Les Libanais ont certes le droit d’aspirer à des élections législatives pour susciter le changement nécessaire. Cependant, la question est de savoir si de telles élections sur base de la loi électorale actuelle permettent un tel changement.
Plusieurs facteurs pourraient faire de sorte qu’un changement à travers les élections soit impossible, à commencer par la loi électorale adoptée en 2018 et sur base de laquelle le scrutin législatif a eu lieu en mai de la même année. Ce scrutin avait, rappelons-le, permis au Hezbollah d’obtenir la majorité à la Chambre des députés. C’est d’ailleurs ce qu’avait affirmé, non sans insolence, le chef de la brigade d’Al-Qods au sein des Gardiens de la révolution iranienne, Kassem Soleimani, dont le Liban se trouvait sous la tutelle directe et qui s’ingérait dans les plus petits détails des affaires intérieures du pays.
Le Hezbollah, avec, en filigrane, la République islamique d’Iran, a commencé très tôt à oeuvrer en faveur d’une loi électorale taillée sur mesure pour le parti chiite. Ce dernier a veillé à étudier les moindres détails du texte abracadabrant actuellement en vigueur. En résumé, la loi de 2018 verrouille totalement la communauté chiite sur le plan électoral en faveur du Hezbollah et ouvre en revanche toutes les autres communautés à une concurrence féroce pour diluer le poids de tous les adversaires du parti chiite. Cette loi permet également au Hezbollah de montrer l’écart important qui existe désormais entre lui et le mouvement Amal. À titre d’exemple, un candidat du Hezbollah à Nabatiyé a obtenu cinq fois plus de voix qu’un pôle du mouvement Amal.
Pratiquement, la loi a rempli tous ses objectifs. Elle a affaibli Saad Hariri sur le plan sunnite, Walid Joumblatt sur le plan druze et tous les adversaires de son allié bicéphale, Michel Aoun/Gebran Bassil – à l’exception des Forces libanaises (FL) – sur le plan chrétien. Ce même scénario devrait se reproduire en 2022, avec certaines réserves, dans la mesure où M. Hariri pourrait ne pas entrer dans la course électorale, décision qui provoquerait plus de dispersion et de tiraillements au sein de la communauté sunnite. Sur la scène chrétienne, le Hezbollah ne devrait pas avoir de problème si le Courant patriotique libre ne parvient pas à préserver le même nombre important de députés qu’en 2018, même si les FL améliorent leur score. La question de fond reste cependant la suivante: à quoi ont servi les 16 députés FL qui sont entrés dans l’arène parlementaire en 2018?
La crise du Liban dépasse les prochaines élections et la loi électorale, dont l’objectif est de provoquer une compétition acharnée entre les composantes des communautés sunnite, chrétienne et druze tout en sanctuarisant l’hégémonie du Hezbollah sur la représentation chiite, et en maintenant un cache-sexe à cette dernière, en l’occurrence le mouvement Amal. Il va de soi, dans ce cadre, que la répartition des sièges entre le Hezbollah et Amal n’a rien à voir avec le pluralisme démocratique…
Il ne saurait y avoir d’élections libres au Liban tant que le scrutin n’englobe pas les Libanais de toutes les régions à l’ombre d’une loi garantissant une concurrence réelle au sein de la communauté chiite également. Or rien ne prouve, ne serait-ce qu’à court terme, que les opposants au Hezbollah au sein de la communauté chiite sont capables de s’exprimer librement. La faction libanaise des Pasdaran ne saurait admettre l’existence d’une alternative démocratique sérieuse à ses armes illégales, surtout si elle émane des milieux chiites. Le sort réservé il y a près d’un an à l’intellectuel et activiste Lokman Slim en dit long à ce sujet.
Le pari sur les élections sur base de la loi de 2018 et à l’ombre des armes du Hezbollah est-il de mise? L’on serait tenté de dire “non”. Le camp souverainiste l’a emporté au Liban aux législatives de 2005 et 2009. Le Hezbollah ne lui a même pas permis d’élire un président de la République digne du Liban et des Libanais. C’est à peine s’il a accepté le maintien de la présidence de la République au Liban, après avoir forcé tout le monde à s’aligner sur son choix présidentiel en 2016.
Faut-il réveiller les mémoires en rappelant tout ce dont le pays a souffert en raison de la détermination de la majorité des Libanais à refuser les armes du Hezbollah et à croire dans un pays gouverné par la Constitution et les lois, loin du diktat des armes sectaires et miliciennes au service de l’agenda iranien?
Comme en 2005 et 2009, il ne semble pas que les élections législatives de 2022 auront un sens quelconque pour le Hezbollah, comme le prouvent les derniers propos du cheikh Naïm Kassem sur l’indifférence de son parti au principe de la majorité.
