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La visite d’Amos Hochstein, envoyé spécial du président américain Joe Biden, est très attendue à Beyrouth. Après son déplacement en Israël pour discuter des détails du cessez-le-feu dans le sud du Liban et explorer une solution durable basée sur la résolution 1701, les regards se tournent désormais vers sa prochaine étape à Beyrouth.

Selon les informations disponibles, M. Hochstein cherche une fois de plus à séparer le front de Gaza de celui du Liban-Sud. Bien qu’il ait enregistré des progrès significatifs en Israël, il reste toutefois sceptique quant à sa capacité à obtenir un succès similaire au Liban, en particulier avec le Hezbollah. Et pour cause: la formation pro-iranienne conditionne tout cessez-le-feu le long de la frontière sud à un accord similaire à celui de Gaza. C’est seulement à ce stade que pourraient débuter les discussions concernant les mesures à prendre pour le sud du Liban, à condition que la question du sort de l’arsenal du Hezbollah ne soit pas abordée, vu qu’elle demeure "non négociable". En outre, les Américains et les Israéliens partagent cette approche, estimant qu’une solution à long terme le long de la frontière libano-israélienne neutraliserait de facto les armes du Hezbollah, les rendant ainsi inutiles tant sur le plan militaire que stratégique.

De surcroît, les Américains ont noté une évolution dans les positions de certains responsables libanais, en particulier celles du Premier ministre sortant Najib Mikati. Celui-ci semble désormais convaincu de la nécessité de séparer les enjeux au Liban de ceux de Gaza. Il estime que les pertes subies par le Liban à différents niveaux, combinées avec la pression exercée par la présence des migrants syriens, exigent une transition vers un redressement du pays. Cette transition implique de mettre fin à la guerre, d’élire un président et de former un nouveau gouvernement afin de résoudre toutes les crises internes. Selon certaines informations, M. Mikati aurait communiqué cette position au Hezbollah qui l’a rejetée.

Selon les mêmes sources, M. Hochstein réaffirmera lors de sa visite à Beyrouth et au cours de ses échanges avec plusieurs responsables le soutien des États-Unis au Liban en cas d’approbation de la séparation des deux fronts de guerre. L’accent sera particulièrement mis sur l’augmentation du niveau d’aide, tant américaine que non américaine, à l’armée libanaise. Washington a en effet donné à ses partenaires, notamment le Royaume-Uni, l’Union européenne et les pays arabes, le feu vert pour sécuriser près d’un milliard de dollars afin d’aider l’armée libanaise à acquérir les ressources et les équipements nécessaires pour un déploiement renforcé dans le sud du pays.

Nonobstant, Amos Hochstein mettra en garde contre le risque de manquer l’occasion actuelle de mettre fin à la guerre dans le sud, ce qui pourrait entraîner une détérioration supplémentaire, se traduisant par une guerre israélienne totale contre le Liban, avec des conséquences incertaines tant pour le Liban que pour Israël.