À la veille de la commémoration de la disparition de l’ancien ministre Michel Murr, le clan Murr et le parti Tachnag renouent leurs relations politiques ancestrales en vue des prochaines législatives

L’ancien vice-président du Conseil Élias Murr a annoncé samedi la candidature de son fils, Michel Élias Murr, à l’un des deux sièges grecs-orthodoxes du Metn.

Fait symbolique, l’annonce s’est faite du siège du parti arménien Tachnag à Bourj Hammoud, allié électoral ancestral dans cette circonscription du père d’Élias Murr, l’ancien ministre de l’Intérieur Michel Murr, décédé en 2021 des suites du Covid-19.

Le retour à une alliance Murr-Tachnag marque un bouleversement important pour le Courant patriotique libre  (CPL) dans le paysage électoral de la circonscription du Metn-Nord. Pour rappel, huit sièges sont à pourvoir dans cette circonscription (Mont-Liban II): quatre maronites, deux grecs-orthodoxes, un grec-catholique, et un arménien-orthodoxe.

Depuis son retour en mai 2005, le général Michel Aoun avait en effet réussi à se gagner les faveurs du parti arménien, s’assurant ainsi un réservoir de voix important – et avec elle une longueur d’avance sur ses adversaires – dans la circonscription. À l’époque, l’ancien ministre Michel Murr faisait partie de la liste menée par le CPL, avant de se brouiller avec Michel Aoun et de quitter les rangs de son bloc parlementaire. Il était quand même parvenu à se faire réélire en 2009 et 2018. Le parti Tachnag, lui, avait maintenu son alliance avec le CPL, compte tenu d’une multitude de facteurs, locaux, régionaux et internationaux.

Samedi, M. Murr, sa soeur Myrna Murr, présidente de la Fédération des municipalités du Metn, et son fils Michel Élias Murr ont été reçus Bourj Hammoud par le secrétaire général du parti Tachnag, le député Hagop Pakradounian, sous le signe d’une résurrection de cette alliance de longue date entre les deux camps. La parenthèse CPL pourrait donc se refermer.

“65 ans de relations”

C’est d’ailleurs sur la relation politique privilégiée avec le clan Murr qui date “depuis 1957” que M. Pakradounian a mis l’accent dans son allocution de bienvenue, évoquant " 65 ans d’une relation d’amitié et de coopération avec le président Michel Murr et sa famille”.

“Ces 65 ans symbolisent la force de cette relation. Peut-être que parfois nous étions sur des fronts différents, mais, la plupart du temps, nous étions ensemble“, a dit M. Pakradounian, lui-même député arménien-orthodoxe du Metn sur les listes aounistes depuis 2005.

" Pour nous, les amitiés, la coopération, les relations familiales et la loyauté sont bien plus importantes que les accords circonstanciels ou les alliances, et c’est sur cette base que nous nous rencontrons aujourd’hui”, a-t-il poursuivi. “Bien sûr, beaucoup se dit dans les médias sur la question des élections et des alliances. Mais, aujourd’hui, nous sommes en train de discuter de la question des élections en général, notamment au Metn”, a-t-il ajouté.

" Nous avons discuté de toutes les questions en cours, et bien sûr de la possibilité d’une alliance au Metn. Cette loi électorale oblige toutes les forces politiques à faire des calculs loin de la politique pour obtenir le plus grand nombre de représentants. La nature de la loi dicte cela à tout le monde pour ce qui est des quotients électoraux, des chiffres et des alliances”, a noté Hagop Pakradounian.

“Nous étudions toutes les possibilités avec nos alliés, ainsi qu’avec d’autres partis politiques avec lesquels nous n’étions pas alliés auparavant. Nous discutons de cela avec la majorité des partis, surtout dans les régions où nous nous trouvons, que ce soit à Beyrouth, au Metn ou à Zahlé”, a-t-il ajouté.

“Nous sommes rentrés à la maison”

“J’avais dix ans lorsque je suis entré pour la première fois au siège du parti Tachnaq avec le président Michel Murr, Pour lui, cette maison était la nôtre. Professeur Hagop, nous sommes rentrés à la maison”, a affirmé de son côté Élias Murr.

“Un nuage est passé dans nos relations en 2018, mais ce n’est pas un problème, dans la mesure où les calculs électoraux ont dicté cela. Aujourd’hui, nous avons appris de la nouvelle loi, qui impose des calculs électoraux déterminés pour que chaque parti puisse être représenté au Parlement”, a-t-il poursuivi.

" Cette alliance électorale ne vise pas à affronter un camp, mais plutôt à servir le peuple (…) Nous sommes au début du chemin dans cette alliance, et le parti Tashnaq a aussi ses propres alliances”, a-t-il ajouté.

Michel Élias Murr et George W. Bush

Élias Murr a ensuite présenté la candidature de son fils Michel, la plaçant non pas dans une logique de succession familiale, mais politique. ”C’est un jeune homme ambitieux, qui veut vivre au Liban, ne souhaite pas émigrer, et entend assurer un avenir pour lui et ses enfants au Liban”, a-t-il dit.

“Si nous étions dans une logique de succession familiale, je me serais porté candidat. La succession se serait produite si Michel avait été nommé député immédiatement après la mort de son grand-père. C’est aux électeurs de décider si cette personne est capable de le représenter. Ceux qui parlent de succession dans ce cas pratiquent une forme de dictature, car George Bush père était président de la République, et son fils, Georges W. Bush, est également devenu président. Notre objectif en tant que maison politique est de réussir pour servir le peuple”, a ajouté M. Murr.

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