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L’annonce, par le Hamas, de la formation du groupuscule, les "avant-gardes du Déluge d’Al-Aqsa" au Liban, n’a rien de surprenant.

Le groupe islamiste palestinien partage la même salle d’opérations politiques, sécuritaires et militaires que le Hezbollah. Par ailleurs, certaines de ses figures clés sont basées à Beyrouth pour unifier les champs d’action, ainsi que les activités qui relèvent de l’axe de la Moumanaa, dont il fait partie.

Il n’en demeure pas moins que l’objectif et le timing de l’annonce interpellent. Celle-ci ravive des souvenirs de la guerre du Liban, de l’image du "Fateh Land" et de la présence incontrôlée des armes palestiniennes, alors que le président palestinien, Abou Mazen (Mahmoud Abbas) avait confié à l’État libanais la gestion du dossier des armes palestiniennes, ainsi que la sécurité des camps.

Selon certaines informations, c’est le Hezbollah qui a sollicité l’annonce de la création du nouveau groupuscule, anticipant une phase de pressions intenses exercées sur le Liban pour l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.

La formation pro-iranienne cherche ainsi à se cacher derrière le thème de la présence palestinienne au Liban et de l’activisme sunnite (anti-israélien) pour montrer que ses armes ne sont pas les seules à être au service de la résistance. Cette situation représente cependant un danger majeur pour le Hamas et pour la présence palestinienne en général au Liban, étant donné qu’elle plonge les camps de réfugiés palestiniens dans une lutte de pouvoir et détourne leur attention des événements à Gaza.

Elle marque aussi le début de tensions majeures sur la scène libanaise. À travers sa démarche, le Hamas a commis une grave erreur à l’égard des Palestiniens au Liban, en risquant de ramener les relations libano-palestiniennes à la case départ, alors que le Fateh et l’autorité palestinienne n’avaient épargné aucun effort pour normaliser ces relations et empêcher l’instrumentalisation de la présence palestinienne dans les conflits internes ou pour des considérations régionales, notamment celles en rapport avec les intérêts de l’Iran au Liban.

Pour contrer les risques liés à l’annonce du Hamas, le Fateh envisage, à travers ses dirigeants et par l’intermédiaire de l’ambassade de Palestine à Beyrouth, d’établir une série de contacts avec les dirigeants libanais. Le but est de montrer que les Palestiniens du Liban n’adhèrent pas à l’initiative du groupe islamiste palestinien.

Il est évident que le mouvement Hamas s’est plié aux souhaits du Hezbollah qui se prépare à faire face à l’application de la résolution 1701 et qu’il est devenu le fer de lance pour défendre la politique de la formation pro-iranienne.

Parmi les instruments du Hezbollah, il faut compter le Hamas et le Jihad islamique, ainsi que certains groupes opérant pour les Brigades de la résistance, tous sunnites. Autant de boucliers dont celui-ci se servira pour entraver l’application de la 1701, sous prétexte de la "résistance".

Pendant ce temps, l’axe de la Moumanaa sera occupé à contempler la destruction de Gaza; le tout suivant le plan du Hamas qui a accepté de jouer le rôle d’instrument du Hezbollah, en dépit de ses retombées négatives sur les camps et la situation interne au Liban.

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