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Le nouveau phénomène à l’ordre du jour est celui des initiatives locales qui se succèdent, dans une tentative de débloquer la présidentielle.

Depuis que le bloc de la Modération nationale a lancé la sienne, en février 2024, d’autres ont vu le jour; d’abord celle du Renouveau démocratique de Teymour Joumblatt, lancée la semaine dernière, et, plus récemment, celle du Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil.

Celui-ci a tenu une réunion au cours du week-end dernier avec le bloc de la Modération et le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï. Lundi, il s’est rendu auprès du président de la Chambre, Nabih Berry, et, en fin d’après-midi, à 18h, il doit prendre part au siège des Kataëb, à Saïfi, à une réunion avec l’opposition, notamment les Kataëb, les Forces libanaises, le Renouveau et la coalition du Changement.

"Toutes ces initiatives vont dans une même direction: trouver une porte de sortie au blocage présidentiel. La proposition de M. Bassil sera de cet ordre, mais nous attendons pour voir s’il y aura des points d’entente avec l’opposition", affirme à Ici Beyrouth Patrick Richa, directeur de communication des Kataëb.

Il rappelle que lors des élections du 14 juin 2023, l’opposition s’était mise d’accord avec le CPL pour soutenir la candidature de l’ancien ministre, Jihad Azour, à la tête de l’État.  Rien n’empêche de "faire pareil actuellement", ajoute-t-il.

Selon M. Richa, les différentes initiatives aujourd’hui proposées peuvent avoir des approches différentes, mais elles ne sont pas nécessairement contradictoires. "Personne, jusqu’à présent, n’était prêt à proposer des noms de candidats; peut-être que nous adpoterons une autre approche", dit-il, ajoutant que l’opposition est "prête à écouter".

Positionnement au centre

Celui qui redoute l’accession à la tête de l’État d’un président qui freinerait ses ambitions politiques, tente d’occuper une place "centriste" entre, d’une part, l’opposition et de l’autre, le Hezbollah. L’objectif de ce positionnement est de favoriser l’élection d’un président "consensuel" qui ne heurterait ni l’opposition ni le tandem Amal-Hezbollah, selon son entourage.

Quid du mécanisme? Car, après tout, si le blocage persiste, ce n’est pas seulement parce que le tandem s’accroche à son candidat, le chef des Marada, Sleiman Frangié, mais surtout parce que celui-ci se dit prêt à discuter de la possibilité d’une "troisième voie" seulement dans le cadre d’un dialogue qui sera présidé par Nabih Berry. Ce que l’opposition rejette.

"M. Bassil ne voit pas d’inconvénient à ce qu’il y ait des réunions consultatives sous l’égide de M. Berry tant que celles-ci ne se transforment pas en coutume, sont limitées dans le temps et débouchent sur l’élection d’un président", affirme à Ici Beyrouth Michel Abou Najem, coordinateur de la commission d’information du CPL.

Selon lui, la démarche de Gebran Bassil "n’est pas une initiative au sens propre du terme, mais elle s’inscrit dans le cadre d’une action continue pour un déblocage", selon M. Abou Najem.

Rappelant que le CPL s’était entendu avec l’opposition sur le nom de Jihad Azour, en juin 2023, il a estimé qu’"après toutes ces concertations, nous devrions pouvoir nous mettre d’accord sur des noms qui ne sont pas provocateurs pour les deux camps adverses".

Interrogé par Ici Beyrouth, le chef du bloc du Renouveau, Michel Moawad, souligne lui aussi sa disposition et celle de l’opposition à écouter ce que Gebran Bassil a à proposer à ce niveau, "puisque nous avions par le passé mené des tractations avec lui, au sujet de la présidentielle".

M. Moawad indique en outre qu’il ne s’oppose pas à des concertations parlementaires, tant que celles-ci ne constituent pas une entorse à la Constitution.

Au terme de sa visite à Aïn el-Tiné, le chef du CPL a précisé être d’accord avec Nabih Berry sur la nécessité d’un consensus, ajoutant que "même si un président est élu avec le nombre de voix requis, sans consensus, il ne disposera pas d’une marge de manœuvre lui permettant d’être efficace".

Cette réunion est particulièrement importante parce qu’elle s’est tenue avec le président de la Chambre, selon M. Abou Najem.

Pour le CPL, l’initiative de M. Bassil se recoupe avec celles du Parti socialiste progressiste et du bloc de la Modération. "Elles ne vont pas s’éliminer mutuellement. Il y a une volonté du CPL de se retrouver avec toutes les initiatives qui visent à aboutir à l’élection d’un président", ajoute-t-il.

Au terme de son entretien avec M. Berry, Gebran Bassil avait plaidé pour une entente préliminaire autour de l’échéance présidentielle. " Je ne suis pas porteur d’une initiative, et ce n’est pas mon travail, mais notre responsabilité est d’œuvrer avec tout le monde pour assurer la réalisation de cette échéance constitutionnelle", a-t-il dit.