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Depuis la prise du contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007, Israël impose à ce territoire un blocus terrestre, maritime et aérien, qui s’est transformé en "siège total" depuis le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a déclenché l’opération "Déluge d’Al-Aqsa" contre l’État hébreu. Depuis, l’étau se resserre sur Gaza, soumis à un déluge israélien de fer et de feu.

Quelles seraient les issues possibles au conflit en cours et pourquoi le nom de Rafah est sur toutes les lèvres ?

Une prison à ciel ouvert

La bande de Gaza est une enclave qui s’étend sur un rectangle de 42 kilomètres de long sur 6 à 12 kilomètres de large. Elle est bordée au nord et à l’est par Israël, à l’ouest par la mer Méditerranée et au sud par l’Égypte.

Pratiquement, il faudrait environ une heure pour se déplacer en voiture de Rafah, au sud, à Beit Hanoun, au nord. Sur ce petit territoire, vivent près de 2,4 millions de Palestiniens.

Depuis juin 2007, date à laquelle le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza, Israël considère Gaza comme un "territoire hostile", selon le rapport spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (2008). Il lui impose un blocus terrestre, maritime et aérien, doublé d’un embargo depuis près de 20 ans. De ce fait, "la majorité de la population à Gaza dépend de l’aide alimentaire fournie par l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) et le Programme alimentaire mondial (PAM)", selon le rapport susmentionné.

Compte tenu de sa situation géographique particulière, Gaza a seulement deux points de passage terrestres. Celui de Beit Hanoun (connu sous le nom d’Erez en Israël) à la frontière nord avec Israël, contrôlé par l’armée israélienne, et celui de Rafah (nom d’un des cinq districts de Gaza) à la frontière sud avec l’Égypte, géré par les autorités égyptiennes.

Un troisième point de passage depuis Rafah, celui de Karem Abou Salem (ou Kerem Shalom), est contrôlé par Israël et destiné uniquement aux Israéliens.

Ces points frontaliers sont restés plus souvent fermés qu’ouverts. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (UNOCHA), les autorités égyptiennes avaient fermé le passage frontalier de Rafah avec Gaza pendant de longues périodes après 2014, en raison des troubles politiques en Égypte. Par exemple, durant les cinq premiers mois de 2022, le passage a été ouvert 95 jours sur 151, selon ce même rapport.

En outre, pour traverser le passage d’Erez, un Palestinien doit être muni d’un permis spécial délivré par les autorités israéliennes, généralement octroyé pour des raisons médicales.

À cela s’ajoute un mur de béton hautement fortifié qui sépare la bande de Gaza d’Israël à l’est.

Il est important de souligner que cette enclave palestinienne ne dispose pas d’aéroport depuis la destruction de celui qui porte le nom du chef de l’OLP, Yasser Arafat, en 2001, trois ans après son ouverture, à la suite d’un bombardement israélien.

On comprend dès lors clairement le surnom de "prison à ciel ouvert" donné à la bande de Gaza, prison dont la seule issue reste le passage de Rafah. Il faut cependant préciser que même la sortie par Rafah demeure contrôlée. Toute personne désirant quitter Gaza, qu’elle soit palestinienne ou non, devra obtenir un document justificatif qui l’autorise à le faire, selon les sources du média français RFI.

Un point stratégique

Depuis le déclenchement de la guerre de Gaza, le 7 octobre 2023, le passage de Rafah représente un enjeu crucial, d’autant qu’un "siège total" est imposé à la région, selon les propos des autorités israéliennes. Ce passage constitue la seule porte d’entrée terrestre des aides humanitaires.

Selon un rapport du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (UNOCHA) datant du 18 octobre 2023, "près de 3.000 tonnes de marchandises attendent dans des camions du côté égyptien du passage de Rafah" qui reste fermé à "l’aide humanitaire désespérément nécessaire", comprenant "de la nourriture, de l’eau et des médicaments".

Le président américain, Joe Biden, avait annoncé mercredi que l’Égypte et Israël étaient convenus d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza.

Les Égyptiens devaient entreprendre jeudi des travaux en vue de réparer les dégâts causés par les bombardements israéliens dans le périmètre du passage de Rafah, d’après des sources de l’AFP. Les aides ne pourraient pas arriver avant vendredi en raison de ces travaux.

Mais la délivrance est encore loin d’être envisageable pour les déplacés gazaouis qui ont fui vers le sud de la bande de Gaza. Ils sont plus d’un million, dont un bon nombre attend aux portes de Rafah dans l’espoir d’une ouverture.

Le terminal de Rafah serait susceptible d’ouvrir uniquement dans le sens de l’entrée à Gaza, vu que l’Égypte refuse d’accueillir les Palestiniens sur son sol.

Toujours selon le rapport du 18 octobre, "les passages d’Erez et de Kerem Shalom avec Israël restent également fermés. Les autorisations des patients et de leurs accompagnateurs pour sortir de la bande de Gaza afin d’accéder à une assistance médicale en Cisjordanie et en Israël ne sont plus délivrées depuis le 7 octobre".

 

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