Même si c’est sans surprise que les mandats des conseils municipaux et des moukhtars ont été prolongés d’une année, au Parlement, ce vote a suscité des réactions indignées, notamment parmi les députés des Forces libanaises, parce qu’il va à l’encontre de toute logique démocratique et de bonne gouvernance. Une indignation qui s’explique, entre autres, par le fait que les représentants du peuple ont, concrètement, prolongé le vide qui affecte, depuis plus de trois ans, au moins 150 bourgades. Les dernières municipales, rappelle-t-on, remontent à 2016. Entre-temps, plusieurs élus ne sont plus en poste, à cause de démissions ou de décès et certains conseils sont totalement paralysés, à cause de querelles entre leurs membres.

Qu’à cela ne tienne. Pour certains partisans de la prolongation, au Parlement, il vaut mieux que le vide persiste au niveau des pouvoirs locaux, avec toutes les conséquences qu’on peut deviner, plutôt que de courir le risque de perdre du terrain et donc leur pouvoir, à la faveur des municipales. C’est ce que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a annoncé dans une déclaration, au terme d’un vote au pas de charge, au Parlement.

M. Geagea, dont le parti, avec les Kataëb, le Renouveau et la coalition du changement ont boycotté la séance, a dénoncé "un nouveau coup porté par l’axe de la Moumanaa (axe pro-iranien) et le Courant patriotique libre à la démocratie, au droit des Libanais à choisir leurs élus locaux et au bon fonctionnement des institutions".

Pour lui, les arguments avancés, à savoir, la situation explosive au Liban-Sud où un scrutin ne peut pas être organisé, "ne tiennent pas, puisque le ministère de l’Éducation a fixé les dates des examens officiels dans tout le pays, sauf dans ce caza". Quant à celui selon lequel le ministère de l’Intérieur n’est pas bien préparé, "il ne tient pas non plus puisque le ministre a annoncé que son département l’était".

Pour M. Geagea, "c’est seulement parce qu’ils veulent éviter de montrer leur faiblesse au niveau populaire que l’axe de la Moumanaa et le CPL ont voulu ajourner les municipales", pour la troisième année consécutive.

Il serait utile de rappeler que lors du soulèvement populaire du 17 octobre 2019, des dizaines de milliers de Libanais ont conspué l’ensemble de la classe politique, il est vrai, mais ils ont surtout pris pour cible le CPL, notamment son chef Gebran Bassil, ainsi que le tandem Amal-Hezbollah.

La loi votée fera l’objet d’un recours en invalidation, a annoncé un groupe des députés du changement, avant même la réunion parlementaire à laquelle ils n’ont pas pris part.