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Les ambassadeurs du quintette, à savoir les États-Unis, la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte, cherchent à établir un mécanisme de consultations qui, soit permettrait aux forces politiques libanaises de parvenir à un consensus autour de l’élection d’un président de la République, soit d’aller de l’avant dans l’élection présidentielle, sans consensus, mais avec une liste restreinte de candidats. Les diplomates n’ont pas encore réussi à s’entendre sur le mécanisme à mettre en place, peut-être en raison de la complexité du dossier qui nécessite plus de temps ou, plus probablement, parce que les partis politiques campent toujours sur leurs positions concernant le dialogue et les consultations parlementaires.

À Meerab où il s’est rendu samedi pour un entretien avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, l’ambassadeur de France, Hervé Magro, a de nouveau été confronté au refus des FL, et de l’opposition de manière plus générale, à une conférence de dialogue qui sera convoquée et présidée par le président de la Chambre, Nabih Berry.

M. Geagea a expliqué à son hôte qu’il existe plusieurs mécanismes qui peuvent être mis en place pour des consultations autour de la présidentielle. L’un d’eux serait des discussions bilatérales ou multilatérales engagées par les blocs parlementaires, Place de l’Étoile. Un autre serait d’adopter, toujours au niveau des blocs parlementaires, le même mode de communication qui avait permis de parvenir à un accord sur la recommandation adressée au gouvernement concernant le milliard d’euros que l’Union européenne se propose d’accorder au Liban pour l’aider à faire face aux répercussions de la crise des migrants syriens.

D’après les informations obtenues, Samir Geagea aurait mis en avant l’importance d’assortir tout accord à un mécanisme de consultation, d’un engagement clair, selon lequel, en cas d’échec d’un consensus autour de la présidentielle, Nabih Berry convoquerait une réunion électorale qui sera organisée avec des tours successifs, jusqu’à l’élection d’un président et sans qu’aucune partie ne provoque un défaut de quorum.

Sauf que Nabih Berry semble tout aussi intransigeant sur la question. Il tient toujours à convoquer une conférence de dialogue qu’il veut lui-même présider. Il ne s’est à aucun moment non plus engagé, au nom du tandem chiite (Amal-Hezbollah), à ne pas provoquer un défaut de quorum.

À ce stade, cette intransigeance pourrait être interprétée comme une stratégie du tandem chiite qui ne souhaite pas dissocier l’élection présidentielle des deux dossiers de Gaza et du Liban-Sud, une fois un cessez-le-feu établi. La présidence pourrait être ainsi un levier de négociation entre les mains du tandem, désireux de tirer parti de chaque opportunité qui lui permettrait d’enregistrer ce qu’il a pris l’habitude d’appeler "une victoire", et d’investir ainsi dans un prix politique qu’il estime que les Libanais sont contraints de payer.

Jusqu’à présent, les ambassadeurs du quintette hésitent d’annoncer qu’ils souhaitent engager ces consultations. Ils ne veulent pas s’impliquer dans une affaire qui est, à leurs yeux, du ressort des Libanais qui en assumeraient les retombées, qu’elles soient positives ou négatives.

Ces ambassadeurs pourraient suggérer que le bloc de la Modération nationale reprenne ses consultations auprès des différentes forces politiques. Bien que le bloc de la Modération nationale ne semble pas opposé en principe à cette option, il redoute que sa démarche se solde, comme la première fois, par un échec, ce qui porterait un coup à son initiative ainsi qu’à celle du quintette.