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Le non-renouvellement du mandat du général Mounir Chehadé pour poursuivre les négociations indirectes avec Israël et mettre un terme aux différends relatifs aux frontières terrestres aura des conséquences préjudiciables sur les négociations en question – ces négociations qui avaient enregistré des avancées significatives lorsqu’elles étaient menées par le général Chehadé. Dans ce contexte, son successeur sera tenu de revoir le dossier dans son intégralité et devra aussi s’adapter à la manière de traiter avec ses interlocuteurs israéliens. À l’évidence, le nouveau négociateur aura besoin de temps pour bien assimiler la méthodologie, l’approche, mais surtout le ton à adopter dans les pourparlers indirects, ce qui est d’une importance cruciale dans ce type de négociations.

Pourquoi donc le ministre de la Défense Maurice Slim a-t-il refusé de garder le général Chehade à son poste? N’aurait-il pas pu le promouvoir au grade de général de division ou le rappeler en tant qu’officier de réserve?

Selon des sources informées, la promotion du général Mounir Chehade au grade de général de division aurait fait de lui l’officier le plus gradé de l’armée après le commandant-en-chef lui-même. Et compte tenu de son ancienneté, il aurait eu plus de chances que le général de division Pierre Saab d’être nommé commandant-en-chef de l’armée après que Joseph Aoun – l’homme qui occupe ce poste actuellement – aura pris sa retraite, début 2024. Il faut dire que le général Saab avait initialement été nommé au Conseil militaire, sur base d’un décret. Il officie donc au sein d’une institution rattachée au ministère de la Défense, et non pas à l’armée, sachant que, selon la loi de la défense, il est interdit de ce fait de le nommer au poste de commandant-en-chef de l’armée. En revanche, le général Chehadé peut espérer pourvoir le poste en question après avoir été promu au grade de général de division.

À en croire ces mêmes sources, si le ministre de la Défense venait à assurer la promotion du général Chehadé – ou son rappel de la réserve pour le garder en service – cela le contraindrait à prolonger le mandat du commandant-en-chef Joseph Aoun, à l’heure où celui-ci devait prendre sa retraite, en l’absence de l’élection d’un président de la République et de la formation d’un gouvernement pour nommer son remplaçant. Partant, maintenir le commandant-en-chef de l’armée à son poste prime sur le fait de garder qui que ce soit à la tête de la délégation de négociation avec Israël.

Cependant, toujours d’après ces sources, le ministre de la Défense ne peut prendre pareille initiative, simplement parce qu’il souhaite saisir l’occasion avec son camp politique pour se débarrasser du commandant-en-chef de l’armée le plus rapidement possible.