Le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, a affirmé vendredi que la force internationale de maintien de la paix n’était pas responsable du nitrate d’ammonium qui a explosé au port de Beyrouth le 4 août 2020.

Dans une interview accordée vendredi à l’Agence nationale d’information (ANI), M. Tenenti a mis les choses au clair, répondant indirectement aux accusations formulées par l’ancien ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, à l’encontre de la Finul. Dans des interviews accordées aux médias, M. Sarraf a fait assumer au Groupe d’intervention naval (GIN) de la Finul la responsbailité de l’entrée du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d’ammonium, au port de Beyrouth.

M. Sarraf a déclaré à cet égard qu’il appartenait au GIN d’en contrôler la cargaison. Il a souligné une contradiction entre le rapport établi par le GIN sur la nature du nitrate d’ammonium transporté par le navire et celui établi au départ par la société de transport, TGS Spectrum. En substance, il a accusé le GIN d’avoir manqué à son devoir ce jour-là. Ce que M. Tenenti a démenti.

"Le Liban est un État souverain et, par conséquent, seules les autorités libanaises décident s’il faut effectuer une inspection ou autoriser un navire à amarrer dans un port libanais", a ainsi affirmé M. Tenenti à l’ANI. Il a expliqué que le GIN aide les forces maritimes libanaises, notamment en "interpellant les navires qui entrent dans le territoire libanais". Cela consiste à prendre contact avec l’équipage "afin de s’assurer des informations fournies sur le navire et sur sa cargaison, telles qu’elles ont été saisies dans les bases de données maritimes publiques". "Les forces maritimes libanaises interpellent aussi des navires, puisque le rôle du GIN consiste à leur fournir un soutien", a poursuivi M. Tenenti.

Il a précisé à cet égard que "des mesures supplémentaires pourraient être nécessaires après l’interpellation d’un navire". "Si, à titre d’exemple, certaines informations manquent, si elles ne correspondent pas à celles qui figurent dans la base de données publique, ou si le navire ne figure pas sur la liste des navires qui devraient transiter par les eaux territoriales libanaises, y entrer ou les quitter en un jour donné, le navire doit, dans ce cas, être soumis à une inspection par les autorités libanaises, a noté M. Tenenti. L’inspection et le contrôle à bord peuvent être effectués par la Marine libanaise, d’autres organismes de sécurité ou des douaniers. Mais cette décision revient aux autorités libanaises."

"Le GIN est prêt à apporter son soutien pour accomplir ces missions, mais les autorités libanaises n’ont jamais formulé une demande en ce sens, a précisé M. Tenenti. Par conséquent, le GIN n’a jamais procédé à l’inspection physique d’un navire. Il reçoit des informations sur les résultats de toute inspection, mais n’est pas informé sur la nature des matériaux découverts, à moins qu’il y ait une violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies."

"L’objectif ultime de la résolution 1701 est de permettre aux forces maritimes libanaises d’assumer toutes leurs responsabilités en matière de sécurité maritime de façon autonome, sans le soutien du GIN et de la Finul, a encore insisté M. Tenenti. En 2022, le GIN a transféré la direction des opérations d’interception maritime à la Marine libanaise, qui décide depuis quels navires doivent être référés aux autorités libanaises pour inspection."

Et M. Tenenti de conclure: "Le Groupe d’intervention navale de la Finul célèbrera le 15 octobre son dix-septième anniversaire. Depuis 2006, il a apporté son soutien aux forces maritimes libanaises dans le cadre de différentes responsabilités spécifiques, y compris la surveillance des eaux territoriales libanaises, la sécurisation du littoral et la prévention de l’entrée illégale d’armes par voie maritime."

Le Rhosus, un navire délabré transportant des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, initialement destinées au Mozambique, et 2.750 sacs d’explosifs a provoqué l’explosion apocalyptique au port de Beyrouth en 2020, faisant plus de 235 morts et 7.000 blessés, dont plus d’un millier d’enfants.

Récemment, M. Sarraf avait publié sur son compte X un document attribué à l’expédition de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, stockées dans l’entrepôt numéro 12, sur lequel le mot "explosifs" est mis en évidence. "Ils savaient très bien qu’il s’agissait d’explosifs, personne ne peut le nier", a-t-il déclaré.

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