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Lors de discussions à huis clos avec les émissaires internationaux, notamment les Américains et les Français, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a clairement admis son incapacité à mettre fin au conflit dans le sud ou à désamorcer les tensions croissantes, précisant que ses efforts se limitaient à transmettre des messages au Hezbollah, en l’exhortant à faire preuve de retenue. Cependant, la réponse qu’il reçoit invariablement est que la guerre au Liban se prolongera tant que le conflit à Gaza perdurera.

Pour rappel, le gouvernement libanais, censé préserver la stabilité nationale, n’a pas déclaré la guerre à Israël. Toutefois, il s’est également abstenu de demander explicitement au Hezbollah de cesser ses attaques. M. Mikati est pleinement conscient qu’une telle demande déclencherait une réaction virulente de la part des partisans de l’axe obstructionniste, ce qui pourrait entraîner la chute de son gouvernement en raison d’un éventuel boycott des ministres du tandem chiite Amal-Hezbollah. Cependant, Najib Mikati s’expose aux critiques des opposants du Hezbollah, critiques qu’il semble prêt à accepter, conscient qu’elles se limitent principalement à la rhétorique et ne constituent pas une menace immédiate d’actions que la formation chiite pourrait prendre contre lui et son gouvernement, s’il venait à exiger un cessez-le-feu.

De plus, un diplomate impliqué dans les pourparlers avec le Premier ministre libanais a souligné que la crise actuelle du Liban dépasse le seul cadre du Hezbollah. En effet, la décision de mettre fin au conflit dépend davantage des actions du Hamas et de son nouveau leader, Yehya Sinwar, que du Hezbollah. Ainsi, le sort du conflit repose sur le chef du Hamas, dont l’influence s’étend désormais de Gaza à Beyrouth, Damas, Bagdad, Sanaa et Téhéran.

Le diplomate a également souligné qu’au-delà de Yehya Sinwar, la situation au Liban est étroitement liée à la position d’Israël. En effet, des émissaires internationaux ont averti les responsables libanais que l’arrêt de la guerre à Gaza ne signifierait pas nécessairement la fin des tensions dans le sud du Liban. En réalité, Israël est déterminé à empêcher un retour à la situation pré-8 octobre dans cette région. Ainsi, la seule garantie pour mettre fin au conflit réside dans un engagement clair du Liban à appliquer la Résolution 1701 de l’ONU par le biais d’un accord politique. À défaut, les émissaires ont mis en garde qu’Israël pourrait envisager des actions militaires pour renverser les dynamiques en cours.

En somme, le problème majeur réside dans le fait que les autorités libanaises ne détiennent pas le pouvoir décisionnel pour deux raisons principales: la peur et le fait que les décisions cruciales sont prises en dehors du Liban. En proie à cette peur, ces dernières entraînent le Liban et une grande partie des Libanais dans une situation désastreuse, les sacrifiant pour échapper aux conséquences personnelles et politiques d’une décision historique et honorable qu’elles auraient pu prendre.