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Alors que la guerre qui fait rage à Gaza, entre Israël et le Hamas, se poursuit sans relâche depuis près de trois mois et que le "front de solidarité" sud ouvert par le Hezbollah s’embrase, le risque d’une réédition de l’incursion israélienne de 1978 dans le sud du Liban, en vue d’établir une zone tampon, s’accroît.

Dans les cercles diplomatiques occidentaux, on insiste sur la nécessité urgente d’une "application pleine et appropriée" de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies afin d’éviter un tel scénario, qui gagne en ampleur en Israël.

Dans les milieux précités, on s’appuie sur les similitudes entre les conditions actuelles et celles qui prévalaient en 1978, lorsque les combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) s’étaient retranchés dans le sud du Liban, lançant des attaques contre le nord d’Israël, pour affirmer qu’Israël chercherait à sécuriser ses colonies du nord "à tout prix" et "par n’importe quel moyen".

Selon une source diplomatique, "les efforts occidentaux s’intensifient pour éviter la guerre, sachant que les Israéliens désirent se lancer dans ce qu’ils savent faire le mieux, c’est-à-dire imposer une sorte de zone tampon pour protéger leur population dans le nord du pays".

Baptisée "opération Litani", l’invasion israélienne de 1978 avait pour objectif de repousser les combattants de l’OLP au nord du fleuve Litani. En réponse à l’invasion, le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté la résolution 425, en vertu de laquelle "la Force intérimaire des Nations unies a été fondée au Liban afin de s’assurer du retrait des forces israéliennes du Liban, d’assurer la sécurité à la frontière et d’aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité effective" dans cette région.

Aujourd’hui, Israël appelle à l’application "pleine et appropriée" de la résolution 1701 qui a mis fin à la guerre de 2006 entre l’État hébreu et le Hezbollah. Conformément à cette résolution, le sud du Litani devrait être une zone démilitarisée, avec pour seule présence armée celle de la Finul et de l’armée libanaise.

À cet égard, on dément dans les milieux diplomatiques occidentaux toute intention d’amender ou de modifier la résolution 1701.

Selon les sources précitées, "il ne s’agit pas de modifier le cadre de la résolution 1701 ou les modalités de son application, mais d’assurer sa pleine mise en œuvre par les deux parties libanaise et israélienne". Cela devrait mettre un terme, d’après les mêmes sources, aux invasions aériennes israéliennes et permettre une plus forte présence de l’armée libanaise au Liban-Sud".

Dans ces mêmes milieux, on exclut un rôle supplémentaire que pourraient jouer les militaires français en dehors du cadre de la Finul, à laquelle la France contribue à hauteur de 700 soldats, et ce, malgré le fait que la diplomatie française soit très active au Liban depuis le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre.

Les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense, respectivement Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, l’envoyé spécial du président français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, et le directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Bernard Emié, figurent au nombre des hauts fonctionnaires français qui se sont rendus récemment au Liban pour faire pression en faveur d’une désescalade à la frontière sud entre le Hezbollah et Israël.

Selon des sources diplomatiques, la France cherche à prévenir toute escalade au Liban en engageant des négociations en vue de rétablir le calme à la frontière sud.

D’après ces sources, "l’important est de maintenir une dynamique de négociation qui retarde toute escalade militaire sur le terrain". "Tant que les différentes parties se parlent et que l’espoir que les discussions pourraient aboutir est maintenu, le risque d’une grande confrontation diminue", estime-t-on dans les mêmes milieux.

La chaîne israélienne Channel 12 et la chaîne panarabe Al-Hadath ont fait état de négociations menées en coulisses par plusieurs pays en vue de rétablir la stabilité à la frontière sud. L’accent y est mis sur la nécessité d’une application de la résolution 1701 dans son intégralité. Les États-Unis, la France et plusieurs autres pays arabes participeraient activement à ces négociations dans le but d’assurer la sécurité des villes et des colonies israéliennes situées le long de la frontière.

Au nombre des points soulevés, la proposition de repousser les combattants du Hezbollah au nord du fleuve Litani, conformément à la résolution 1701, et de déployer une force internationale dans les fermes de Chebaa, occupées par Israël, et dans le nord de la région de Ghajar.