Pourquoi le gouvernement d’expédition des affaires courantes, convoqué la semaine dernière à la surprise générale, pour plancher sur ce dossier, n’a pas pu tenir sa réunion? Pourquoi des ministres de divers bords ont-ils provoqué un défaut de quorum alors qu’il était question que ceux du Hezbollah se solidarisent avec leurs collègues du Courant patriotique libre (CPL), hostile à un maintien du général Aoun à son poste?

Autant de questions qui ont émergé à la suite du report à mardi du Conseil des ministres qui était prévu vendredi à 12h30, à cause d’un défaut de quorum.

Sur les 24 ministres que compte l’équipe de Najib Mikati, seuls neuf sont arrivés au Sérail, dont tous les accès étaient bloqués par les militaires à la retraite, de la place Riad el-Solh, jusqu’à la rue de l’armée, la rue des banques et Bab Idriss.

Les neuf ministres sont Saadé el-Chami, Najla Riachi, Firas Abiad, Ali Hamiyé, Bassam Maoulaoui, Nasser Yassine, Youssef el-Khalil, Moustapha Bayram et Johnny Corm. Fait marquant: deux ministres d’Amal, deux autres proches du PSP et de Najib Mikati, ainsi que le ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, n’ont pas donné signe de vie. Quant aux autres ministres du CPL, ils n’allaient de toute façon pas venir au Sérail, pour cause de boycottage.

Entre cette absence et une volonté de lancer la patate chaude au Parlement, pour barrer la voie à un recours en invalidation d’une rallonge du mandat Aoun en Conseil des ministres, décidé par le CPL, il n’y a qu’un pas que plusieurs observateurs n’ont pas hésité à franchir. "Il y a eu des contacts le matin au sujet de la réunion entre les ministres qui voulaient s’assurer que celle-ci allait se tenir. Certains ont clairement dit à leurs collègues qu’il n’était pas nécessaire qu’ils s’y rendent, vu l’état des routes et du blocage des entrées au Sérail. Je vous laisse tirer la conclusion", confie à Ici Beyrouth une personnalité au courant de ces appels. Celle-ci va même jusqu’à souligner que la répartition des protestataires parmi les militaires à la retraite sur les différents points d’accès au Sérail était voulue, pour justifier le défaut de quorum. "Normalement, les protestataires manifestaient, place Riad el-Solh seulement", selon la même source, ce qui n’était pas le cas vendredi.

Des pressions énormes

Y aurait-il eu un jeu de rôle entre les principaux protagonistes? Nabih Berry a-t-il voulu aller dans le sens souhaité par le bloc parlementaire des Forces libanaises qui militent pour que le mandat du général Joseph Aoun soit prolongé sur base d’une loi et non pas d’un acte administratif de l’Exécutif, du moment que ce bloc lui a permis, grâce à sa présence, place de l’Étoile jeudi, de tenir la dernière réunion législative de l’année?

Ces questions se posent, mais de sources proches des FL, on écarte cette éventualité et on fait état d’un consensus tacite sur l’importance d’une loi qui consoliderait toute décision en rapport avec le maintien des chefs de sécurité à leurs postes respectifs. Car le Parlement devrait en principe voter vendredi après-midi un texte prolongeant les mandats de tous les chefs de sécurité et non seulement de Joseph Aoun, pour des considérations liées à la situation, très particulière, dans le pays, où le vide ne fait que s’étendre à tous les postes clés alors que le Liban risque, à tout moment, d’être entraîné dans une guerre avec Israël.

De mêmes sources, on explique ainsi le énième rebondissement dans l’affaire du commandement de l’armée, par les pressions "énormes" exercées sur Najib Mikati, Nabih Berry, voire le Hezbollah, que ce soit de la part du Groupe des cinq (États-Unis, France, Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte), de Bkerké ou de l’opposition. Ce sont ces pressions qui ont fait échec au "deal" dont il était question il y a quelques jours entre Nabih Berry, Najib Mikati, le Hezbollah et le chef du CPL, Gebran Bassil, pour que le gouvernement se saisisse du dossier du commandement de l’armée. "Personne ne veut assumer la responsabilité d’un vide à la tête des forces régulières, au cas où un recours en invalidation de l’acte administratif serait accepté", a-t-on ajouté de même source.

Tous les regards sont désormais rivés sur le Parlement. "Le fait que le Conseil des ministres n’ait pas tenu sa réunion ôte à la Chambre le prétexte d’une décision prise en Conseil des ministres pour ne pas voter une loi prolongeant les mandats des chefs des services de sécurité", selon la même source.

Affaire à suivre dans les quelques prochaines heures, un nouveau rebondissement n’étant pas impossible.

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