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Demain, jeudi, la justice libanaise déterminera le sort de l’ambassadeur du Liban à Paris, Rami Adwan, soupçonné de "viol et de violences physiques contre deux employées dans l’enceinte de l’ambassade du Liban à Paris", ainsi que la suite de la procédure judiciaire engagée contre lui.

Selon une source judiciaire informée contactée par Houna Loubnan, "le procureur général près la cour d’appel de Beyrouth, Raja Hamouche, s’est chargé du dossier et a entamé l’examen des résultats des investigations administratives et disciplinaires menées par le ministère des Affaires étrangères, ainsi que les enquêtes lancées parallèlement par les autorités françaises".

À en croire cette source, "le bureau du procureur général près la Cour de cassation a transféré le rapport du ministère des Affaires étrangères – contenant le compte rendu des deux enquêtes – au bureau du procureur général de Beyrouth dès la réception dudit rapport, pour que le nécessaire soit fait". Toujours selon cette même source, l’ambassadeur "ne bénéficie plus de l’immunité diplomatique, ce qui veut dire qu’il n’est plus impératif de demander l’autorisation du ministère des Affaires étrangères pour le poursuivre, compte tenu du fait que l’immunité s’étend à sa mission diplomatique dans le pays où celui-ci a été affecté (la France), mais ne couvre pas les crimes qu’il aurait commis, sachant que l’immunité diplomatique accordée par les États aux diplomates et à leurs familles résidant à l’étranger est conforme aux accords de Vienne".

D’autres informations partagées par cette source révèlent que "la protection dont bénéficient les diplomates se limite à leur activité professionnelle. En l’occurrence, l’ambassadeur ne peut se servir de son immunité à des fins strictement personnelles".

Les autorités françaises ont, elles aussi, ouvert une enquête pour des "soupçons de viol et de violence physique à l’encontre de deux employées de l’ambassade du Liban à Paris qui ont porté plainte contre lui". Dans le cadre de cette procédure, le gouvernement français a demandé, le 3 juin dernier, au ministère libanais des Affaires étrangères de lever l’immunité diplomatique de M. Adwan, afin que la police française puisse l’interroger". Selon la source, "la décision qui sera prise par le juge Hamouche pourrait aller dans deux sens: soit il sera décidé que les soupçons sont infondés – le dossier sera donc suspendu, ce qui est fort improbable –, soit M. Adwan sera jugé coupable, avec preuves à l’appui. Le cas échéant, le juge Hamouche engagera des poursuites contre le diplomate pour viol, agression physique et nuisance, et transférera le dossier ainsi que le procès au premier juge d’instruction de Beyrouth. Ce dernier, à son tour, devra soumettre M. Adwane à un interrogatoire et examiner les dossiers le concernant".

D’après les informations recueillies par Houna Loubnan, "certaines factions politiques font pression sur la justice pour mitiger les répercussions du dossier et diluer l’impact des accusations portées contre Rami Adwan". Selon certaines informations, "la pression en question ne portera pas ses fruits cependant, étant donné que pareils soupçons ne peuvent être dissimulés et que s’ils s’avéraient corrects, cela signifierait que le ministère des Affaires étrangères aurait gardé le dossier et refusé de le soumettre à la justice". Les mêmes sources précisent que "le gouvernement français suit l’affaire de près et s’attend à ce que la procédure progresse du côté libanais".

Il n’en demeure pas moins que celle-ci ne prendra pas fin de sitôt, étant donné que l’enquête ne se limite pas uniquement à M. Adwan. Selon la source judiciaire interrogée, "il est probable que les deux employées qui ont porté plainte soient convoquées et entendues, pour s’assurer que leur version correspond à celle partagée avec la police française".