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Des moukhtars des différentes régions libanaises ont protesté, mardi, contre la hausse exorbitante des frais des formalités, introduite dans le budget pour l’exercice 2024.

Au Akkar, au Liban-Nord, les manifestants se sont rassemblés devant le Sérail de Halba pour exprimer leurs récriminations. Zaher al-Kassar, président de l’Union des moukhtars du Akkar, a déclaré qu’"aucune formalité ne sera effectuée avant que les frais ne soient révisés". Des sit-in similaires avaient eu lieu la veille à Saïda et à Tripoli, en présence de plusieurs députés de ces régions.

Les modifications apportées aux articles 40, 41 et 42 du budget pour l’exercice 2024 ont entraîné une augmentation du coût du timbre fiscal du moukhtar, qui est passé de 1.000 à 50.000 LL. Par conséquent, l’extrait d’état civil individuel ou familial coûte désormais plus de 600.000 LL, dont 400.000 LL en timbres. Un extrait d’état civil, qui coûtait auparavant 250.000 LL, peut atteindre actuellement 1 million de livres. Cette somme comprend également le prix des timbres.

Entre-temps, les citoyens n’ont pas pu effectuer leurs formalités, les timbres n’étant pas disponibles sur le marché. "Les moukhtars et les citoyens peinent à trouver les timbres fiscaux d’une valeur de 1.000 LL nécessaires pour les formalités", explique, à Ici Beyrouth, Mosbah Eido, président de l’union des moukhtars de Beyrouth. "Actuellement, les timbres nécessaires pour une formalité valent 400.000 LL", poursuit-il.

Les moukhtars comptaient sur BoB Finance et Whish Money pour acheter les timbres, mais ces sociétés n’en fournissent plus, en raison de problèmes liés à leurs commissions.

Les moukhtars et les citoyens ont du mal à faire face aux conséquences que pose l’augmentation des frais des formalités, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat causée par la crise économique. "Tout le monde a besoin des services du moukhtar pour obtenir des actes de naissance, de décès, de mariage et de divorce, avance M. Eido. Si un citoyen décède maintenant, je ne peux pas émettre les documents nécessaires. Ce qui nous rend désœuvrés."

De plus, les citoyens désirant émigrer ou voyager se retrouvent dans une impasse, puisqu’ils sont incapables d’effectuer les formalités au ministère des Affaires étrangères. "Celles-ci coûtaient 50.000 LL, explique M. Eido. Aujourd’hui, leur coût est fixé à 1 million de livres. Le ministère ne peut pas délivrer un reçu de paiement pour ce montant. Idem pour BoB Finance. Par conséquent, les personnes qui désirent finaliser leurs formalités pour émigrer se retrouvent bloquées au Liban." Et M. Eido d’affirmer: "Nous allons hausser la voix. Si aucune solution n’est trouvée, nous arrêterons de travailler."

Lors d’une conférence de presse qu’il a tenue lundi, Georges Adwan, député du bloc de la République forte (Forces libanaises), a révélé que "le gouvernement a suspendu plus de 81.000 formalités, alors que des milliers de nouvelles transactions sont présentées chaque semaine".

Face à la crise actuelle et à l’immobilisme du gouvernement, l’appel des moukhtars à la justice mènera-t-il à un quelconque changement?