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La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a insisté, à l’issue de ses entretiens avec des responsables libanais, lundi, sur la nécessité de " tenir le Liban à l’écart " de la guerre qui fait rage à Gaza.

" Je suis venue à Beyrouth pour réitérer notre engagement en faveur du Liban et de la stabilité du pays ", a déclaré Mme Colonna lors d’une conférence de presse qu’elle a tenue en début de soirée à la Résidence des Pins, la résidence de l’ambassadeur de France.

" Le Liban doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour rester à l’écart d’une spirale de violence si jamais elle se produit, mais surtout pour l’empêcher ".

" Les responsables libanais ont une responsabilité à cet égard, pour éviter que le pays ne soit entraîné dans un engrenage, dont il ne se relèverait pas ", a averti Mme Colonna qui a clôturé à Beyrouth une tournée régionale qui l’a menée en Israël et en Égypte.

Elle a assuré qu' "aucun groupe ne doit penser qu’il peut essayer de tirer parti d’une situation " explosive, dans une allusion évidente au Hezbollah.

Des assurances et une position nuancée

Au cours de sa courte visite à Beyrouth, Mme Colonna a eu des entretiens avec le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.

Si elle a entendu au Sérail des propos plutôt rassurants sur l’attachement du Liban officiel à éviter que le pays ne soit entraîné dans le conflit en cours entre Israël et le Hamas, à Aïn el-Tiné, le discours était plus nuancé, a-t-on appris de source informée.

Selon cette source, M. Berry a assuré à la cheffe de la diplomatie française qu’il n’y avait " aucune volonté libanaise " de s’impliquer dans le conflit, mais que dans le même temps, " le Liban se préparait à toute éventualité ".

De même source, on a indiqué que le président de la Chambre a expliqué à son hôte que " cela ne signifie pas que le Liban ne sera pas impliqué d’une manière ou d’une autre, en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire à Gaza ".

Selon cette source, M. Berry était d’accord sur le point selon lequel un échange d’otages et de prisonniers entre le Hamas et Israël " pourrait contribuer à l’instauration d’un cessez-le-feu ". Cette idée avait déjà été évoquée par le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.

Au Sérail, Mme Colonna a également fait part de ses craintes relatives à d’éventuels dérapages à la frontière sud, où les échanges d’artillerie sont devenus quotidiens depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël. De sources proches du Premier ministre, on a indiqué qu’elle a exposé à M. Mikati les résultats de ses entretiens à Tel Aviv et au Caire.

Selon cette même source, sa tournée semblait s’inscrire dans le cadre d’une mission d’exploration au cours de laquelle elle a recueilli les différents points de vue, dans la perspective d’un règlement politique du conflit armé en cours. Or, pour cette source, ce règlement ne semble pas très proche.

Lors de sa rencontre avec le commandant en chef de l’armée, Mme Colonna a insisté sur l’importance du rôle que celle-ci assume pour assurer la sécurité dans le sud du Liban.

" Il était important de souligner le soutien de la France à l’armée et le fait que cette dernière est directement concernée par la sécurité du pays, du peuple libanais et des étrangers " qui y vivent, selon la source informée.

Au cours de sa conférence de presse, la ministre française des Affaires étrangères avait insisté sur le fait que " la raison principale de son voyage au Proche-Orient est d’éviter un embrasement dans la région ". Il faut " continuer à éviter un embrasement qui peut menacer toute la région ", a-elle déclaré.

Qualifiant la situation régionale de " préoccupante et de manifestement dangereuse ", elle a déclaré que la France entendait " faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter une escalade ".

Elle a également réitéré le soutien de la France à Israël qui, selon elle, " a fait face à une attaque terroriste sans précédent ", en référence à l’opération " Déluge d’Al-Aqsa " lancée par le Hamas le 7 octobre dernier contre Israël.

Concernant la population palestinienne de Gaza, la ministre a souligné que " tous les civils doivent avoir la possibilité de quitter Gaza s’ils le souhaitent ", ajoutant que " le Hamas ne peut pas prendre en otage toute une population ".

Elle a également affirmé que " la France soutient la proposition de l’Égypte d’organiser un sommet des dirigeants de certains pays arabes et européens concernés par Gaza, en présence des membres permanents du Conseil de sécurité " pour trouver une issue à la crise.