Le Hamas au Liban a annoncé lundi, dans un communiqué, la création d’un groupuscule baptisé " les avant-gardes du Déluge d’Al-Aqsa ", dont la mission est de " libérer Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa ".

Silence radio du côté d’un gouvernement qui, depuis le début de la guerre de Gaza, conjugue le verbe démissionner à tous les temps, laissant le pays à la merci d’une milice armée à qui revient la décision d’entraîner ou pas les Libanais dans une guerre. Face au communiqué du Hamas, il détourne encore une fois le regard.

La création des " avant-gardes du Déluge d’Al-Aqsa ", annonciatrice d’un Hamas Land à l’image du funeste Fateh Land, a été en revanche très critiquée dans les milieux politiques souverainistes. "La place des avant-garde du Déluge d’Al-Aqsa est en Palestine et non pas du Liban et sûrement pas à partir du Liban", a écrit le chef des Kataëb, Samy Gemayel, sur son compte X, avant d’ajouter: "Nous ne retournerons pas à une époque révolue", en allusion à l’époque où l’OLP de Yasser Arafat lançait à partir du Liban des opérations militaires contre Israël.

Député de l’opposition, Michel Doueihy a rejeté l’initiative du Hamas, dénonçant une atteinte flagrante à la souveraineté libanaise et aux Libanais "qui, tout en soutenant la cause palestinienne, ont fait savoir qu’ils ne veulent pas que ce qui reste du Liban soit détruit et souhaitent un peu de stabilité". Selon lui, "le gouvernement et l’armée doivent faire face à toute atteinte à la souveraineté libanaise".

Son collègue, Mark Daou, a rappelé sur son compte X que "le Liban est un État et non une scène que le Hamas peut exploiter". Il a appelé le Hamas à faire machine arrière.  " Sinon, a-t-il averti, nous considérerons leur initiative comme un acte hostile contre les Libanais et une atteinte à leur sécurité".

Le député Ziad Hawat (Forces libanaises) a averti contre une réédition désastreuse des erreurs du passé "au service d’un projet non libanais", dans un commentaire sur son compte X.

Selon lui, "les avant-gardes du Déluge d’Al-Aqsa et les armes illégales du Hezbollah consacrent le chaos et la souveraineté bafouée". "La seule solution réside dans la primauté de l’État", a-t-il dit, en soulignant que "seule l’armée peut protéger le Liban".

Le président de l’association Nawraj, Fouad Abou Nader, a vu dans la démarche du Hamas un premier pas vers "la mobilisation militaire (des Palestiniens du Liban), l’armement des camps et l’établissement de camps d’entraînement". "Elle est contre l’intérêt et la stabilité de l’État libanais  et constitue une violation supplémentaire de la résolution 1701", a-t-il relevé dans une déclaration, en insistant sur le fait que c’est de Gaza et non pas à partir du Liban que ces groupuscules doivent combattre Israël.

Le Rassemblement de Saydet el-Jabal, a dénoncé "une annonce hideuse", qu’il a rejetée, en soulignant qu’elle "ramène le Liban à une époque qui était marquée par les divisions".

Estimant qu’il s’agit d’une mesure provocatrice, il a souligné la nécessité de "faire assumer à l’Iran, à travers le Hezbollah qui coordonne avec le Hamas, les conséquences des tentatives de profiter du vide au niveau du pouvoir au Liban pour transformer ce pays en une base pour la libération de la Palestine".

Le Rassemblement a jugé tout aussi nécessaire de "pointer du doigt la négligence des autorités, responsables de l’application de la résolution 1701". Il a appelé les personnalités et les forces souverainistes à organiser un sit-in politico-populaire, pour protester contre le communiqué du Hamas, "qui représente un véritable coup d’État".