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Depuis le début de l’année et jusqu’au 6 septembre dernier, l’armée a refoulé 23.597 Syriens qui avaient franchi illégalement la frontière avec le Liban.

Le gouvernement libanais a reçu un rapport concernant le nouveau flux de réfugiés syriens entrés illégalement au Liban. Ce rapport comprend des données alarmantes sur la migration des Syriens, ainsi qu’une évaluation des capacités de l’armée libanaise mises à contribution de manière optimale pour contenir ce flux. Le rapport formule également des recommandations dont l’application pourrait contribuer à limiter cette nouvelle poussée de migration syrienne illégale.

Selon le rapport, la frontière entre le Liban et la Syrie s’étend sur environ 387 kilomètres, de la région de Arida au nord, jusqu’aux contreforts du mont Hermon au sud, en passant par Wadi Khaled, le Hermel, la vallée de la Békaa et ses montagnes, la région de Qaa, Ersal, les montagnes orientales et Al-Masnaa.

L’armée libanaise déploie, le long de cette frontière, quatre brigades frontalières et des unités du régiment d’intervention, totalisant environ 4.838 soldats, répartis dans 108 postes, dont 38 tours de surveillance équipées de caméras de pointe.

Les unités déployées le long de la frontière effectuent environ 36 patrouilles par jour, 24 heures sur 24. De plus, elles ont établi environ 72 postes de surveillance permanents, ainsi que des postes d’observation nocturnes dans les vallées et les zones difficiles à surveiller par caméra. Il existe par ailleurs 25 points de contrôle fixes sur les routes principales et secondaires de la frontière, chargés d’inspecter les personnes et les véhicules, et de prévenir la contrebande.

Conformément à la décision du Conseil supérieur de Défense, l’armée libanaise intercepte des Syriens entrant clandestinement à la frontière et les remet à la Sûreté générale qui est responsable de leur rapatriement. Cependant, cette dernière refuse parfois de les prendre en charge, soit en raison du manque de place dans ses prisons et centres de détention, soit en raison du refus de la Syrie de les reprendre. Dans ces cas, l’armée soumet d’abord la question à l’autorité judiciaire compétente, qui donne l’ordre de les rapatrier et les renvoie ensuite de l’autre côté de la frontière, après les avoir détenus pendant quelques heures.

Au cours de l’année 2023 (jusqu’au 6 septembre), l’armée a rapatrié 23.597 Syriens appréhendés à la frontière alors qu’ils tentaient d’entrer illégalement au Liban.

L’armée met en œuvre ces opérations dans des conditions matérielles et logistiques difficiles, en raison notamment d’un manque de carburant et de véhicules. De plus, les militaires font face à des conditions sociales difficiles, certains d’entre eux essayant même de déserter l’armée pour s’assurer de meilleures conditions de vie. En outre, les conditions climatiques à la frontière sont extrêmement difficiles, avec un temps très chaud en été et excessivement froid en hiver. Par ailleurs, l’accès aux postes militaires dans les montagnes pas des routes non asphaltées contraint l’armée à transporter la nourriture et les besoins des militaires en hélicoptère durant l’hiver. Enfin, l’armée a besoin d’effectifs importants pour gérer les Syriens appréhendés à la frontière, que ce soit lors de leur arrestation, leur détention ou leur expulsion.

Il convient également de souligner les dangers auxquels sont exposés les militaires lors de l’interception de contrebandiers, des échanges de tirs pouvant parfois survenir et certains contrebandiers utilisant des civils comme boucliers humains.

Le rapport mentionne aussi, sous la rubrique intitulée "Le déploiement syrien et certaines de ses conséquences", ce qui suit: les Syriens au Liban résident dans des camps, des zones d’habitation urbaines et des villages, ainsi que dans des projets agricoles, ce qui représente un fardeau économique pour l’État libanais (main-d’œuvre, électricité, eau, etc.). De plus, certains d’entre eux commettent diverses infractions (tirs, trafic et distribution de drogue, meurtres, vols, communication avec des groupes terroristes, etc.). Pour l’année 2023, le nombre de Syriens détenus par l’armée libanaise pour diverses infractions s’élève à 5.781.

Le rapport souligne par ailleurs que l’absence de décision politique unifiée concernant le dossier des réfugiés syriens accentue leur déploiement non réglementé sur le territoire libanais et complique la tâche de l’armée et des forces de sécurité pour les surveiller, les recenser et suivre leurs mouvements.

Le rapport formule enfin les recommandations suivantes:

– Le contrôle des frontières requiert des efforts coordonnés des deux côtés de la frontière, d’où la nécessité d’une décision politique pour engager un dialogue avec le gouvernement syrien concernant le dossier des réfugiés.

– La rationalisation des dépenses des organisations affiliées aux Nations unies et des ONG en faveur des réfugiés syriens nécessite l’établissement d’une politique claire et d’un mécanisme de travail; ces organisations devraient opérer sous la direction et la supervision du gouvernement libanais, et non l’inverse.

– L’implication de l’armée dans les luttes politiques autour du dossier des réfugiés et le recours à des campagnes de désinformation médiatique la visant ne contribue pas à trouver des solutions durables au problème. Au contraire, cela nuit aux soldats qui vivent dans les montagnes dans des conditions dangereuses pour surveiller les frontières et lutter contre la contrebande.

– La coopération entre les organes de sécurité et le pouvoir judiciaire a un impact positif sur la gestion du dossier des réfugiés, notamment en ce qui concerne le partage des responsabilités entre les organes de sécurité et la collaboration avec la Justice pour poursuivre les contrebandiers.