À l’approche de la réunion parlementaire consacrée à l’élection d’un président de la République, mercredi, le Hezbollah a accentué la campagne qu’il mène pour dénigrer le choix de l’opposition-CPL-PSP, qui soutient la candidature de l’ancien ministre des Finances, Jihad Azour, à la magistrature suprême.

Critiques et accusations, voire menaces, se sont succédé dans les discours de ses cadres vendredi et samedi. Celles-ci ont révélé, encore une fois, l’ampleur du mécontentement et de la nervosité de la formation pro-iranienne face à la coalition parlementaire favorable à cette candidature. Elles ont surtout mis en relief la conception des valeurs – très peu–  démocratiques que le Hezb défend, taillées à la seule mesure de ses intérêts stratégiques.

Dans une volonté évidente de montrer également son poids à l’échelle nationale, ce parti, qui vient de perdre son seul allié chrétien, le CPL, a ainsi choisi de commémorer le 34ème anniversaire de la mort de l’imam Khomeini dans la ville de Jbeil, au nord de Beyrouth. En effet, sa présence dans cette ville n’est pas aussi appuyée que dans la banlieue sud ou dans certaines parties de la Békaa et du Liban-Sud, alors que ses adversaires politiques, les Forces libanaises, les Kataëb et maintenant le CPL y ont incontestablement plus de poids. Ce choix recèle ainsi un message politique dans la mesure où rien, à part la présence du Hezbollah dans les villages chiites du caza, ne rapproche la ville de Jbeil de l’Iran de l’imam Khomeini.

Quoi qu’il en soit, dans le discours qu’il a prononcé pour la circonstance, vendredi soir, devant une foule de partisans réunis à Jbeil, cheikh Nabil Qaouk, membre du conseil central du Hezbollah, a promis de "barrer la voie à la discorde", en critiquant le choix de Jihad Azour. "Les alignements politiques récents, au niveau du dossier de la présidentielle, confirment nos appréhensions nationales. Ils ont trahi les intentions cachées. Notre responsabilité nationale nous commande de consolider la scène interne et de barrer la voie à la discorde", a-t-il menacé, sans expliquer bien entendu pourquoi, à ses yeux, l’option Jihad Azour entraînerait une discorde.

Il n’en demeure pas moins que cette menace a été accompagnée d’un nouvel appel à "un dialogue inconditionné". Cet appel "est sérieux et ne représente pas une manœuvre politique ou médiatique", a pris soin d’ajouter cheikh Qaouk. Selon lui, "le Liban a besoin de convergences nationales susceptibles de le sauver de l’effondrement et de le prémunir contre toute discorde. Des convergences nationales qui correspondent dans le même temps aux intérêts du pays et non pas à ceux d’individus".

S’adressant à la coalition parlementaire formée de l’opposition, du CPL, du PSP et de députés indépendants, il lui a "conseillé de ne pas se tromper dans ses calculs et de ne pas se laisser emporter par un excès d’enthousiasme qui l’entraînerait vers davantage de paris perdus".

C’est pratiquement dans ce même esprit, que le ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, a, dans un discours prononcé à Tyr, dénoncé "des pratiques politiques devenues des instruments de division qui risquent d’aboutir à une ruine nationale générale".

Après un hommage appuyé à la "Résistance", il a vivement critiqué "ceux qui refusent le dialogue, qui exercent toute sorte de provocations, qui taillent les valeurs nationales à la mesure de leurs propres intérêts et dont les comportements, les actions et les discours provocateurs disloquent le pays".

Parallèlement, Hussein Hajj Hassan, député du Hezbollah, considérait, depuis Baalbeck, que la candidature de Jihad Azour "contribue à compliquer l’élection d’un nouveau président", non sans avoir auparavant cherché à discréditer la convergence politique autour de cette candidature.