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Le député Ghayath Yazbeck a expliqué à "Ici Beyrouth" les objectifs de la pétition élaborée par les Forces libanaises pour réclamer la fermeture du bureau du HCR au Liban. Il a en outre fait état d’un "plan" de l’opposition visant notamment à répartir les réfugiés syriens dans l’ensemble des pays arabes.

L’annonce faite mercredi par le député Ghayath Yazbeck de l’intention du bloc parlementaire des Forces libanaises, auquel il appartient, de présenter une pétition réclamant la fermeture du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Liban, a surpris de nombreux observateurs. S’il est vrai que les partis politiques et les dignitaires religieux sont unanimes à mettre en garde contre l’ampleur grandissante de l’exode syrien au Liban, devenu un danger "existentiel" pour ce pays, les propos du député FL sont sortis du lot. En effet, M. Yazbeck a évoqué une mesure concrète qui devrait être prise à l’encontre du HCR, devenu, selon lui, "un Haut-Commissariat visant à promouvoir la nouvelle occupation syrienne".

Interrogé par Ici Beyrouth, M. Yazbeck a donné des éclaircissements sur la pétition en gestation, qui accompagne un "plan" élaboré par l’opposition souverainiste, dont l’une des étapes consiste à redistribuer dans des pays arabes la plus grande partie des déplacés syriens qui se trouvent au Liban.

Commentant le fait que la fermeture du bureau du HCR constituerait un précédent, il note que l’attitude de cet organisme au Liban en est également un.

Les objectifs de la pétition

Les Forces libanaises élaborent actuellement "la première mouture" de cette pétition qui sera ensuite discutée avec les partis de l’opposition, puis avec les autres blocs parlementaires afin d’obtenir leur avis, selon M. Yazbeck.

Le premier objectif de la pétition "est de rappeler au HCR que son rôle, au Liban et ailleurs, est d’atténuer les souffrances des réfugiés et d’aider les pays hôtes à supporter le poids de la présence des déplacés", note-t-il.

Or, au Liban, "le HCR a dévié complètement de son rôle en appliquant une politique qui contribue à attirer plus de réfugiés, séduits par l’intérêt financier", souligne M. Yazbeck, qui n’hésite pas à accuser l’organisme onusien "d’aider à une sorte d’implantation de ces migrants".

Selon le député FL, le HCR doit comprendre que le Liban ne peut plus supporter cette présence, aux niveaux démographique, communautaire, sécuritaire et économique.

Le second objectif de la pétition est d’insister sur le fait que le Liban a ratifié, en 2003, un memorandum d’entente avec le HCR, qui stipule que le Liban "est un pays de passage et non d’asile pour les déplacés".

Rectifier le tir

En élaborant la pétition, les Forces libanaises espèrent amener le HCR à comprendre qu’il a "dévié de sa mission" et qu’il doit "rectifier le tir".

Si ce message, exprimé par un député représentant un large bloc parlementaire, est saisi par l’organisme onusien, ce dernier devrait commencer à modifier son attitude.

En revanche, si le HCR poursuit la même politique, les FL, avec les autres blocs qui approuveront cette démarche, demanderont la fermeture de son bureau à Beyrouth.

En parallèle, les Forces libanaises et leurs alliés poursuivront les contacts déjà entamés avec l’Union européenne, la Ligue arabe et les Nations unies, ainsi qu’avec les États-Unis et tous les pays concernés par l’action du HCR, afin de leur expliquer la position du Liban à l’égard des déplacés et de la politique du Haut-Commissariat.

"Nous avons évoqué le problème plusieurs fois avec le HCR, mais il continue de faire la sourde oreille et de pratiquer la langue de bois", martèle M. Yazbeck.

L’exode syrien est devenu "une crise nationale libanaise", selon le député FL, et tous les blocs parlementaires, quels que soient leurs désaccords sur de nombreux dossiers, sont unanimes à ce sujet et sur cette "menace existentielle liée à la souveraineté du Liban".

Plan de l’opposition

La pétition est accompagnée d’un plan, élaboré par l’opposition souverainiste, notamment les FL, les Kataëb et le Renouveau. "La première proposition que nous allons présenter aux pays arabes, à l’ONU et à toutes les parties concernées est de rapatrier les déplacés en Syrie. Ils peuvent s’installer dans de vastes régions, et y recevoir l’assistance internationale", selon M. Yazbeck.

La seconde proposition est établie sur le fait que le Liban est "un pays de passage et non d’asile", conformément au mémorandum signé avec le HCR. Partant, les déplacés doivent être répartis sur l’ensemble des pays arabes.

"La population libanaise résidente atteint près de cinq millions d’habitants et accueille près de 2,4 millions de Syriens, un chiffre qui équivaut à 50% de la population", selon M. Yazbeck. Un pays hôte ne doit pas accepter que les réfugiés qu’il accueille dépassent 1% à 2% de sa population, souligne-t-il. Et d’ajouter: "Le HCR, qui a la possibilité et le devoir de redistribuer les réfugiés qu’un pays hôte ne peut plus accueillir, devrait contacter les pays voisins et y envoyer ces déplacés, en les répartissant selon la superficie, la situation économique et le nombre d’habitants de chacun de ces pays."

L’autre rive de la Méditerranée 

M. Yazbeck souligne que le jour où le Liban n’arrivera plus à supporter la pression causée par la présence syrienne ni à contrôler leurs tentatives de le quitter par voie de mer, l’Europe fera face à "l’exode de centaines de milliers de réfugiés venant de l’autre rive de la Méditerranée".

Cependant, il précise que ses propos ne rejoignent pas ceux du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a récemment suggéré que le Liban ouvre sa frontière maritime aux réfugiés pour qu’ils embarquent vers l’Europe, et ce, afin de la forcer à négocier ce dossier.

"Mes propos sont contraires aux siens, précise M. Yazbeck. J’explique que si les parties concernées ne nous aident pas à alléger ce fardeau, elles augmenteront la pression subie par le Liban. Je ne menace pas, je mets en garde contre le fait que les autorités libanaises risquent de ne plus pouvoir empêcher le départ par la mer des Syriens. Hassan Nasrallah a, lui, menacé et tenu des propos miliciens, et je refuse que le Liban se comporte ainsi avec son voisinage."

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