaines pour pousser le reste à l’exode et supprimer une civilisation et une culture plusieurs fois millénaire. Le même processus a eu lieu avec les 2 millions de chrétiens de Syrie.
Guerre militaire et économique
Au Liban, le procédé devait être plus compliqué dans un pays où les chrétiens formaient la majorité et bénéficiaient d’une organisation fort avancée. Il a fallu combiner toutes sortes de méthodes, alliant le sang de Damour et du port de Beyrouth, à l’appauvrissement forcé, en passant par quinze ans de massacres et de bombardements syriens sur les quartiers résidentiels chrétiens, 30 années d’occupation favorable à la milice pro-iranienne, la décomposition puis la disparition des institutions, de l’économie, de la santé, de l’éducation et de la sécurité, pour finir par noyer le pays dans un raz de marée disproportionné de prétendus réfugiés maintenus contre-nature par l’injection de milliards de dollars.
La pyramide des âges montre qu’au Liban les Syriens seront plus nombreux que les Libanais dans moins d’une décennie.
Les Libanais (toutes composantes confondues) meurent aux portes des hôpitaux alors que les Syriens obtiennent de la communauté internationale une couverture médicale complète. Les écoles se vident de leurs élèves tandis que de nouvelles se construisent pour les Syriens en pleine explosion démographique. Les Libanais ne peuvent plus payer leurs besoins les plus élémentaires tels que l’eau et l’électricité assurées gratuitement pour les Syriens avec, de surcroît, des bons de supermarché. Cette aide, pour le moins discriminatoire, se poursuit alors que la milice d’occupation (Hezbollah) continue le dépouillement du pays à tous les niveaux, accélérant l’émigration de la jeunesse.
L’appauvrissement artificiel et l’exode illimité de la jeunesse chrétienne mène inévitablement à la disparition d’un groupe national, de sa culture et de son héritage millénaire. Entretemps, le Hezbollah continue de coloniser les campagnes, les montagnes et les quartiers chrétiens, après avoir anéanti leurs institutions, et s’être approprié les services publics, les ministères et tous les rouages de l’État. Le génocide blanc* se fait sans versement de sang, mais son aboutissement est le même, en ce qu’il supprime une culture et fait disparaître un groupe national.
L’entrave des naissances
Concernant le droit international, on ne peut s’empêcher de considérer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies, et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale adopté en 1998.
Dans l’article 2 de la convention et dans l’article 6 du Statut de Rome, le crime de génocide est défini comme un certain nombre d’actes «commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». Mais parmi ces actes, les deux documents préviennent aussi des «mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe».
En 2023, la tranche d’âge située entre 20 et 45 ans est fortement en baisse parmi les chrétiens résidents, et pour les jeunes Libanais de toute appartenance, restés dans leur pays, il est désormais impossible de fonder une famille. Sur sept naissances aujourd’hui au Liban, six sont syriennes. Même si par «mesures visant à entraver les naissances», l’acte «d» de l’article entend des contraintes d’ordre biologique et non économique, le résultat demeure sinistrement le même pour les Libanais. Ce critère devrait être soulevé devant les instances internationales, à défaut de pouvoir revendiquer l’ethnocide ou le génocide culturel mentionné par Raphaël Lemkin, mais non retenu dans la définition juridique de la Convention et du Statut de Rome.
La densité et la répartition de la présence syrienne au Liban.
Le relativisme juridique
À cet égard, nous ne sommes pas en présence d’un ethnocide, puisqu’il n’y a pas de phénomène d’acculturation d’une population permanente, mais nous avons affaire à une substitution de population, un remplacement à la fois ethnique et culturel. Pour ces raisons, le terme de génocide blanc* conviendrait mieux à cette situation, même si à plusieurs reprises, le versement de sang s’était avéré nécessaire afin de pouvoir accomplir les grands bouleversements démographiques, comme pour le littoral maronite qui s’étendait entre Saïda et Beyrouth, ou comme pour l’explosion du 4 août 2020, qui finira par ébranler la démographie du littoral nord.
La conception juridique internationalement reconnue laisse énormément de zones d’ombre. Cette ambiguïté facilite l’accomplissement de nettoyages ethniques non retenus comme génocides, et donc permet de garder bonne conscience. Ainsi, les massacres partiels de certaines populations, poussant le reste à des conversions forcées ou à l’exode généralisé, n’est reconnu comme génocide que dans les cas où la volonté de le faire, et les calculs pour y parvenir sont attestés.
De plus, cette reconnaissance ne concerne pas la partie de la population supprimée par l’émigration et la dissolution, mais uniquement la partie annihilée physiquement et biologiquement. Et cette dernière se doit d’être substantielle, proportionnellement à la taille du groupe. Tout est ainsi laissé à l’appréciation assez subjective des juges, qu’il s’agisse de la volonté du génocidaire, ou de l’importance du nombre des victimes.
Un génocide propre
Toutes ces acrobaties sur la classification et la terminologie, entre génocide, ethnocide, génocide culturel, crime de guerre et crime contre l’humanité constituent un labyrinthe de virtuosités juridico-diplomatiques qui permet à ce qui s’est produit avec les populations autochtones d’Amérique et d’Australie, de se dupliquer aujourd’hui avec la substitution de populations par d’autres.
Les génocides contemporains sont propres. Ils se poursuivent sous des slogans nobles tels que les droits de l’homme et des réfugiés. Ils se font par la manipulation et le contrôle des systèmes bancaires et des visas d’émigration. Et lorsque le versement de sang s’avère incontournable, les équipes de nettoyage accomplissent promptement leur tâche au niveau des médias internationaux, mais aussi sur le terrain, comme pour les bulldozers qui ont sévi à Damour, ou encore le passage éclair du président français au lendemain de l’explosion du 4 août 2020. Entretemps, les familles libanaises continuent d’être dispersées sur les trois continents d’Occident pendant que les milliards de dollars sont déversés pour leur substitution.
L’avenir parlera peut-être un jour de cette injustice meurtrière, et culpabilisera la communauté internationale. Mais à quoi cela servira-t-il alors qu’une entité millénaire aura déjà disparu de la carte du Levant?
*«Génocide blanc» n’est pas employé ici selon sa définition récente de «génocide contre les blancs», mais il signifie «génocide sans versement de sang», soit par émigration, soit par assimilation.
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