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Invité par le président de l’Association libanaise des Chevaliers de Malte, Marwan Sehnaoui, Pietro Parolin, principal collaborateur du Pape François, est attendu dimanche à Beyrouth. Un sommet interreligieux aura lieu mardi à Bkerké. 

Le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, est attendu dimanche en fin de journée au Liban, pour une visite "d’amitié et de confiance" de quatre jours, à l’invitation du président de l’Association libanaise des Chevaliers de Malte, Marwan Sehnaoui.

Le numéro 2 du Saint-Siège doit présider une messe, lundi, en l’église Saint-Joseph des Pères jésuites, pour la fête annuelle de saint Jean-Baptiste, patron de l’Ordre de Malte.

Le cardinal secrétaire d’État sera accueilli à l’aéroport international Rafic Hariri par le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, délégué par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, en présence notamment de Marwan Sehnaoui, de l’ambassadeur de l’Ordre de Malte au Liban, Maria Emerica Cortese, et du nonce apostolique, Mgr Paolo Borgia.

Au programme figurent, outre la messe, des visites à différents centres médico-sociaux et agro-humanitaires de l’Ordre de Malte, dont les services sociaux et de santé se déploient sur toute l’étendue du territoire national, jusque dans les régions frontalières soumises aujourd’hui au feu de la guerre.

Mardi, il doit visiter le tombeau de saint Charbel, à Annaya. Le cardinal Parolin y présidera une messe, en présence du nonce apostolique et de délégations de tous les ordres monastiques, maronites, masculins et féminins au Liban.

"La présence au Liban du cardinal Parolin devrait être, aux yeux des Libanais, la meilleure alternative à la visite du pape, longtemps attendue, mais restée en projet", affirme une source proche des organisateurs de la visite. "Il faudra suivre attentivement l’homélie qu’il aura l’occasion de prononcer durant la messe, pour saisir ce que le Saint-Père souhaite nous dire en cette période critique de notre vie nationale."

Et de rappeler que le principal collaborateur du pape est un grand ami du Liban et qu’aucun détail de la crise économique libanaise ou de la vacance présidentielle, ne lui sont étrangers. Sans oublier qu’il avait reçu le 8 juin à Rome l’émissaire personnel du président Macron pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, avec qui il a passé en revue l’inextricable dossier régional et ses interférences au Liban, notamment au niveau du blocage de la présidentielle. L’entretien de Mgr Parolin et de M. Le Drian est intervenu une semaine après la visite de l’émissaire français à Beyrouth.

En marge de sa visite pastorale, d’ailleurs, le cardinal Parolin aura l’occasion d’effectuer, mercredi, des visites protocolaires au président de la Chambre, Nabih Berry, et au chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Najib Mikati.

Moment fort diplomatique

Sur la visite "d’amitié et de confiance" qu’il effectue à l’Ordre de Malte au Liban s’est greffé, pour le cardinal Parolin, un "moment diplomatique" représenté par sa participation, mardi, à un sommet islamo-chrétien, suivi d’un déjeuner, au siège patriarcal de Bkerké. Tous les chefs religieux musulmans et chrétiens ayant siège au Liban y sont conviés.

Pour le patriarcat maronite, "cette réunion doit permettre au secrétaire d’État du Vatican de s’assurer de l’attachement des différentes composantes de la société libanaise, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Liban, au-delà des divergences apparues au cours des dernières années", affirme-t-on de source épiscopale, sous le sceau de l’anonymat.

D’une certaine façon, précise en substance la source citée, la réunion interreligieuse doit "corriger" la note négative que l’émissaire du président Macron a laissé, de la situation interne, à son dernier passage au Liban.

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Agacé par la rigidité des chefs politiques libanais, alors que les représentants du quintette s’efforcent de réaliser une percée au niveau de l’impasse présidentielle qui dure depuis vingt mois (le Liban est sans président depuis octobre 2022), l’ancien ministre français des Affaires étrangères avait affirmé à l’issue de l’une de ses rencontres: "Si un président n’est pas élu très vite, ce sera la fin du Liban politique. Il ne restera que le Liban géographique."

Le "très vite" avait été interprété comme voulant dire: "Cet été, avant que l’Administration américaine ne soit complètement absorbée par l’élection présidentielle du 5 novembre prochain".

Visite pastorale avant tout

"La visite au Liban du cardinal Pietro Parolin est avant tout une visite pastorale", relève-t-on de source diplomatique libanaise. "Le secrétaire d’État vient certainement avec la sollicitude du Saint-Père, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’il débarque avec un programme de sortie de crise et des conseils différents de ceux que le Saint-Siège a déjà adressés aux Libanais. Toutefois, la visite pourrait lui permettre d’effectuer des contacts ou de formuler des conseils qu’il ne peut faire à distance, mais qui seraient des réparties et des avis du moment", selon la même source.

Le cardinal secrétaire d’État, rappelle-t-on, avait effectué une visite-éclair au Liban vendredi 4 septembre 2020, date marquée par un appel du pape à une journée de jeûne et de prière pour le pays.

Au cours de cette visite, le cardinal Parolin avait exhorté les Libanais à surmonter leurs divisions et leur avait apporté le réconfort de la proximité du Pape François.

Le secrétaire d’État, qui logera à la nonciature apostolique durant son séjour, pourrait également avoir des entretiens privés avec certaines figures de proue locales, mais cette partie de son programme est entourée d’une grande discrétion et dépend certainement des temps libres qui pourraient lui être aménagés.

La visite du cardinal Parolin s’achève jeudi.