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En 2020, alors que les Libanais étaient encore sous le choc de l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth, des nouvelles alarmantes ont fait état de la présence de nitrate d’ammonium dans la centrale de Zouk Mikaël. L’annonce avait provoqué des inquiétudes quant à une éventuelle nouvelle catastrophe mortelle.

Quatre ans plus tard, les habitants de Zouk tirent de nouveau la sonnette d’alarme: des produits dangereux sont stockés dans la centrale électrique. Leur présence suscite des craintes, exacerbées par le conflit armé entre le Hezbollah et l’armée israélienne dans le Liban-Sud.

Le président du conseil municipal de Zouk Mikaël, Élias Beaino, a assuré à Ici Beyrouth qu’il n’y a pas de nitrate d’ammonium sur les lieux. Cependant, il a souligné que plusieurs matériaux y sont stockés et pourraient être dangereux s’ils sont entreposés trop près les uns des autres. De plus, certains de ces produits ont atteint leur date de péremption.

Il n’a pas précisé leur nature, mais il a souligné le risque d’explosion que représentent ces produits chimiques en cas de sabotage ou de conflit armé, ou encore leur exposition prolongée à la chaleur. Selon lui, 50 à 60 tonnes de ces substances sont actuellement entreposées sur le site. Il a souligné que ces produits, utilisés par la centrale électrique, soulèvent des inquiétudes depuis l’explosion au port de Beyrouth, il y a quatre ans.

Les habitants ont de nouveau relancé à ce sujet le commandement de l’armée, Électricité du Liban (EDL) et les parties concernées. L’armée libanaise avait envoyé une unité de génie pour planifier le retrait des matériaux en vue de les faire détruire à l’étranger, ce qui n’a pas été fait.

Le président du conseil municipal a fait état d’échanges "positifs" avec les ministères de la Défense, de l’Intérieur, le bureau du Premier ministre et l’armée libanaise pour organiser de nouveau le retrait des matériaux.

Il a expliqué qu’il croyait qu’ils avaient été retirés, jusqu’à ce que le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, eut révélé, deux mois plus tôt, que des matériaux dangereux étaient toujours stockés à Zouk.

Pour sa part, le président de l’Autorité des marchés publics, Jean Ellieh, a déclaré à Ici Beyrouth que "la loi impose le retrait immédiat et sans délai des substances dangereuses, qui ne peuvent donc pas attendre la fin de la procédure d’appel d’offres, laquelle prend du temps". "Il y a des mécanismes juridiques pour la conclusion de contrats directs à des prix raisonnables afin de garantir le retrait rapide de ces produits", a-t-il ajouté.

M. Ellieh a insisté sur le fait que, bien que cela ne relève pas directement de l’expertise de l’Autorité des marchés publics, un mémorandum a été adressé au ministère de l’Énergie pour l’alerter du danger.

Mercredi, Électricité du Liban (EDL) a tenté de rassurer le public en indiquant que les produits chimiques stockés à la centrale de Zouk Mikaël, après évaluation par les autorités de sécurité et la société allemande CombiLift, ne présentent aucun risque d’explosion.

Ces précisions avaient déjà été avancées en mars et avril 2022. EDL avait également demandé à la municipalité de Zouk Mikaël de lui fournir des preuves scientifiques confirmant le danger que présentent ces produits chimiques, sans toutefois obtenir de réponse.

Vendredi 31 mai, à 19 heures, les habitants de Zouk ont prévu une manifestation pour demander le retrait immédiat de tous les produits chimiques dangereux.

Paul Zeitoun, président de l’Association des résidents de Zouk, a répercuté les inquiétudes des habitants qui, selon lui, menacent de recourir à l’escalade "si aucune réponse n’est apportée par les autorités", a-t-il dit à Ici Beyrouth.

Et M. Zeitoun d’ajouter: "Nous sommes tous en danger. Nous devons nous unir et rester solidaires pour atteindre notre objectif de supprimer le danger dans toute la région du Kesrouan". Il s’est dit surpris par "le revirement du président du conseil municipal de Zouk Mikaël qui a déclaré qu’il n’y avait pas de produits chimiques dangereux", affirmant que l’association "considère qu’il y a une menace réelle".