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Moins d’un mois après qu’un fragile cessez-le-feu a été instauré dans le camp de réfugiés palestiniens d’Aïn el-Héloué, situé près de Saïda, dans le sud du Liban, les tensions sont montées d’un cran, laissant craindre une reprise des violences opposant des combattants islamistes au Fatah, le mouvement dominant au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Des escarmouches éclatent chaque jour alors que les deux camps se mobilisent et rassemblent des combattants et des armes en prévision d’une nouvelle vague de combats potentiels, a rapporté une source palestinienne proche du Fatah à Ici Beyrouth.

"Les combattants des deux parties occupent désormais les écoles dirigées par l’Unrwa en raison de leurs emplacements sensibles. Des barricades sont en cours de construction. Le Fatah a coupé les routes à l’intérieur du camp pour isoler les combattants takfiristes et les empêcher de s’infiltrer dans d’autres zones du camp", précise cette même source.

Par ailleurs, le comité chargé d’enquêter sur l’assassinat du haut responsable militaire du Fatah Abou Achraf el-Armouchi a identifié neuf suspects et accordé aux islamistes un délai de cinq jours pour les remettre aux autorités libanaises.

Pour rappel, l’assassinat d’El-Armouchi et de quatre de ses gardes du corps le 30 juillet a provoqué une vague de violents affrontements ayant causé la mort de plus de 12 personnes, blessé des dizaines d’autres et contraint des centaines de familles à fuir Aïn el-Héloué, le plus grand des 12 camps de réfugiés du Liban, qui abrite plus de 50.000 personnes.

"Le Fatah et les autorités libanaises insistent sur la remise des suspects afin de régler la situation dans le camp. Cependant, il est peu probable que les islamistes se rendent d’eux-mêmes", poursuit la source, ajoutant que "cinq des suspects sont palestiniens, tandis que les quatre autres sont de différentes nationalités, vraisemblablement syrienne, irakienne et libanaise."

Selon la source susmentionnée, plusieurs scénarios sont envisageables si les suspects ne sont pas remis aux autorités.

Un des scénarios serait de faciliter leur départ du camp et du territoire libanais en leur garantissant un passage sécurisé, potentiellement vers Idleb, dans le nord de la Syrie, où se trouvent des groupes takfiristes.

Un autre scénario serait de s’engager dans une "guerre d’assassinats" visant à éliminer les suspects, une possibilité qui n’est pas dépourvue de conséquences graves. Cependant, le scénario le plus redouté reste la reprise des combats qui ont déjà causé des ravages et une destruction considérable dans ce camp densément peuplé.

"Je pense qu’ils trouveront un moyen de faire sortir les suspects du camp et du Liban afin d’éviter un nouveau désastre dans le camp. La situation devrait s’éclaircir dans les jours à venir, d’autant plus que le Hamas œuvre à parvenir à une solution, étant le seul à pouvoir communiquer plus facilement avec les islamistes", déclare la source. Celle-ci minimise également les rapports suggérant que le Hezbollah pourrait soutenir les islamistes, dont l’attaque contre Armouchi a enflammé le camp il y a trois semaines."

"Il n’est pas logique de suggérer que le Hezbollah serait derrière les islamistes. En réalité, ces derniers considèrent le parti chiite comme un ennemi qu’ils ont combattu à plusieurs endroits, sans parler du profond clivage idéologique qui les sépare", ajoute la source.