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Le Liban a été le théâtre d’une activité diplomatique étrangère et arabe soutenue qui a pris de l’ampleur ces derniers mois, à la suite de l’ouverture par le Hezbollah de son prétendu "front de soutien" à Gaza à la frontière sud avec Israël le 8 octobre.

En juin de l’année dernière, le président français, Emmanuel Macron, a désigné son ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en tant qu’envoyé spécial au Liban dans le but de faciliter l’élection tant attendue d’un président de la République. Cette initiative française a été coordonnée avec les États-Unis, le Qatar, l’Arabie saoudite et l’Égypte, formant ainsi un groupe de cinq nations, connu sous le nom de Quintette.

Cependant, l’initiative diplomatique, qui avait d’abord pour objectif de résoudre l’impasse présidentielle, a pris une nouvelle dimension avec le déclenchement de la guerre à Gaza opposant Israël au mouvement islamiste Hamas, allié du Hezbollah. Cette évolution a mis en lumière l’importance cruciale de contenir la violence dans le Liban-Sud pour éviter toute dégénérescence éventuelle en une guerre à part entière.  Cela est ainsi devenu un objectif clé des efforts diplomatiques internationaux.

Les détails d’une solution diplomatique au conflit entre Israël et le Hezbollah, proposée par Paris et Washington, ont été soumis aux autorités libanaises, bien que le Hezbollah insiste pour que le début des négociations soit conditionné par la fin des hostilités dans la bande de Gaza.

Le conseiller spécial du président américain, Joe Biden, pour les affaires énergétiques, Amos Hochstein, connu pour son rôle dans la facilitation de l’accord de délimitation maritime d’octobre 2022 entre le Liban et Israël, a présenté une proposition lors de sa dernière visite au Liban, laquelle s’inscrit dans une série de déplacements diplomatiques.

En février, Stéphane Séjourné, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, a pris l’initiative de proposer une autre mesure visant à apaiser les tensions dans le sud et à élire un président de la République.

Malgré la multiplication des efforts diplomatiques, ces derniers convergent tous vers le même objectif, selon des sources diplomatiques françaises à Ici Beyrouth. "Quelle que soit l’initiative, l’objectif commun est de parvenir à une mise en œuvre complète et intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi qu’à l’élection d’un président de la République pour relancer le fonctionnement des institutions étatiques et introduire des réformes économiques et financières", ont déclaré les sources.

Cependant, bien que l’objectif soit le même, les diverses initiatives peuvent différer légèrement en termes de moyens et de méthodes proposés pour y parvenir. Les efforts diplomatiques concertés, notamment ceux qui portent sur les questions locales telles que l’impasse présidentielle, sont mieux illustrés par les activités du Quintette, ont déclaré les sources, soulignant néanmoins que "faire partie du Quintette n’annule pas les efforts individuels parallèles de chaque pays, en particulier au niveau régional concernant la situation dans le sud du Liban."

Selon le principal négociateur libanais, le vice-président du Parlement Élias Bou Saab, "les Français ont leurs idées, les Américains en ont d’autres. Ils se réuniront à un moment donné."

Les informations obtenues par Ici Beyrouth révèlent que les autorités françaises prônent une séparation entre les questions locales et régionales pour éviter de lier l’élection présidentielle et la relance économique du Liban à un règlement de la situation dans le sud, tandis que les Américains sont en faveur d’un "accord global" qui couvrirait toutes les questions.

Le Hezbollah, soutenu par l’Iran et acteur clé dans tout accord, mise étonnamment sur les États-Unis, l’allié le plus fidèle d’Israël, pour obtenir un accord favorable, en raison de la capacité de Washington à exercer des pressions sur l’État hébreu, selon des informations fiables.

En attendant, les ambassadeurs du Quintette au Liban rencontrent les politiciens et les responsables afin de sonder leurs positions et de résoudre les divergences qui les empêchent de s’accorder sur un candidat présidentiel.

Agissant en tant que porte-parole non officiel du groupe, l’ambassadeur de l’Égypte au Liban, Alaa Moussa, a déclaré lundi (18 mars) qu’une "percée tangible" avait été réalisée dans le dossier de la présidentielle grâce à la conviction des diverses parties prenantes selon laquelle un consensus est nécessaire pour élire un nouveau président de la République.

Le Qatar est également apparu sur le devant de la scène en invitant, selon des sources, des responsables libanais, dont le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, et l’ancien président du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt, à visiter Doha afin de rencontrer de hauts responsables pour discuter du dossier présidentiel et des moyens d’accélérer sa finalisation.

Parallèlement, les efforts diplomatiques pour le Liban se déroulent simultanément avec des négociations intensifiées pour parvenir à un cessez-le-feu durable dans la guerre qui sévit à Gaza depuis cinq mois.

Cependant, il est important de souligner que l’efficacité de ces initiatives diplomatiques pour résoudre les crises multiples au Liban demeure incertaine.