Si jamais ces élections ont bien lieu dans leurs délais…
Plusieurs facteurs pourraient faire de sorte qu’un changement à travers les élections soit impossible, à commencer par la loi électorale adoptée en 2018 et sur base de laquelle le scrutin législatif a eu lieu en mai de la même année. Ce scrutin avait, rappelons-le, permis au Hezbollah d’obtenir la majorité à la Chambre des députés. C’est d’ailleurs ce qu’avait affirmé, non sans insolence, le chef de la brigade d’Al-Qods au sein des Gardiens de la révolution iranienne, Kassem Soleimani, dont le Liban se trouvait sous la tutelle directe et qui s’ingérait dans les plus petits détails des affaires intérieures du pays.
Le Hezbollah, avec, en filigrane, la République islamique d’Iran, a commencé très tôt à oeuvrer en faveur d’une loi électorale taillée sur mesure pour le parti chiite. Ce dernier a veillé à étudier les moindres détails du texte abracadabrant actuellement en vigueur. En résumé, la loi de 2018 verrouille totalement la communauté chiite sur le plan électoral en faveur du Hezbollah et ouvre en revanche toutes les autres communautés à une concurrence féroce pour diluer le poids de tous les adversaires du parti chiite. Cette loi permet également au Hezbollah de montrer l’écart important qui existe désormais entre lui et le mouvement Amal. À titre d’exemple, un candidat du Hezbollah à Nabatiyé a obtenu cinq fois plus de voix qu’un pôle du mouvement Amal.
Pratiquement, la loi a rempli tous ses objectifs. Elle a affaibli Saad Hariri sur le plan sunnite, Walid Joumblatt sur le plan druze et tous les adversaires de son allié bicéphale, Michel Aoun/Gebran Bassil – à l’exception des Forces libanaises (FL) – sur le plan chrétien. Ce même scénario devrait se reproduire en 2022, avec certaines réserves, dans la mesure où M. Hariri pourrait ne pas entrer dans la course électorale, décision qui provoquerait plus de dispersion et de tiraillements au sein de la communauté sunnite. Sur la scène chrétienne, le Hezbollah ne devrait pas avoir de problème si le Courant patriotique libre ne parvient pas à préserver le même nombre important de députés qu’en 2018, même si les FL améliorent leur score. La question de fond reste cependant la suivante: à quoi ont servi les 16 députés FL qui sont entrés dans l’arène parlementaire en 2018?
La crise du Liban dépasse les prochaines élections et la loi électorale, dont l’objectif est de provoquer une compétition acharnée entre les composantes des communautés sunnite, chrétienne et druze tout en sanctuarisant l’hégémonie du Hezbollah sur la représentation chiite, et en maintenant un cache-sexe à cette dernière, en l’occurrence le mouvement Amal. Il va de soi, dans ce cadre, que la répartition des sièges entre le Hezbollah et Amal n’a rien à voir avec le pluralisme démocratique…
Il ne saurait y avoir d’élections libres au Liban tant que le scrutin n’englobe pas les Libanais de toutes les régions à l’ombre d’une loi garantissant une concurrence réelle au sein de la communauté chiite également. Or rien ne prouve, ne serait-ce qu’à court terme, que les opposants au Hezbollah au sein de la communauté chiite sont capables de s’exprimer librement. La faction libanaise des Pasdaran ne saurait admettre l’existence d’une alternative démocratique sérieuse à ses armes illégales, surtout si elle émane des milieux chiites. Le sort réservé il y a près d’un an à l’intellectuel et activiste Lokman Slim en dit long à ce sujet.
Le pari sur les élections sur base de la loi de 2018 et à l’ombre des armes du Hezbollah est-il de mise? L’on serait tenté de dire “non”. Le camp souverainiste l’a emporté au Liban aux législatives de 2005 et 2009. Le Hezbollah ne lui a même pas permis d’élire un président de la République digne du Liban et des Libanais. C’est à peine s’il a accepté le maintien de la présidence de la République au Liban, après avoir forcé tout le monde à s’aligner sur son choix présidentiel en 2016.
Faut-il réveiller les mémoires en rappelant tout ce dont le pays a souffert en raison de la détermination de la majorité des Libanais à refuser les armes du Hezbollah et à croire dans un pays gouverné par la Constitution et les lois, loin du diktat des armes sectaires et miliciennes au service de l’agenda iranien?
Comme en 2005 et 2009, il ne semble pas que les élections législatives de 2022 auront un sens quelconque pour le Hezbollah, comme le prouvent les derniers propos du cheikh Naïm Kassem sur l’indifférence de son parti au principe de la majorité.
Si jamais ces élections ont bien lieu dans leurs délais…
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