Une vive polémique s’est engagée mardi entre les Forces libanaises (FL) et le Premier ministre sortant, Najib Mikati, au sujet de la convocation à une séance du cabinet devant porter sur le report du départ à la retraite du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun. 

Les FL se sont dites "sidérées" par l’invitation du Premier ministre sortant, Najib Mikati, à une séance du cabinet pour "soi-disant prolonger le mandat du commandant en chef de l’armée libanaise". Or, selon les FL, cette invitation vise à "bloquer la voie à cette prorogation qui nécessite la signature – improbable – du ministre sortant de la Défense, Maurice Slim". D’où le caractère "illégal de la démarche du Conseil des ministres qui survient au lendemain de la convocation du président du Parlement, Nabih Berry, à une séance législative jeudi, dédiée à cet effet". Et, les FL de se demander: "M. Mikati sait-il ce qu’il fait?" 

Dans un communiqué publié mardi, les FL ont déclaré: "M. Mikati a eu largement le temps, durant les derniers mois, de procéder à une prorogation légale du mandat du commandant en chef de l’armée, mesure qu’il n’a pas entreprise". Et de poursuivre: "Comment expliquer cette décision annoncée au moment où il a été décidé que la question de la prorogation du mandat sera débattue au Parlement?" Surtout que l’on sait que "si elle est décidée en Conseil des ministres, cette prorogation est susceptible d’être facilement contestée et révoquée, créant un vide au sein de l’institution militaire". 

Réponse de Mikati

À cette déclaration, le Premier ministre sortant s’est empressé de rétorquer, dans un communiqué publié par son bureau de presse: "M. Mikati est extrêmement surpris par les propos tenus par les FL."

D’après lui, la convocation à une séance du cabinet vise à reporter de six mois la démobilisation du commandant en chef de l’armée, ce qui ne va pas à l’encontre de la proposition de loi émise par les Forces libanaises, qui consiste en un recul de l’âge de la retraite d’une année entière. Il a rappelé, dans ce contexte, la visite en novembre dernier de Ghassan Hasbani, député des FL, dans le cadre de laquelle il a demandé le report de la démobilisation.

En conclusion, il était dit dans le communiqué que "M. Mikati est pleinement conscient de ses actes et agit pour le bien de la nation et pour préserver l’institution militaire. Il estime que tous les partis politiques, y compris les FL, devraient coopérer et adopter des lois, loin des considérations personnelles".

Réaction FL

Les FL n’ont pas tardé à réagir à la réponse de M. Mikati. Dans un second communiqué publié mardi, elles ont regretté "la tentative du Premier ministre de dissimuler ses intentions derrière des procédures et des mesures visant à bloquer la prolongation du mandat du commandant en chef de l’armée".

Ils ont, de ce fait, émis les observations suivantes:

"Premièrement, lorsque les députés de l’opposition, notamment le député Ghassan Hasbani, ont rencontré M. Mikati, ils avaient pour objectif de lui demander le report de la démobilisation du général Joseph Aoun, dans un cadre légal. Ils ne voulaient pas d’une parodie de report pouvant facilement faire l’objet d’un appel et d’une révocation.

Deuxièmement, la demande du report de démobilisation a eu lieu il y a des semaines. Si M. Mikati avait pris sa décision conformément à la loi, il aurait empêché toute tentative de contestation. Ce qu’il y a de plus important, c’est que le Parlement aurait pu assumer sa responsabilité en cas de validation de l’appel contre la décision. Or, M. Mikati a attendu que M. Berry convoque à une séance parlementaire pour appeler le gouvernement à une prolongation du mandat de M. Aoun.

Troisièmement, tout appel du gouvernement au report de la démobilisation signifie aujourd’hui une tentative d’empêcher la prolongation du mandat.

Quatrièmement, la seule solution consiste à permettre au Parlement d’approuver la loi sur le recul de l’âge légal de la retraite."

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