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L’arrivée impromptue de l’envoyé spécial américain, Amos Hochstein, au Liban, mardi, et sa déclaration sur la nécessité d’appliquer la résolution 1701 "dans son intégralité" ne fait que relancer les interrogations sur les moyens à mettre en œuvre pour son entrée en vigueur.  Que dit la 1701?

À la suite de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte le 11 août 2006, une résolution appelant à la cessation totale des hostilités, demandant au gouvernement libanais de déployer son armée au Liban-Sud et renforçant le mandat de la Finul, dont les effectifs seront accrus et le mandat musclé.

Adoption de la 1701

Le 11 août 2006, le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit en présence des ministres des Affaires étrangères du Danemark, de la France, de la Grèce, du Qatar et du Royaume-Uni, de la Secrétaire d’État des États-Unis, ainsi que du Secrétaire général des Nations unies et de son vice-secrétaire, en plus de représentants du Liban et d’Israël.

Cette réunion a lieu dans le but de mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

La résolution 1701 est adoptée à l’unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité. Le document appelle en tout premier lieu à "une cessation totale des hostilités", en particulier "la cessation immédiate par Israël de toutes ses opérations militaires et offensives" et "la cessation immédiate par le Hezbollah de toutes ses attaques". Il n’évoque pas un cessez-le-feu, exigé avec insistance par le Liban, mais appelle Israël et le Liban à appuyer un cessez-le-feu permanent, fondé sur des conditions précises.

En voici les points principaux:

  1. Cessation des hostilités: arrêt des échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah. Les parties sont exhortées à respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et doivent s’abstenir de tout acte de violence.
  2. Retrait des forces israéliennes et déploiement de la Finul: la résolution demande le retrait total des forces israéliennes du Liban et le déploiement élargi de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) dans la région, afin de contribuer à la sécurité et à la stabilité.
  3. Embargo sur les armes et reconstruction: la résolution impose un embargo sur les armes à destination du Liban, à l’exception des forces armées libanaises et la Finul. Elle souligne également la nécessité de faciliter l’accès de l’aide humanitaire à la population civile et appelle à la reconstruction rapide et durable du Liban. La Finul a pour mission de s’assurer que l’embargo est respecté.
  4. Libération des prisonniers et règlement de la question des disparus: dans son préambule, la résolution appelle à la libération sans conditions des soldats israéliens enlevés par le Hezbollah (ce qui avait conduit au déclenchement de la guerre) lors d’un raid transfrontalier et appelle au règlement du sort des détenus libanais dans les prisons israéliennes.
  5. Zone-tampon: elle souligne que la zone au sud du Litani est une zone démilitarisée, ce qui signifie que le Hezbollah et d’autres milices, notamment palestinienne, ne peuvent pas y maintenir une présence armée. Elle prie le secrétaire général d’obtenir du Liban et d’Israël leur accord de principe sur le respect d’un cessez-le feu permanent et la création d’une zone-tampon d’où les milices seront absentes avec un strict respect par les deux parties de la Ligne bleue.
  6. Autorité du gouvernement libanais: la résolution souligne qu’il importe au gouvernement libanais d’étendre son autorité à l’ensemble du territoire conformément aux résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) et aux dispositions pertinentes des accords de Taëf "afin d’y exercer sa souveraineté et de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du gouvernement libanais".

Rapport du Secrétaire général et mandat de la Finul

Au fil des années, les engagements pris par les deux parties n’ont pas toujours été remplis.

Au courant du mois, les membres du conseil de sécurité devraient être informés du rapport du Secrétaire général (qui doit être présenté le 15 novembre) sur la mise en œuvre de la 1701. La coordinatrice spéciale pour le Liban, Joanna Wronecka, fait partie des intervenants. "La guerre à Gaza et l’escalade de violences à la frontière suscite des inquiétudes quant aux répercussions sur le Liban", selon le rapport du Conseil de sécurité pour le mois de novembre.

À noter que le mandat de la Finul a été renouvelé le 31 août 2023 et assoit la présence des Casques bleus au Liban depuis 45 ans à travers la résolution 2695. La Finul, à travers ce texte, réaffirme sa liberté de mouvement dans l’ensemble de ses opérations ainsi que son accès à tous les segments de la Ligne bleue. "La Finul n’a pas besoin d’autorisation préalable ou de permission" pour exécuter les tâches qui lui sont confiées et elle est autorisée à mener ses opérations de manière indépendante.

La Ligne Bleue est une ligne de retrait fixée par les Nations unies en 2000 pour confirmer le retrait des forces israéliennes du Liban-Sud.

Résolution appliquée?

Jusque-là, dix-sept ans plus tard, cette résolution est loin d’être appliquée dans son intégralité. Le Conseil de sécurité avait, en 2006, souligné "l’importance de l’extension du contrôle du gouvernement sur tout le territoire libanais". De plus, un des principaux objectifs de cette extension est "qu’il n’y ait plus d’armes déployées sans le consentement du gouvernement du Liban".

Le gouvernement libanais, pour peu qu’il y en ait un, n’étend son autorité nulle part et les armes déployées un peu partout par le Hezbollah, surtout au Liban-Sud en ce moment, le sont-elles avec son consentement?

Une application complète et totale de la résolution 1701 pourrait-elle être la panacée pour le Liban?