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Le secteur de l’électricité au Liban constitue l’une des principales causes de frustration nationale. Il est regrettable de voir un État, de la taille du Liban, échouer pendant près de trente ans, après la fin de la guerre civile, à construire des centrales électriques capables de fournir l’énergie nécessaire à l’ensemble du pays.

Au cours des dix dernières années, plus de 40 milliards de dollars ont été dépensés dans le secteur de l’électricité. Ce chiffre est ahurissant, alors que les coupures d’électricité persistent! Ces fonds auraient suffi à construire au moins dix centrales électriques, tandis que le Liban n’a besoin que de deux centrales pour répondre à ses besoins!

Le véritable problème au Liban réside dans le fait que les questions économiques ne sont pas traitées en fonction de leurs aspects techniques, mais plutôt sur base de motivations politiques qui favorisent telle ou telle faction, au détriment de l’intérêt national suprême, voire en totale contradiction avec ce dernier.

Le problème de l’électricité ne fait pas exception à cela. L’acharnement sans précédent de certaines forces politiques à construire une centrale électrique à Selaata était tout sauf raisonnable, d’autant que toutes les études de faisabilité – économique, technique, environnementale et d’ingénierie – ont clairement montré que cela n’était pas nécessaire. Cependant, cette obstination était motivée par des intérêts strictement politiques, sous prétexte que chaque communauté devrait avoir sa propre centrale électrique!

Encore une fois, cela n’arrive qu’au Liban. Le fait que certains partis politiques réclament la construction d’une centrale électrique dans leur zone d’influence parce que les autres se trouvent dans des zones "hors de leur contrôle" est tout simplement inconcevable! Cette approche qui sous-tend la partition représente un danger. C’est d’ailleurs cette insistance qui a bloqué l’ensemble du plan.

Il y a un moment où les solutions provisoires ne sont plus suffisantes. La production d’électricité n’est pas une prouesse scientifique de nos jours, ni une invention difficile à réaliser. Elle est accessible dans la plupart des pays, même les plus démunis, et certains en exportent même à leurs voisins. Cependant, au Liban, la situation régresse.

Est-il permis que l’aéroport international de Beyrouth dépende uniquement de groupes électrogènes? Que dire de la sécurité publique? De la sécurité de l’aviation civile, de la tour de contrôle, des installations aéroportuaires, des services aux voyageurs? Qu’est-il advenu du projet emblématique lancé par le ministre des Transports puis abandonné au profit de la construction d’un nouveau terminal? Pourquoi ne pas lancer un appel d’offres pour mettre en place ce projet et injecter d’importantes recettes dans les caisses de l’État?

En effet, les coupures de courant au Liban, qui persistent depuis des décennies, sont devenues une source de dégoût, ajoutant ainsi à notre découragement national, aux côtés de nombreuses autres raisons, notamment la crise économique et financière, qui entre dans sa quatrième année sans solution en vue et sans espoir de sortir du tunnel.

Le désintérêt manifesté par certaines forces politiques, qui servent uniquement leurs intérêts sectaires particuliers, est désormais un fardeau pour tous les Libanais, qui se traduit par le blocage délibéré des institutions constitutionnelles et de l’élection présidentielle, bien des mois après la fin du mandat du général Michel Aoun, alors que le gouvernement en place est un gouvernement de gestion des affaires courantes, aux pouvoirs restreints et sans quorum.

Les Libanais méritent un gouvernement plus équitable et plus transparent, un président modéré qui soit à égale distance de tous les Libanais, ainsi qu’un gouvernement efficace, qui œuvre en toute transparence pour l’intérêt du pays, loin des calculs égoïstes et des intérêts personnels. Ils méritent également des réformes économiques drastiques pour résoudre leurs problèmes chroniques, qui perdurent sans solution malgré les différents gouvernements qui se succèdent.

Les activités touristiques saisonnières et l’affluence dans les restaurants et stations balnéaires ne sont pas suffisamment importantes pour suggérer que le Liban se porte bien. C’est loin d’être le cas. Nous apprécions les expatriés qui restent fidèles à leur pays d’origine et le soutiennent de toutes les manières possibles, mais la responsabilité de sauver le Liban ne doit pas reposer uniquement sur leurs épaules.

La responsabilité commence au Liban et doit se terminer au Liban. C’est la raison pour laquelle l’électricité est l’une des causes du découragement national!