Entre la présidence du Parlement et celle du Conseil, les tractations se poursuivent pour essayer de dégager une formule de nature à maintenir le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, à son poste. Ce, pour éviter de déstabiliser les forces régulières et leur commandement dans les circonstances actuelles que traverse le Liban.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la visite que le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Najib Mikati, a effectuée mardi à Aïn el-Tiné, pour des concertations avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Celles-ci ont porté sur un autre sujet d’actualité, à savoir la situation explosive au Liban-Sud et les risques de dérapages, d’autant plus que la branche du Hamas au Liban vient d’annoncer la constitution d’un groupuscule dont la finalité est de mobiliser la jeunesse palestinienne "pour libérer Jérusalem et la mosquée d’Al-Aqsa".

La prolongation du mandat du général Aoun, dont le départ à la retraite est prévu le 10 janvier, est presque acquise, même si le chef du CPL, Gebran Bassil, continue de s’y opposer. Le consensus local et international autour de l’opportunité d’une telle décision facilite un ajournement du départ à la retraite du commandant des forces régulières.

Les discussions portent toujours sur les moyens susceptibles de maintenir le général Aoun à son poste. Nabih Berry avait promis de convoquer une réunion parlementaire durant laquelle serait approuvée une proposition de loi en ce sens – qu’il s’agisse de celle des Forces libanaises ou d’autres, présentées notamment par le PSP et le bloc de la Modération nationale – au cas où le gouvernement ne parviendrait pas à s’entendre sur une rallonge du mandat du général Aoun.

Selon diverses sources concordantes, le fait que M. Berry n’ait toujours pas convoqué le bureau de la Chambre à une réunion censée préparer l’ordre du jour d’une séance plénière signifie que les chances d’un règlement au niveau du gouvernement persistent.

Une des solutions médianes évoquées dans ce contexte est que le Conseil des ministres prolonge le mandat du général Aoun et nomme en même temps un nouveau chef d’état-major, en l’occurrence, le général Hassane Audi, l’officier druze le plus haut gradé. Le choix de ce dernier est agréé par toutes les forces politiques.

Une prolongation du mandat du général Aoun, sur décision de la majorité, moins le CPL, en Conseil des ministres, ferait l’objet d’un recours en invalidation devant le Conseil d’État, présenté bien entendu par le parti que préside Gebran Bassil.

Mais, selon des sources parlementaires, ce recours reste un détail, puisque la stabilité au niveau du commandement de l’armée aura été entre-temps préservée. Le temps que le Conseil d’État se prononce au sujet du recours, un président aura peut-être été élu. Dans le cas contraire, le chef d’état-major prendra les commandes le jour où expirera le nouveau délai fixé pour le maintien du général Joseph Aoun à son poste.

Ce qui est sûr, c’est que l’option de la nomination d’un successeur au commandant de la Troupe en l’absence d’un président de la République est hors de question. Même le Hezbollah et le mouvement Amal ne veulent pas créer de précédent à ce niveau. Quant au choix défendu par Gebran Bassil, à savoir que l’officier le plus haut gradé dirige les forces régulières en attendant un déblocage de la présidentielle, il est toujours rejeté par toutes les parties. Et pour cause: l’officier en question est proche du chef du CPL.

"Éviter une guerre" 

Pour ce qui est de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, Najib Mikati a communiqué au président de la Chambre les résultats des entretiens qu’il a menés à Dubaï, en marge des travaux de la 28ᵉ conférence des parties sur le climat (COP 28). Il a ainsi conféré, entre autres, avec le président français, Emmanuel Macron, au sujet de la situation explosive au Liban-sud.

Le Premier ministre sortant, qui a par la suite accueilli les membres du corps consulaire au Liban, a expliqué devant ses visiteurs que le but de ses contacts avec Washington, l’ONU et l’Union européenne est d’"éviter au Liban une guerre généralisée".

Il a souligné que "des négociations seront menées au cours des prochains mois, à travers les Nations unies, pour assurer davantage de stabilité à la frontière sud". Selon M. Mikati, ces pourparlers s’articuleront autour de deux éléments: "poursuivre l’application de la résolution 1701, puis régler le problème des points frontaliers litigieux".

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