L’examen de la mouture du projet de budget 2024 commence bien en Conseil des ministres. Dès la première séance, jeudi après-midi, au Sérail, des dissonances sont apparues parmi les ministres présents, autour notamment du flot de taxes et d’impôts dont l’Exécutif entend gratifier des Libanais exsangues, alors qu’il lui est demandé en priorité de réaliser des réformes.

Dans une déclaration à la presse au terme de la réunion, le ministre sortant des Finances, Youssef el-Khalil, a affirmé que le projet de budget 2024 est "porteur de réformes". " Ce qui nous importe, c’est d’avoir des recettes", a-t-il ajouté, en "rassurant" toutefois les Libanais sur le fait que les taxes "ne seront pas toutes en dollars".

Le vice-président sortant du Conseil, Saadé Chami, semblait plutôt circonspect, voire sceptique quant à la mouture proposée par les Finances. "Jusqu’à présent, le texte ne semble pas aller dans le sens de réformes", a-t-il dit, avant de se rattraper: "Il faut dire que les clauses correspondantes n’ont pas été encore examinées". Lui aussi a indiqué que l’État "a besoin de dollars". Un besoin qui s’explique par le refus de la Banque du Liban de financer un État qui a dilapidé l’argent des Libanais.

La banque centrale financera, à titre provisoire, certaines dépenses, comme notamment l’achat de médicaments pour les maladies chroniques. Le premier vice-gouverneur de la BDL, Wassim Mansouri, avait souligné lors de la conférence de presse qu’il avait tenue après la fin du mandat du gouverneur, Riad Salamé, qu’il comptait subvenir ce mois aux besoins de certains ministères dits de service, mais que le gouvernement devrait déterminer les priorités. Il avait cependant assuré qu’il ne serait pas en mesure de le faire en permanence avant d’annoncer, il y a quelques jours, dans des interviews accordés à des médias arabes, qu’il ne financerait pas l’État, "ni en livres ni en dollars".

Quoi qu’il en soit, le ministre sortant de la Santé, Firas el-Abiad, a fait savoir que le gouvernement a décidé de maintenir les subventions des médicaments pour les maladies chroniques. Il a précisé qu’au cours de sa réunion de la matinée, le Conseil des ministres a approuvé à cette fin 30 millions de dollars en plus des 1.500 milliards de livres. Selon lui, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a insisté sur le fait que ce dossier "constitue une ligne rouge".

La séance matinale

Divers points étaient inscrits à l’ordre du jour de la séance matinale, boycottée, comme toujours, par les ministres du CPL.

Le gouvernement a ainsi approuvé la création avec Bloomberg d’une nouvelle plateforme de change, au lieu de Sayrafa établie par la BDL. Il a cependant rejeté une demande du ministère des Finances relative à une réduction des amendes infligées aux contribuables ayant tardé à s’acquitter de leurs impôts.

Le Conseil des ministres a par ailleurs donné son feu vert au renouvellement de l’accord entre Beyrouth et Bagdad pour l’achat de fuel irakien pour le compte d’EDL. Il a été décidé parallèlement de consacrer 20.000 tonnes annuelles de ce fuel au ministère des Télécommunications.

Le manque d’aiguilleurs du ciel a été passé en revue et il a été décidé de nommer des contrôleurs parmi ceux qui avaient passé le concours du service de la Fonction publique.

Décision a été également prise de nommer des contrôleurs douaniers.

Le gouvernement a ensuite passé en revue un rapport portant sur les bâtiments et les locaux loués par le gouvernement et sur le coût de chacun. Il a examiné le mécanisme de paiement des sommes dues à la société chargée de la détaxe à l’aéroport et approuvé, par ailleurs, 91 décrets de naturalisation sur base de la loi sur la restitution de la nationalité libanaise aux émigrés libanais.