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Comment rejeter la fragmentation et adhérer à la Constitution et à l’accord de Taëf? En ayant la volonté d’élire un président et de rétablir la confiance dans le Liban. Tels étaient les thèmes abordés lors du forum "Liban de la scène du conflit à la patrie en devenir" organisé par le groupe Tajaddod Lil Watan (Renouveau pour la patrie).

Le forum s’est tenu samedi à l’invitation du président de Renouveau pour la patrie, Charles Arbid.

Lors du forum, les invités ont été appelés à donner leur opinion sur la place du Liban dans le nouvel ordre régional. Ils ont aussi abordé l’enjeu de rendre le Liban plus stable et plus attractif. Les débats ont été précédés d’allocutions prononcées par le patriarche grec-catholique, Mgr Youssef Absi, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï ainsi que par Charles Arbid.

Le discours de bienvenue a été prononcé par notre confrère Bassam Abou Zeid. Par la suite, Charles Arbid a déclaré que cette réunion inclusive permet de comprendre que le Liban ne manque pas de rencontres et de déclarations de bonnes intentions, mais plutôt d’actions fondées sur "des volontés conscientes et pures". M. Arbid a défini la rencontre de samedi comme un "événement national qui transcende le caractère sectaire et en dehors des alignements traditionnels".

"Le Liban est une patrie et non une arène, un espace d’interaction et de croissance et non un terrain de conflit. Nous essayons de restaurer la confiance dans l’État" a-t-il précisé.

M. Arbid a insisté sur le rétablissement de la confiance dans le pays, d’abord par l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement compétent. Cette confiance peut aussi être instaurée par le règlement de la crise des migrants syriens sans opprimer "ni les déplacés, ni le Liban". Il a appelé à rejeter la fragmentation et à réaffirmer l’adhésion du Liban à la Constitution et au pacte de Taëf. "Il faut insister sur l’établissement d’un État souverain qui regarde avec espoir vers l’avenir, sous une autorité centrale saine" a-t-il encore déclaré.

M. Arbid a poursuivi que la coexistence au Liban doit être sauvegardée et que la loyauté première doit être au Liban. Et de poursuivre: "Le Liban se doit d’être neutre des conflits dans lesquels il n’a pas d’intérêts."

Quant au patriarche grec-catholique Youssef Absi, il a salué le Renouveau pour la patrie et la nouvelle étape d’une marche qui a commencé il y a deux ans. Il a rappelé l’époque révolue, où la religion ne constituait pas une barrière, ni un motif de désaccord ou de séparation. "La patrie n’est pas le résultat d’un vœu pieux mais celui d’une volonté" a précisé Mgr Absi.

"Après avoir établi une patrie, nous glissons vers l’établissement de provinces ou d’émirats" a poursuivi Mgr Absi, insistant sur la différence entre système confessionnel et mentalité confessionnelle.

"Le confessionalisme recherche le bien-être de la nation et favorise la pensée et l’action collectives, tandis que la mentalité confessionnelle recherche la sécurité de l’intérêt personnel et favorise la pensée et l’action individuelles" explique Mgr Absi, qui a appelé à renforcer l’unité et la réconciliation.

Le patriarche grec-catholique a rappelé que sa communauté croit en la patrie comme un message, tel qu’annoncé par le pape Jean-Paul II lors de sa visite au Liban. "Notre Église est celle de la rencontre et non du fanatisme" a-t-il poursuivi.

"L’élection d’un président de la République est le pas vers le rétablissement de la confiance au Liban" a-t-il conclu.

Le patriarche maronite, Béchara Raï, a quant à lui déclaré que la rupture entre les Libanais résulte d’un manque de confiance empêchant ainsi toute initiative visant à activer un dialogue national sincère.

 "N’est-il pas temps pour nous d’être de vrais hommes d’État et d’élire immédiatement un président qui rétablira la confiance et remettra le pays sur la bonne voie" a martelé le patriarche maronite.

Mgr Raï a indiqué que les Libanais avaient mal choisi leurs représentants lors des élections (législatives passées NDLR). Il a aussi précisé que la société libanaise est devenue réticente aux solutions et familière avec les problèmes, rendant les crises plus faciles à gérer que les solutions. "Les éléments fondamentaux qui constituent une nation sont ceux qui divisent actuellement les Libanais" a poursuivi le patriarche maronite.

Mgr Raï a rappelé les idées du Patriarche Howayek qui considérait que l’appartenance au Liban relevait de la citoyenneté et non de la religion. "La position du patriarcat a toujours été ferme: le Liban est la patrie de tous. Nous n’avons qu’une seule option, celle de l’État-patrie et nous devons nous y consacrer" a conclu Mgr Raï.

La cérémonie d’ouverture a été suivie de deux rencontres.

La première, intitulée "Le Liban dans le nouvel ordre régional" a été modérée par le journaliste Ghassan Hajjar avec la participation du député Ali Fayyad et des anciens ministres Ghazi Aridi et Ibrahim Najjar.

La seconde session, "Que le Liban redevienne attractif et stable", a été modérée par notre confrère Maurice Matta avec la participation du vice-président du Parlement Élias Bou Saab et les anciens ministres Raya al-Hassan et Daoud Sayegh.

Le groupe Renouveau pour la patrie, qui organisait cet événement, est le groupe des instances de la communauté grecque-catholique. Leur but est de proposer des politiques publiques, des solutions et des idées pour la gouvernance du pays. "C’est le rôle historiquement modérateur des grecs-catholiques" avait déclaré vendredi Charles Arbid, également président du Conseil économique, social et environnemental libanais (CESEL), dans l’émission Ici Eco sur Ici Beyrouth.

Étaient présents le patriarche grec-catholique, Mgr Youssef Absi, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, les ministres sortants Johnny Corm et Henry Khoury, le vice-président du Parlement Élias Bou Saab, les députés: Ragy el-Saad, Teymour Joumblatt, Nadim Gemayel, Élias Hankach, Marwan Hamadé, Akram Chehayeb, Hadi Abou el-Hosn, Fayçal Sayegh, Bilal Abdallah, Alain Aoun, Nehmat Frem, Michel Moussa, Achraf Beydoun, l’ancien ministre Ghazi Aridi représentant l’ancien député et ministre Walid Joumblatt, le mohafez de Beyrouth Marwan Abboud et plusieurs anciens ministres, ambassadeurs, personnalités du monde religieux, de la Justice et des services de sécurité.