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L’émissaire américain, Amos Hochstein, est reparti lundi soir avec la ferme conviction qu’il n’a pas de baguette magique pour un règlement à la frontière sud entre le Hezbollah et Israël. Ses efforts pour une solution diplomatique au conflit militaire entre les deux semblent avoir, encore une fois, buté sur les mêmes conditions et les mêmes considérations de la part du duopole Amal-Hezbollah.

Amos Hochstein n’a rien entendu de nouveau de la part du président du Parlement, Nabih Berry, qui s’exprimait aussi au nom du Hezbollah, concernant la situation militaire au Liban-Sud: aucune réponse positive aux propositions de règlement, aucune volonté de réduire l’intensité des opérations militaires sur le front sud, et une insistance sur "l’unité de sort" entre Gaza et le Liban-Sud.

L’entretien entre les deux hommes fut quand même extrêmement cordial. M. Hochstein s’est même référé à Nabih Berry, le sourire aux lèvres, comme étant le "Big boss" (le patron) au moment où il lui serrait la main à son arrivée à Aïn el-Tiné.

Cela ne l’a pas empêché de mettre les points sur les i. Et bien plus que durant ses deux dernières visites. Il a clairement expliqué aux personnalités libanaises avec qui il s’est entretenu qu’une solution partielle et non durable au Liban-Sud est inacceptable. Un règlement, quel qu’il soit, devrait être durable, de sorte qu’il n’y ait plus d’opérations militaires ou de sécurité des deux côtés de la frontière.

Amos Hochstein a notamment proposé un amendement de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’elle prévoie un cessez-le-feu permanent. Le texte actuel évoque seulement une cessation des hostilités entre le Hezbollah et le Liban, après la guerre de 2006.

Dans ce contexte, l’émissaire américain a insisté devant ses interlocuteurs, notamment devant M. Berry, sur un redéploiement de l’armée au sud du Litani, avec l’appui de la Finul et le soutien des États-Unis et des pays occidentaux et arabes.

Il les a informés qu’Israël ne considère pas qu’une éventuelle trêve à Gaza s’étendra au front sud. Tel Aviv, a-t-il dit, poursuivra ses opérations militaires contre le sud du Liban tant que le Hezbollah se maintient dans un rayon à partir duquel il peut mener des actes qui empêcheraient les habitants du nord israélien de rentrer chez eux.

Malgré l’absence de progrès, la partie libanaise représentée par Amal et le Hezbollah a demandé davantage d’éclaircissements sur la manière dont les États-Unis obligeraient Israël à appliquer la résolution 1701, à mettre fin à ses violations répétées de la souveraineté et à se retirer des terres qu’il occupe au Liban, en particulier des fermes de Chebaa.

Amos Hochstein a reconnu la légitimité de ces revendications, mais il a exprimé des réserves au sujet du volet relatif aux fermes de Chebaa. Selon lui, le conflit autour de ces hameaux n’est pas libano-israélien puisqu’il concerne également la Syrie. Il a estimé qu’un règlement à Chebaa pourrait, de ce fait, prendre du temps.

Quoi qu’il en soit, un règlement à long terme semble, du moins pour l’heure, une perspective lointaine, parce que le Hezbollah oppose une fin de non-recevoir à tout ce qui touche à ses armes. Pour lui, son arsenal est de loin "plus grand" que l’opération "Déluge d’al-Aqsa", lancée le 7 octobre par le Hamas contre Israël, en raison de sa dimension régionale grâce à laquelle l’Iran s’impose comme un acteur de taille au Moyen-Orient. Et ce rôle est loin d’être terminé.