Le commissaire général de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a lancé un véritable cri d’alarme: "Gaza est étranglée et il semble que le monde ait perdu son humanité." Dans une conférence de presse tenue dimanche dans les bureaux de l’Unrwa à Jérusalem-Est, M. Lazzarini a souligné que l’agence n’est plus "en mesure de fournir une aide humanitaire" aux habitants de Gaza, théâtre d’une guerre meurtrière qui oppose, depuis le 7 octobre, le groupe palestinien Hamas à Israël.

"Nous sommes au bord de l’effondrement. Si nous n’acheminons pas maintenant des fournitures à Gaza, l’Unrwa et les travailleurs humanitaires ne seront pas en mesure de poursuivre leurs opérations humanitaires", insiste-t-il. Il a, dans ce sens, exigé la levée du siège "pour que les organismes d’aide puissent sauver des vies et acheminer en toute sécurité des fournitures essentielles comme le carburant, l’eau, la nourriture et les médicaments". Il a, par ailleurs, appelé à "une suspension des hostilités pour des raisons humanitaires et cela doit se faire sans délai si nous voulons éviter de nouvelles pertes de vies".

Qualifiant la situation de "catastrophe humanitaire sans précédent", il a dénoncé le manque d’eau et d’électricité avant de prévoir une pénurie prochaine de nourriture et de médicaments. Au cours des huit derniers jours, le territoire palestinien a été privé des besoins les plus élémentaires: "Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer dans la bande de Gaza".

M. Lazzarini a également mis l’accent sur la saturation des écoles et autres installations de l’Unrwa, en raison du nombre grandissant de personnes y cherchant refuge. "Nous n’avons plus la capacité de les prendre en charge, malgré les appels à l’aide de la part d’habitants désespérés que nous recevons toutes les heures", se désole-t-il. Il a, dans ce contexte, précisé qu’"au moins 400.000 personnes déplacées se trouvent actuellement dans des écoles et des bâtiments de l’Unrwa, qui, pour la plupart, ne sont pas équipés pour servir d’abris d’urgence, en raison des conditions sanitaires épouvantables". Selon des rapports de l’agence, "des centaines de personnes partagent les mêmes toilettes et les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes et les personnes handicapées sont tout simplement privés de leur dignité humaine fondamentale", une "véritable honte", d’après le commissaire général.

À cela, s’ajoute la mort de "milliers de personnes, dont des femmes et des enfants". Gaza, où "aucun endroit n’est sûr", est même "à court de housses mortuaires", s’indigne M. Lazzarini, avant de poursuivre: "Au moins un million de personnes ont été forcées de fuir leurs maisons en une seule semaine. Un fleuve de personnes continue de couler vers le sud."

L’Unrwa a déjà "perdu 14 membres de son personnel", comme annoncé dans son discours. Des enseignants, des ingénieurs, des gardiens psychologues et un gynécologue ont péri des suites des affrontements et "l’équipe de l’agence a également déménagé à Rafah pour poursuivre les opérations depuis l’ultimatum israélien; elle travaille dans le même bâtiment que des milliers de personnes déplacées désespérées, rationnant également leur nourriture et leur eau", rapporte-t-il.

D’après lui, "les guerres, toutes les guerres, même celle-ci, ont des lois et le droit international humanitaire, qui est le droit de tout conflit armé, doit désormais être au centre de nos préoccupations". Ce droit "fixe explicitement les normes minimales qui doivent prévaloir à tout moment. La protection des blessés et des civils, y compris des travailleurs humanitaires, n’est pas négociable en vertu du droit humanitaire ", martèle-t-il.

Même si "l’attaque et la prise d’otages constituent une violation flagrante du droit humanitaire international, nous ne pouvons répondre à la mort de civils en tuant encore plus de civils, en imposant un siège et en bombardant des infrastructures civiles dans une zone densément peuplée", s’insurge-t-il. "Cela n’apportera pas la paix et la sécurité dans la région et le siège de Gaza, tel qu’il est imposé, n’est rien d’autre qu’une punition collective", soutient-il.

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