Gebran Bassil s’est acharné mardi contre le gouvernement et son chef, Najib Mikati, qu’il accuse de violer la Constitution et d’usurper les prérogatives du président de la République. Dans une conférence de presse, il s’est, par ailleurs, démarqué du Hezbollah concernant la guerre à Gaza, annonçant son opposition à "l’unité des fronts".

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, est déterminé à aller jusqu’au bout dans sa confrontation avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et le gouvernement, qu’il accuse de violer la Constitution et d’usurper les prérogatives du président de la République. Il a ainsi annoncé, mardi, qu’il présentera "une pétition parlementaire devant la Haute Cour chargée de juger les présidents et les ministres pour réclamer des comptes à ceux qui violent la Constitution".

M. Bassil reproche au gouvernement de "marginaliser" les chrétiens et de porter atteinte au "partenariat" au sein du gouvernement et de la Chambre. Il s’insurge notamment contre la nomination, le 8 février, du général Hassan Audi au poste de chef d’état-major de l’armée, après sa promotion du grade de colonel à celui de général.

"Nous allons également présenter un recours devant le Conseil d’État (contre la nomination du chef d’état-major, NDLR)", a-t-il poursuivi lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion hebdomadaire du bureau politique du parti. "Si le Conseil d’État n’arrive pas à suspendre une décision ou un décret qui ne portent pas la signature du ministre concerné (en référence au ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, proche de l’ancien chef de l’État, Michel Aoun, NDLR), c’est qu’il n’a pas de rôle, a martelé M. Bassil. Nous ne nous tairons pas non plus et dénoncerons le président et les membres de cette instance."

Il a, à cet égard, fait savoir que le gouvernement "pourrait ne pas publier le décret de nomination du général Hassan Audi pour éviter la présentation du recours devant le Conseil d’État". "Ce qui est pire", puisque le général Audi, "exercera ses fonctions en l’absence d’un décret", s’est insurgé M. Bassil, affirmant que quel qu’il soit, son parti présentera un recours devant le Conseil d’État.

Insistant sur la nécessité d’élire un président de la République dans les plus brefs délais, M. Bassil s’est prononcé en faveur du dialogue pour s’entendre sur "le nom, le programme et les caractéristiques" du prochain chef de l’État, "d’autant que ni l’opposition ni l’axe obstructionniste n’arrivent à imposer leur candidat". Il a affirmé dans ce cadre que son parti prendra part à un tel dialogue.

Front sud

Se penchant sur la guerre à Gaza et le risque qu’elle ne s’étende au Liban, M. Bassil s’est démarqué du Hezbollah, annonçant son opposition à "l’unité des fronts". "Nous voulons défendre le Liban. Nous ne voulons pas lui faire assumer la responsabilité de libérer la Palestine. C’est la responsabilité des Palestiniens", a-t-il déclaré. "Nous ne sommes pas non plus avec l’unité des fronts, qui consiste à lier le Liban à d’autres fronts (en allusion aux fronts ouverts par les milices pro-iraniennes, dont le Hezbollah, au Liban, au Yémen, en Irak et en Syrie en soutien à la guerre à Gaza, NDLR), ou encore à lier l’arrêt des combats au Liban-Sud à celui de la guerre à Gaza", a lancé M. Bassil, refusant que le Liban soit "une plateforme d’attaques" contre Israël. "Le Liban ne peut pas payer, seul, au nom de tous les Arabes, le prix de l’obtention des Palestiniens de leurs droits", a-t-il conclu.

La position de M. Bassil rejoint celle de l’ancien chef de l’État, Michel Aoun, qui avait souligné lundi soir, sur X, que le Liban "n’est pas lié à Gaza par un traité de défense" et que "la Ligue arabe est la seule à pouvoir lier les fronts".

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