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Trois ans plus tard, les cicatrices du 4 août 2020 demeurent béantes. Dans le tumulte de cette apocalypse, l’absence de justice résonne comme un écho assourdissant. Principal responsable: le Hezbollah qui, par ses actes immoraux, continue de maintenir l’enquête judiciaire dans les ténèbres, entravant son bon déroulement ainsi que la quête de vérité lancée par tout un peuple dévasté.

Plus qu’immoral, le Hezbollah a même été qualifié par plusieurs pays occidentaux d’organisation terroriste en raison, entre autres, de son rôle présumé dans une série de meurtres visant à perpétuer le flou entourant l’origine du nitrate d’ammonium ayant engendré la dévastation du 4 août. Dans quelle mesure la manipulation et la dissimulation des éléments clés de l’enquête remettent-elles en question la légitimité du Hezbollah et révèlent-elles une sombre réalité d’actes délibérés ?

Depuis le retrait syrien du Liban en 2005, le Hezbollah s’est insidieusement transformé en une force d’occupation par proxy. Affirmant sa mainmise sur certaines instances étatiques à travers ses armes illégales, le parti de Dieu sape constamment la souveraineté d’un pays qu’il prétend défendre. Le cœur du problème au Liban réside de ce fait dans la prédominance du Hezbollah qui a établi un nouveau modèle de gouvernance fondé sur des intérêts personnels, alimentant ainsi la corruption et sapant les fondements mêmes de la démocratie.

Parmi ses nombreux actes répréhensibles, le Hezbollah a franchi un point de non-retour avec son intervention aux côtés du dictateur criminel Bachar el-Assad dans la guerre en Syrie. Cette alliance a non seulement entaché sa prétendue résistance, mais l’a également établi comme une organisation militaire monopolisant la décision de guerre et de paix, au détriment de l’État libanais.

C’est dans les actes condamnables que réside la racine de la responsabilité du 4 Août, un lien que beaucoup ne peuvent plus ignorer face à l’incohérence de la version officielle. Les responsables gouvernementaux ont tissé un récit élaboré pour expliquer les origines du nitrate d’ammonium ayant causé l’explosion. Société moldave, homme d’affaire russe, tout porte à croire, comme par enchantement, qu’il ne s’agit que d’un simple accident. En janvier 2021, une enquête menée par le documentariste Firas Hatoum et diffusée sur la chaîne al-Jadeed a mis en évidence des connexions entre diverses sociétés fictives. Cette enquête attribue l’achat et le transport du nitrate d’ammonium à trois individus, à savoir George Haswani, un puissant homme d’affaires, ainsi que les frères Imad et Moudalal Khoury, tous trois étroitement liés au régime de Bachar el-Assad. Il s’avère que le nitrate d’ammonium peut être utilisé pour la fabrication de barils d’explosifs, étrangement similaires à ceux utilisés par le régime syrien dans sa guerre !

Cette théorie apporte une perspective intrigante, mettant en relief une possible explication derrière la mort suspecte de plusieurs individus qui avaient alerté les autorités sur la présence de substances potentiellement dangereuses dans le hangar 12 du port de Beyrouth. Un doute plane alors sur une possible responsabilité du parti de Dieu dans les assassinats du colonel Joseph Skaff déjà en 2014, sans compter Joseph Naddaf, Mounir Abou Rjeily, Joe Bejjani ou encore Lokman Slim. Ces actes désespérés pourraient être, selon diverses sources, une possible tentative du Hezbollah de contenir la clarté de son implication dans cette tragédie. Même mode opératoire depuis des années ! Les assassinats de Wissam Hassan et Wissam Eid qui avaient prouvé la responsabilité du Hezbollah dans la mort de Rafic Hariri relevaient-ils aussi de l’accident?  

Enfin, le Hezbollah continue d’exercer une influence handicapante sur le déroulement de l’enquête judiciaire en cours, entravant ainsi la quête de vérité et de justice. Le cas de l’éviction du juge Sawan au profit du juge Bitar soulève de sérieuses inquiétudes. Sans compter les pressions accablantes exercées sur le juge Bitar, y compris l’incident troublant de Tayyouneh le 14 octobre 2021, qui attestent de la volonté du Hezbollah de maintenir son emprise sur le processus judiciaire. Cette manipulation éhontée de l’enquête révèle un mépris flagrant pour la justice et la transparence, tout en remettant en question l’innocence du Hezbollah.

Mesdames et Messieurs, bienvenue dans le monde du Hezbollah! Un pays où la liberté n’est qu’un mythe idéaliste lointain. Un pays où la démocratie est exercée sous la menace d’armes illégales. Un pays où le système de "parti unique" instaure l’occupation iranienne. Et finalement, un pays où peut passer quasiment inaperçu l’une des explosions non-nucléaires les plus meurtrières de l’histoire !

C’est à nous, vrais Libanais, de prendre en main notre sort et de rétablir le Liban dont nous rêvons tous. Certainement pas celui du Hezbollah…