La Cour des comptes française a recommandé lundi à la France un suivi financier transversal et permanent de son aide au Liban afin de "vérifier sa cohérence, d’évaluer son impact et de fournir des instruments efficaces de pilotage".

La Cour des comptes française, qui a passé au crible l’aide fournie par l’État français au Liban sur la période 2020-2022, a invité les autorités françaises à une très grande prudence dans la distribution des aides et des crédits.

Dans son audit rendu public lundi, cette juridiction a noté que "la crise libanaise s’étant installée dans la durée, il importe aujourd’hui de déployer des mécanismes permanents de consolidation des statistiques, afin de disposer des outils nécessaires pour mesurer la cohérence, l’efficacité et l’impact de l’aide publique française et optimiser l’orientation des flux financiers vers le besoins de la population libanaise".

La Cour des comptes a relevé que "l’État est fortement mobilisé depuis 2020 pour aider la population libanaise face à la crise qui l’affecte". En cette année et au lendemain de la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, le président français Emmanuel Macron a lancé une série d’aides sur la durée afin de soulager la population, alors que le pays est plongé dans une crise économique, financière et sociale sans précédent.

Ainsi, selon l’audit, dès 2020, les crédits annuels de l’État consacrés au Liban ont été multipliés par 2,7 entre 2020 et 2022, et 214 millions d’euros ont été dépensés sur des ressources publiques, dont 45% ont été consacrés à l’éducation et à la formation, 25% à la santé, 10% à l’alimentation et l’agriculture, 10% à la reconstruction et à l’économie et 10% à la société civile.

"Dans une affaire aussi sensible et complexe que l’aide au Liban, il est logique que l’approche politique domine. Toutefois, un renforcement du suivi des engagements et des décaissements au niveau central apparaît indispensable. Il s’agit de mesurer de façon plus étroite (…) la nature et l’ampleur des crédits déployés, de vérifier leur cohérence et leur phasage dans le temps, d’évaluer leur impact et de fournir des instruments de pilotage efficaces ", a recommandé la Cour des comptes.

AFP