Une délégation des ministères de l’Europe et des Affaires étrangères et des Armées est arrivée à Beyrouth après une visite à Tel Aviv.

Paris poursuit sa mission auprès du Liban et d’Israël pour essayer de dégager un terrain d’entente autour d’une mise en application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU et de rétablir ainsi la stabilité des deux côtés de la frontière sud.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la visite, à Beyrouth, d’une délégation conjointe des ministères français de la Défense et des Affaires étrangères. Composée du directeur politique et de sécurité au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Frederic Mondolini, et de la directrice générale des relations extérieures et de la stratégie au ministère des Armées, Alice Rufo, la délégation s’était d’abord rendue à Tel Aviv, pour des discussions autour de la mise en œuvre de la 1701.

Elle poursuit de la sorte la mission dont les jalons ont été posés fin novembre par l’émissaire du président Macron pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, et que le directeur de la DGSE, Bernad Emié, a complétée par une visite il y a quelques jours à Tel Aviv, puis à Beyrouth.

Il n’est pas question d’un amendement de la 1701, s’accorde-t-on à dire dans plusieurs milieux diplomatiques, où l’on indique qu’Israël et le Liban échangent, par le biais des émissaires français, les points de vue au sujet de la mise en œuvre de la 1701, souhaitée par les deux parties.

Bernard Emié avait notamment transmis aux autorités libanaises un message de Tel Aviv qui exige, conformément à cette résolution, une zone démilitarisée au sud du Litani, où seules l’armée et les forces de sécurité libanaises, ainsi que la Finul seront présentes.

Soumis à de fortes pressions de la part des élus et des habitants des villages frontaliers du Liban qui lui reprochent d’avoir échoué à assurer leur sécurité, le gouvernement de Benjamin Netanyahou veut éloigner le Hezbollah et plus particulièrement son unité d’élite, Al-Radwane, de sa frontière nord. Il s’est dit en faveur d’une solution diplomatique au conflit militaire avec le Hezbollah, mais en menaçant qu’il n’attendra pas éternellement que celle-ci soit établie.

Selon l’agence locale, Al-Markaziya, les autorités libanaises n’ont pas encore donné de réponse précise aux Israéliens, via les émissaires français. Pour Beyrouth, qui réaffirme inlassablement son attachement à la 1701, Tel Aviv devrait en premier lieu arrêter ses agressions contre le Liban.

Cette position a été de nouveau exprimée par le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, devant Mme Rufo et M. Mondolini qu’il a reçus en son bureau, au centre-ville de Beyrouth. Il s’est dit en faveur d’une application entière de la 1701, tout en rappelant que le Liban a répertorié depuis 2006 "plus de 30.000 violations israéliennes de cette résolution". Il a aussi plaidé pour un soutien plus accru à l’armée, "fondamental pour la mise en œuvre de cette résolution".

M. Bou Habib a en outre insisté sur la nécessité d’un arrêt des attaques israéliennes contre le Liban-Sud et réclamé une délimitation de la frontière terrestre, ce qui suppose, a-t-il dit devant ses visiteurs, un retrait israélien de tous les secteurs libanais occupés. Il leur a soumis une autre demande: Israël ne doit plus violer l’espace aérien libanais pour attaquer la Syrie.

Toujours selon Al-Markaziya, la réponse libanaise à Tel Aviv devrait être transmise avant la fin de l’année.

Les résultats de la mission française devraient déterminer par la suite le rôle des États-Unis qui, en cas de cessez-le-feu au sud, entreraient de nouveau en jeu à travers leur émissaire, Amos Hochstein, pour lancer les tractations en vue de la délimitation de la frontière terrestre avec Israël.

Mais on n’est pas encore là. Parce qu’il faut que l’Iran, à travers le Hezbollah, puisse être convaincu de l’opportunité d’un rétablissement de la stabilité à la frontière avec Israël, devenue, selon le secrétaire général de cette formation, Hassan Nasrallah, un front de soutien à Gaza. Et, pour qu’il en soit convaincu, il faut qu’il en obtienne le prix.

Quoi qu’il en soit, la France, mandatée par le Groupe des cinq dont elle fait partie, avec les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et le Qatar, s’efforce pour l’heure d’éviter que le conflit entre le Hezbollah et Israël dégénère et de paver la voie à une solution diplomatique.

La délégation française, qui s’est rendue en fin d’après-midi auprès du président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, le député Fadi Alamé, lui a communiqué les craintes de Paris au sujet d’une possible détérioration de la situation au sud du pays.

Elle a également affirmé devant son hôte qu’il n’est pas question d’un amendement de la 1701 et que les efforts actuellement menés s’orientent tous vers un règlement à travers les canaux diplomatiques.

Accompagnée de l’ambassadeur de France, Hervé Magro, et de l’attaché militaire auprès de l’ambassade de France, Gregory Medina, la délégation s’est ensuite rendue auprès du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, avec qui elle a évalué la situation à la frontière sud. La délégation a souligné, à cette occasion, l’importance du rôle de l’armée dans le maintien de la sécurité et de la stabilité en cette période.