C’est un Noël particulier que s’apprêtent à vivre les habitants du sud, tant la région traverse des heures difficiles. Mais sur cette terre, qui fut témoin du passage du Christ, l’espérance demeure. Cette période de fêtes n’a jamais été aussi triste, c’est vrai, mais il y a encore de petites choses, de petits gestes qui continuent d’insuffler, au milieu de la morosité ambiante, quelque chose qui ressemble à une lueur d’espoir.
Le sud du Liban vit de graves tensions et affrontements entre Israël et le Hezbollah qui sapent les nerfs des habitants, détruisent leurs habitations et sabotent leurs activités. La tragédie sanglante que vit le sud depuis trois mois n’a pas empêché la population de s’organiser pour survivre. La guerre continue, certains ont perdu des proches, d’autres ont vu leur habitation dévastée par les bombardements. Un Noël entre guerre et paix. Des magasins ouverts, achalandés, mais qui soldent presque tout. Des restaurants médiocrement animés. Des rues calmes et une atmosphère de tension qui pèse sur la région. Un Noël à l’image de ce Liban épuisé, exsangue et toujours empêtré dans ses crises.
Espoir et résilience
Malgré les circonstances difficiles qui ont complétement perturbé la situation, l’optimisme reste de mise. À Marjayoun et dans les villages qui l’entourent, les sapins de Noël rayonnent de fierté et véhiculent une image positive du sud. Les rues sont ornées de décorations festives et les églises résonnent de chants de Noël. Les associations continuent à fédérer des dizaines de mains pour emballer des cadeaux qui feront scintiller les yeux des enfants dans le besoin. Ces traditions offrent un répit bienvenu aux habitants du sud, leur permettant de se recentrer sur les valeurs de paix, d’amour et de partage.
«Même si nous vivons dans une région difficile, nous voulons montrer que le Liban et le sud en particulier ne se résument pas à la guerre. Ici, de nombreuses religions cohabitent. Ce sapin symbolise notre capacité à célébrer ensemble les moments importants de cette fête sacrée», souligne Sari Gholmieh, vice-président de la municipalité de Marjayoun. «Des événements gratuits tels que des concerts et des pièces de théâtre en collaboration avec les bataillons espagnol, indien et chinois de la Finul sont organisés au pied du sapin autour duquel des Libanais de tous horizons se retrouveront pour fêter Noël», ajoute M. Gholmieh.
Dans les maisons traditionnelles de Marjayoun, les familles se préparent pour Noël. Les petits enfants se réunissent pour décorer le sapin familial. «Nous allons mettre des guirlandes et des lumières sur les balcons, le long des escaliers et aux fenêtres en écoutant les chants pour mieux s’imprégner de l’atmosphère de Noël», indique Samira.
«Ma famille et moi essayons de maintenir un esprit positif pendant les fêtes. Nous avons décoré notre maison et nous allons préparer un dîner spécial pour célébrer en famille. Nous espérons que la nouvelle année apportera la paix et la stabilité dans notre région», affirme Maryam.
«Les récents affrontements ont eu un impact sur notre commerce. Les marchés de Noël et les activités festives sont moins fréquentés cette année. Malgré cela, nous avons essayé de maintenir l’esprit de Noël vivant en décorant nos étals avec des guirlandes et des lumières. Nous espérons que les clients viendront pour célébrer les fêtes avec nous et soutenir nos petites entreprises», soupire Mohammed, un commerçant.
Un miracle au bout de la nuit
De nombreux expatriés se sont ainsi retrouvés devant un dilemme, écartelés entre inquiétude et nostalgie. Certains ont décidé de ne pas retourner au pays, d’autres n’ont pas hésité à braver les difficultés pour passer les fêtes de Noël et du Nouvel An avec leurs familles. «Noël n’a jamais été aussi triste», dit Nahida, une habitante de Klayaa. Son fils et sa famille lui ont annoncé qu’ils ne viendront pas cette année. Même cette fête n’est plus une raison suffisante pour rentrer. Elle a du mal à en parler et les larmes glissent le long de son visage ridé. Elle n’a même pas pris la peine de décorer son sapin, s’apprêtant à fêter Noël toute seule. Mais un soir, son fils lui fait la surprise et se pointe à l’entrée avec ses bagages. Elle s’est frotté les yeux, puis a fondu en larmes. Il est revenu comme par miracle.
Ces retours, ce sont des victoires contre la tristesse. Elles sont là, certes fragiles, mais elles sont là. Ce sont ces moments qui continueront de perpétuer la magie du Noël libanais. Il suffit d’un rien pour que la magie de Noël mette des étoiles dans les yeux des enfants – à travers les présents offerts par leurs grands-parents ou leurs parents – et réchauffe les cœurs.
Ce que vit le Liban-Sud est un authentique sursaut, un mouvement qui exprime profondément les souffrances et les besoins d’un peuple et son immense désir de reconstruire sa vie et sa région.
Lire aussi
Commentaires