Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, s’est dit surpris par les prémices d’une crise diplomatique avec Chypre, autour du dossier des migrants syriens qui affluent en continu sur l’île à partir du Liban. Le mécontentement de Nicosie vis-à-vis des autorités libanaises a été relayé, jeudi matin, par les journaux chypriotes et, la veille, par des médias libanais, dont Ici Beyrouth.

Najib Mikati ne peut cependant pas se dire surpris, les autorités chypriotes ayant, à plusieurs reprises, saisi Beyrouth de cette question et alerté sur la nécessité d’un contrôle des côtes pour freiner le départ régulier de migrants, en majorité des Syriens qui veulent gagner l’Europe, à bord de bateaux de fortune.

Dans son intervention à l’ouverture du Conseil des ministres, jeudi, M. Mikati a affirmé avoir pris contact avec les autorités de Nicosie, pour leur faire part de la volonté du Liban "de maintenir les meilleures relations avec Chypre". Il se serait notamment entretenu avec le président Níkos Christodoulídis, à qui il a expliqué que le Liban était également submergé par le flux de migrants syriens, "sans qu’aucun État nous aide à contrôler la frontière" avec la Syrie.

Il est important de relever que la communauté internationale a souvent interpellé le Liban au sujet de ses frontières passoires avec la Syrie, dont le contrôle est d’ailleurs prévu dans la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui dispose, qu’avec l’aide de l’ONU et des acteurs internationaux, une délimitation des frontières internationales du pays, en particulier dans les zones où la frontière est contestée ou incertaine, doit être effectuée.

Cette clause n’a jamais été appliquée parce qu’elle va à l’encontre des intérêts du Hezbollah et de la Syrie. Le premier a besoin d’une frontière passoire pour la circulation de ses combattants et de ses armes et la seconde, soumise à des sanctions économiques internationales, en a besoin pour les opérations de contrebande du Liban vers la Syrie.

Reste les frontières maritimes. "Nous œuvrons pour les contrôler dans la mesure de nos moyens", a ajouté Najib Mikati dans sa déclaration.

Il dit avoir demandé au président chypriote de "faire pression sur l’Union européenne pour nous aider à rapatrier les migrants illégaux installés au Liban, lors de la prochaine réunion des pays méditerranéens de l’UE".

Pour montrer que le Liban suit ce dossier, M. Mikati a souligné qu’il a tenu une réunion consacrée au dossier des migrants et des déplacés syriens au cours de laquelle "le ministre sortant des Affaires sociales (Hector Hajjar) a présenté un document précisant clairement les requêtes du Liban, notamment une demande adressée au HCR pour fournir au gouvernement les données complètes sur les Syriens au Liban, car les données que nous avons reçues ne précisent pas la date d’entrée des réfugiés au Liban".

"Zone sinistrée agricole" 

Sur un autre plan, M. Mikati a évoqué la situation au Liban-Sud et appelé "à déclarer cette région zone sinistrée sur le plan agricole, en raison des répercussions des dégâts, sur les années à venir".

Six mois après l’ouverture de ce front, le Premier ministre a dressé un premier bilan de ces dégâts. "La plus grande catastrophe est celle qui touche le secteur agricole: 800 hectares de terres ont été complètement endommagés, 340.000 têtes de bétail ont été perdues et environ 75% des agriculteurs ont perdu leur dernière source de revenus", a-t-il déploré, appelant "la communauté internationale à condamner les attaques israéliennes et à exiger l’arrêt de la guerre" entre le Hamas et Israël.