Le Premier ministre, Najib Mikati, a nommé en fin d’année son conseiller, Bassel Hassan, à la tête du Comité pour le dialogue libano-palestinien (CLPD). Le Dr. Hassan succède ainsi à l’ancien ministre Hassan Mneimné, qui présidait cette instance depuis la formation du gouvernement de Tammam Salam en 2014.

Cette procédure traditionnelle effectuée par les présidents du Conseil répond au règlement qui régit la formation du Comité pour le dialogue Liban-Palestine, dans la mesure où ce dernier est considéré comme un organe gouvernemental officiel sous la tutelle au Conseil des ministres, auquel il présente les résultats de ses actions. Selon la description adoptée de la mission du Comité, il s’agit d’une “équipe de travail libanaise qui traite des questions des réfugiés palestiniens et s’occupe des politiques globales de l’État libanais à leur égard ".

Ce Comité a constitué à son tour un trait d’union et de liaison centralisé entre les réfugiés et les instances officielles concernées (à l’instar des ministères de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, des Affaires sociales et du Travail).

Or à la lumière de ce qui précède, il ne fait aucun doute que ce " Comité pour le dialogue " Liban-Palestine est un comité complètement libanais et non un comité mixte comme son appellation le suggère. Partant, il s’agit du premier organe gouvernemental chargé d’élaborer les politiques gouvernementales en adoptant une approche différente de l’approche sécuritaire qui prévaut.

Il est utile dans ce contexte de mettre en exergue les projets importants qui ont été mis en œuvre en amont et en aval de la catastrophe des événements de Nahr el-Bared, et de la reconstruction qui s’en est suivie. À l’époque, les canaux de communication internationaux entre le Liban et la Palestine ont été rétablis. Des avancées en vue d’un règlement du problème des personnes ayant perdu leurs documents d’identité ont été réalisées, et la décision qui consistait à radier les Palestiniens titulaires d’une seconde nationalité de l’état civil a été suspendue. Parallèlement, des projets d’avenir en lien avec les infrastructures dans les camps, l’avenir des jeunes, la création d’une base de données moderne pour le recensement général des résidents et des catégories professionnelles et scientifiques, ont été mis en place.

Ainsi, nous pouvons affirmer que le gouvernement libanais a disposé pour la première fois d’une base de données fiable pour élaborer des politiques réalistes et précises, dès lors qu’il a besoin de prendre une décision concernant les réfugiés palestiniens. Le dernier projet en date était la publication d’un bulletin trimestriel intitulé " des ponts pour le dialogue et le retour ", dont huit numéros ont déjà vu le jour, reflétant des interactions et des approches sérieuses de part et d’autre.

Du rapprochement des points de vue

Il y a quelques années, huit partis politiques – les Kataëb, les Forces libanaises, le Courant patriotique libre, les Marada, le mouvement Amal, le Hezbollah, le Parti socialiste progressiste et le Courant du futur – ont organisé des tables rondes deux ans durant, sous le parrainage du Comité pour le dialogue. Ces efforts substantiels ont abouti au lancement du rapport nommé " la vision libanaise commune " courant l’été 2018 à partir du Grand Sérail.

L’automne passé, le Comité pour le dialogue Liban-Palestine a lancé son nouveau projet en vue d’unifier la vision palestinienne. La première phase du projet a été achevée en fin d’année dernière. Des ateliers de travail ont été mis sur pied regroupant les principales organisations qui travaillent au sein des camps ainsi que les académiciens palestiniens, les journalistes et les dignitaires religieux. La deuxième phase sera axée sur les bailleurs de fonds internationaux et arabes, ainsi que les dirigeants politiques de toutes les factions palestiniennes, afin de parvenir à la rédaction d’un rapport qui incarne la concorde palestinienne et pose les jalons d’une vision libano-palestinienne unifiée.

Cependant, la décision du président du CLPD, Bassel Hassan, de suspendre immédiatement la mise en œuvre du projet sans avancer une explication claire, est pour le moins surprenante et inédite. Ce qui a entraîné une crise avec les Nation unies, qui financent et parrainent ce projet.

En bref, les efforts déployés par toute une équipe de travail ont été réduits à néant, et cette équipe a été remerciée sans discussion ou même préavis.

Une telle entrée en matière n’augure rien de bon et porte des indices négatifs susceptibles d’affecter les autres projets. Elle n’est pas sans nous rappeler ce qui s’est passé lorsque Abdel Majid Kassir avait présidé ce comité, à la suite de la formation du cabinet Mikati après la chute du cabinet dirigé par Saad Hariri, alors que ce dernier  se trouvait à la Maison Blanche à Washington, en janvier 2011. À cette époque, le Comité pour le dialogue a connu une période de stagnation et de repli, voire une absence de la scène publique, ce qui a conduit le président Mikati à confier à Khaldoun el-Charif la mission de remédier à cette situation autant que faire se peut.

À l’heure actuelle, il ne nous reste plus qu’à espérer que cette institution reste fonctionnelle et cet espace de travail sérieux, d’autant plus qu’elle constitue un cadre légal pour prendre les décisions en vue de redresser les relations libano-palestiniennes officielles, avec les partis et entre les deux populations. Le but étant de renforcer la transparence et la réconciliation afin de servir l’intérêt national libanais et de garantir aux réfugiés leurs droits humains.

C’est à se demander en quoi mettre des bâtons dans les roues du projet de la vision unifiée aide le Liban dans sa quête du mieux.