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Les derniers combats à Aïn el-Héloué, près de Saïda, ont été provoqués par des groupes islamistes dans le but de prendre le contrôle du plus grand camp de réfugiés palestiniens au Liban. Un complot qui a été dûment contrecarré par le mouvement Fateh et autres factions de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

"Les événements d’Aïn el-Héloué ont été fomentés par un groupe de terroristes, dont plusieurs membres étaient entrés récemment au Liban", affirme à This is Beirut Haytham Zaiter, membre du Conseil central et du Conseil national palestinien. "Ils opèrent sous différents noms, comme Esbat al-Nour, Ansar Allah, Jund al-Cham et la Jeunesse musulmane", poursuit-il.

Selon lui, les islamistes avaient tenté de "prendre en otage" le camp, situé dans le quartier de Taware, où ils sont principalement concentrés et de s’en servir pour exécuter différents agendas.

"Leur projet va au-delà du camp, affirme M. Zaiter. Il a également pour objectif de déstabiliser la sécurité au Liban, surtout en cette période, à la lumière du vide présidentiel, de la désintégration des institutions de l’État et de la situation économique chancelante. Ils ont trouvé l’occasion de mettre leur plan à exécution."

Toutefois, estime-t-il, les forces nationales du camp, dirigées par le Fateh, sont déterminées à les affronter par tous les moyens afin d’éviter une réédition des événements survenus à Nahr el-Bared en 2007, lorsque les islamistes ont pris le contrôle du camp, situé au Liban-Nord et ont combattu l’armée libanaise pendant des mois. Les affrontements s’étaient soldés par la destruction du camp et la mort de plus de 200 soldats libanais.

Selon le responsable palestinien, les islamistes agissent à la demande de différentes parties avec lesquelles ils partagent les mêmes intérêts avec, pour principal objectif, celui d’affaiblir le Fateh et les autres factions de l’OLP.

Entretemps, un cessez-le-feu précaire règne à Aïn el-Héloué, où les affrontements ont entraîné la mort de douze personnes. Des dizaines d’autres ont été blessées et plus de 2.000 habitants du camp ont été déplacés.

Selon une source palestinienne, les risques que les affrontements – déclenchés par l’assassinat d’un responsable militaire du Fateh, Abou Achraf al-Armouchi, et de quatre de ses gardes du corps – reprennent sont élevés, en l’absence d’un règlement durable.

Selon les conditions du cessez-le-feu, un comité d’enquête devrait identifier les assassins et les remettre aux autorités libanaises.

"Si ces conditions ne sont pas remplies, la situation dans le camp restera instable, d’après la source susmentionnée. Mais cela ne se produira pas, car les islamistes ne livreront pas ceux qui ont tué Al-Armouchi. Le problème n’est pas du tout réglé. Le cessez-le-feu est un arrangement temporaire, puisque les groupes islamistes sont retranchés à l’intérieur du camp et dans ses environs."

Aïn el-Héloué est le plus grand parmi les douze camps de réfugiés palestiniens du Liban et revêt une importance stratégique en raison de son influence sur Saïda, de son accès à Beyrouth par la route côtière et de sa proximité des frontières israéliennes.

Le Fateh, principale faction de l’OLP, a traditionnellement exercé son influence et son contrôle sur Aïn el-Héloué. Ces dernières années, toutefois, ses dirigeants ont été confrontés à de nombreux défis émanant d’intégristes, en raison de l’importance de la position stratégique du camp, véritable bastion palestinien.