Le secrétaire général adjoint du Hezbollah lance une nouvelle charge contre le juge d’instruction Tarek Bitar, accusé de " violer la séparation des pouvoirs ".

Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naim Kassem, a tiré à boulets rouges pêle-mêle samedi contre les courants de la révolution du 17 Octobre, qualifiés “d’agents de l’ambassade américaine”, l’opposition souverainiste, et particulièrement les Forces libanaises, et le juge d’instruction Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, qu’il a accusé d’être l’un des éléments fondamentaux de l’effondrement du pays, estilmant que l’entrée en matière pour le règlement de la crise libanaise est " l’épuration des dossiers, à commencer par la justice ".

Dans une allocution à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de Fatima el-Zahra’, au cours d’une cérémonie dans la banlieue sud de Beyrouth, le cheikh Kassem a estimé que " quatre raisons ont mené à l’effondrement économique, financier et social du Liban : le blocus américain injuste contre le Liban, la corruption qui s’est propagée à l’intérieur du pays, les politiques économiques et financières des trente dernières années, et la pratique du gouverneur de la Banque centrale au plan financier”.

“Cet effondrement est dû au cumul de toutes ces raisons, entre autres. Or il est impossible d’y trouver une solution sans en régler les causes. Nous avons tenté de faire face au blocus américain par différents moyens. Nous avons fait face par le mazout iranien au blocus imposé au Liban par le biais de l’importation du courant électrique en provenance d’Égypte via la Jordanie et la Syrie. Les États-Unis se sont soumis, en s’apercevant que nous étions capables de trouver des alternatives (…)”, a indiqué le cheikh Kassem.

" Les agents de l’ambassade US”

Et le responsable hezbollahi de poursuivre en direction de ceux qu’il a qualifié “d’agents de l’ambassade américaine et de la bande d’ONG qui se trouve sous ses ordres: Vous contribuez au blocus américain contre le Liban, par le biais de cette relation que vous entretenez, des fonds que vous recevez et de l’argent électoral que vous vous préparez à collecter dans le but de modifier la donne en fonction des desiderata américains”. “Vous devriez vous tenir aux côtés de votre patrie et de votre peuple pour déconstruire ce blocus, et dire aux USA qu’ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent au Liban (…)”, a-t-il noté.

“Il n’est pas vrai que nous ne pouvons rien faire” pour lutter contre la crise, a ajouté le cheikh Kassem, appelant le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et les autorités concernées à contrôler et sanctionner les plateformes électroniques qui jouent avec le cours du dollar, ou encore à procéder à des perquisitions dans les supermarchés pour contrôler les prix et prendre les mesures nécessaires.

“L’atteinte à la justice”

S’en prenant ensuite au juge Bitar, le secrétaire général adjoint du Hezbollah a estimé que ce dernier et “ceux qui se cachent derrière lui sont la raison principale du blocage institutionnel et constitutionnel au Liban, dans la mesure où ce juge accapare les prérogatives de la Chambre” et   “porte atteinte au rôle de la justice, qui vit ses jours les plus sombres”.

“Est-il raisonnable qu’un juge contre lequel 21 demandes de dessaisissement ont été déposées reste à son poste, alors qu’il a semé la zizanie au sein du corps judiciaire et du pays et n’a pas avancé d’un iota dans l’enquête ? Si bien que nous nous trouvons face à une véritable crise de vérité. Qui assure donc la séparation des pouvoirs ? Que faire lorsque le pouvoir judiciaire s’ingère dans les affaires du Parlement ? Sommes-nous supposés rester les bras croisés face à un tel tableau ? Vous voulez des solutions ? Il faut épurer les dossiers, à commencer par la justice, qui a outrepassé ses prérogatives, et renvoyer le droit de juger les présidents et les ministres au Parlement”. Cela aidera à régler les problèmes progressivement, et nous collaborerons tous dans ce sens ", a indiqué Naïm Kassem.

L’opposition souverainiste et les FL

Le cheikh Kassem n’a pas épargné les partis de l’opposition souverainiste: “Nos adversaires électoraux font, dans leur majorité écrasante, partie des partis et courants qui ont activement pris part aux politiques financières et économiques des trente dernières années. Les possibilités de succès des autres, la bande des ONG, se comptent sur les doigts de la main. Nous aurons donc un Parlement formé de ceux qui ont été au pouvoir à différentes étapes. Le haut du panier parmi ses adversaires étant les Forces libanaises, qui ont un historique de massacres et de crimes contre les chrétiens avant les autres composantes, parce qu’elles refusent l’autre et souhaite établir leur mainmise sur toutes les ressources et dominer l’ensemble du pays. Elles ne peuvent pas vivre en tant que citoyens avec d’autres et veulent le pouvoir, même si cela doit coûter des meurtres, du sang et des massacres avec leurs fils et leurs frères au sein de la même région.”

“Le parti le plus fort”

“Le Hezbollah est une résistance honorable qui a libéré le Liban (…) et dispose d’une expérience politique faite d’intégrité, d’éthique, de loyauté et de sincérité. Il a offert des services sociaux et une solidarité sociale, apaisé beaucoup de maux et bénéficie d’une vaste adhésion populaire au Liban si bien qu’aucun autre parti ne peut rivaliser avec lui, parce qu’il est le parti le plus fort au niveau populaire au Liban. Les mensonges pour nuire à sa réputation et salir son image ne passeront pas, et que les urnes tranchent”, a-t-il conclu.