Au deuxième jour de sa visite au Liban, le représentant personnel du président français Emmanuel Macron pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, a multiplié les réunions avec les dirigeants libanais. À l’ordre du jour des discussions, figurent notamment le dossier de la présidentielle, le commandement de l’armée, en raison du problème que pose le départ à la retraite du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, le 10 janvier, ainsi que l’évolution de la situation à la frontière sud au regard de la guerre qui oppose le Hamas et Israël à Gaza.

Cette mission, la quatrième depuis le début de la vacance le 31 octobre, se distingue, selon une source bien informée, des trois précédentes, du fait qu’elle constitue une mise en garde contre deux éléments essentiels: d’une part que le Liban, sans président, ne soit pas impliqué dans les négociations autour du dossier de Gaza et, d’autre part, que la situation au Liban-Sud se dégrade. Or, "le Hezbollah risque de ne pas lâcher son candidat, Sleiman Frangié, et de chercher à l’imposer en contrepartie de sa non-implication dans la guerre de Gaza", affirme-t-on à Ici Beyrouth dans les mêmes milieux.

Jeudi, M. Le Drian a été reçu par le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, ainsi que le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel. Qualifiant les discussions de "positives", M. Gemayel a, à l’issue de la réunion, affirmé que "le problème (de la présidentielle) réside dans le fait que le Hezbollah reste attaché à la candidature" du chef des Marada, Sleiman Frangié, et "refuse de débattre de tout autre nom". "Le responsable du blocage est désormais connu de tout le monde", a-t-il lancé, appelant "le Hezbollah et ses alliés à se départir de tout diktat". "Il n’y a d’autre choix que d’opter pour un candidat qui bénéficie d’un consensus", a ajouté M. Gemayel.

"Nous avons besoin d’une institution militaire unificatrice pour appliquer la (résolution) 1701" du Conseil de sécurité des Nations unies, a en outre insisté le chef des Kataëb. Il a appelé, à cet égard, à "ne pas déstabiliser le commandement de l’armée en cette période". "Nous sommes incapables de nommer un commandant en chef de l’armée et nous appelons à retarder le départ à la retraite", du général Joseph Aoun, a insisté M. Gemayel.

Se penchant sur la situation dans la région, M. Gemayel a estimé que "les changements qui s’y opèrent seront structurels". "Le Liban est au cœur de la tempête et nous devons nous unir pour pouvoir faire face à la prochaine étape, aux décisions cruciales et aux grands compromis", a-t-il poursuivi. Et de marteler: "Nous refusons que des compromis se fassent au détriment de l’État libanais. Nous avons payé le prix de l’anarchie au Liban-Sud et des atteintes à la souveraineté nationale."

Et de conclure en insistant sur la nécessité d’appliquer pleinement la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.

M. Le Drian a, par la suite, tenu un déjeuner de travail avec les députés Michel Moawad et Fouad Makhzoumi à la Résidence des pins, en présence de l’ambassadeur de France Hervé Magro. Il a, par la suite, reçu les députés Mark Daou, Michel Doueihy et Waddah Sadek. M. Le Drian devrait recevoir, en fin d’après-midi, les députés de la Modération nationale (Liban-Nord).